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4,38

sur 2910 notes
Le Pays est en émoi. Un dangereux criminel est en cavale, recherché par toutes les polices. le profil de l'homme fait de lui une menace sérieuse pour la société et les bonnes moeurs : c'est un auteur de BD assoiffé de sang, comme tous les auteurs de BD.

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Qu'est-ce que je me suis marré ! du début à la fin, de "Fais pas le con, lâche ce poireau !" à "Zaï zaï zaï zaï" j'ai ri, j'ai souri et je me suis esclaffé.
C'est un véritable ovni "what the fcuk" complètement barré, loufoque, surprenant, drôle, et à la fois incisif, caustique, intelligent, réaliste et d'une finesse d'analyse de tous les travers de nos sociétés.
Jamais je n'aurais cru lire cela en ouvrant ce bouquin, et je ne peux que féliciter l'auteur pour son imagination et son regard critique.

Je l'ai choisi au hasard dans la liste des coups de coeurs du challenge BD (merci @badpx pour ton choix, car même si je l'avais sous le coude, je ne l'aurais surement pas lu tout de suite), et je suis ravi de ma découverte. Les dessins sont simplissimes mais frappent à chaque coup, notamment les expressions faciales qui viennent parfaitement coller au texte (mention spéciale au journaliste qui joue au "Jacques à dit" à sa manière).
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Un supermarché, en caisse. La préposée vous demande votre carte de fidélité, vous ne l'avez pas, vous l'avez oublié dans un autre pantalon… Intervient la sécurité, vous fuyez… Les forces de l'ordre s'en mêlent, puis la presse, les politiques, la société civile. Votre geste a donnée naissance à une polémique d'échelle nationale.

Zaï zaï zaï zaï raconte la fuite éperdue d'un auteur de bande dessinée, coupable de la pire des ignominies : être incapable de produire sa carte de fidélité au moment idoine. Fabcaro, humoriste de son état, par le cynisme et l'absurde, s'amuse à remettre en question le fonctionnement de notre société. Tout y passe, du parlement aux chaînes d'information en continu, des experts auto-proclamés aux complotistes… L'auteur dynamite la doxa pour notre plus grand plaisir. Il ne propose ni solution, ni porte de sortie, il se contente de pointer la bêtise et nous suggère d'en rire.

Pour cet album Fabcaro s'éloigne graphiquement de ses autres productions pour embrasser un style proche du travail de Bastien Vivès. Sobre, le trait choisi est le parfait écrin à son propos. Chaque page est autonome, tel un strip, et recèle son propre gag. Certains mettent en scène le personnage principal, d'autre les remous qu'il a provoqués sans que jamais le récit ne s'enlise.

L'autodérision est omniprésente dans l'album, au premier degré dans la mesure où le récit est auto-fictionnel, et plus subtilement par la mise en abyme. Le systématisme des schémas narratifs, par exemple, décrié par une vendeuse, répond à une tendance de l'album lui-même.

Parfaitement construit, profondément drôle c'est album est juste incontournable.
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Alors là, attention, OVNI !

Mais qu'est-ce que j'ai ri ! du grand n'importe quoi, vraiment, j'ai adoré !

Un dessinateur de BD se retrouve fugitif parce qu'il a oublié sa carte de fidélité du supermarché. Et Fabcaro en profite pour un portrait au vitriol à peine déformé de notre société.

Ma réplique préférée, c'est quand la journaliste rend l'antenne et dit qu'elle reviendra plus tard pour de plus amples suppositions ! C'est tellement ça...

Pour le coup, j'ai franchement ri, et de bon coeur, tout au long de cet improbable road movie !
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Lue un soir de moral en berne, cette BD humoristique, genre dont je ne suis pas coutumière, m'a extorqué plusieurs éclats de rire ! Rires autant dus au culot monstrueux de l'auteur qu'aux situations détournées, caricaturées, mais finalement profondément vraies, qu'il met en scène.

Délirant, absurde et jouissif, je ne regrette pas cette incursion, même si je ne m'aventurerai pas à commenter le style du dessin...
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Voilà une petite BD à déguster !
L'histoire a été mainte fois décrite : le héros a oublié sa carte de fidélité et ne peut la présenter dans son supermarché.
Il est poursuivi, recherché comme un criminel, des comités de soutien se forment, il part en cavale,...

L'absurdité de notre monde est bien pointé avec des dessins minimalistes mais parlants, et avec des dialogues incisifs !
A lire sans modération avec quand même un rire un peu jaune tant cette société nous ressemble de plus en plus !
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Est-ce qu'oublier lors d'un achat sa carte de fidélité d'un magasin constitue un délit grave? Dans notre société actuelle, ce n'est même pas un délit et pourtant ici, oui entraînant Fabrice, le personnage principal à la fuite, car recherché par la police.
Ainsi dans un monde parallèle où quelques règles (que l'on decouvre au fil des pages) changent, Fabcaro dénonce de manière décalée tant les comportements disproportionnés, que les réactions des citoyens et manipulation des médias, ou tout du moins l'engrenage médiatique de chaque fait divers.
Ainsi, il titille la légitimité de certains codes sociaux et réactions humaines au sein de notre société.
Nous alternons donc entre situations loufoques et vérités, une manière intéressante de faire réfléchir le lecteur.
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Mon fils m'avait dit "Lis ça, ça devrait te plaire". J'ai commencé sur le champ et je dois dire que dès les premières pages j'avais la banane :))
Alors que bon, c'est pas si absurde, ça peut arriver d'avoir à montrer un laisser passer pour rentrer dans une grande surface... (Dernièrement, on a bien vu que non, qu'au vu des enjeux économiques finalement on en avait pas besoin)
Donc c'est drôle, acerbe, absurde et ça dépeint assez bien les petitesses de ce monde.
Bravo Fabcaro :)
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Les pierres n'ont pas toujours la même ombre.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. le premier tirage date de 2015. Il a été réalisé par Fabcaro (Fabrice Caro) scénario et les dessins. L'ouvrage comporte 66 pages de bande dessinée, en noir & blanc, avec une unique teinte supplémentaire, du vert olive.

Dans un hypermarché, Fabrice se présente à la caisse. L'hôtesse de caisse Roselyne lui annonce le montant : trente-sept euros et cinquante centimes, et lui demande s'il a la carte du magasin. Il cherche dans ses poches et ne la trouve pas. Il se retrouve contraint de lui avouer qu'il est désolé car il croit qu'elle restée dans son autre pantalon. le responsable arrive immédiatement, demande à Roselyne s'il y a un problème. Elle répond que le monsieur n'a pas sa carte du magasin. le responsable demande à Fabrice de le suivre. le client redonne l'explication : elle est restée dans son autre pantalon. le responsable ironise : comme par hasard Fabrice a changé de pantalon. le client se saisit d'un poireau dans son chariot de course pour menacer son interlocuteur qui le menace à son tour de faire une roulade arrière. Fabrice lui tourne le dos et s'enfuit en courant, le poireau toujours dans la main. Un peu plus tard un policier en civil prend la déposition du responsable : signes particuliers, vêtements, couleur ? À chaque fois, le responsable répond comme si la question portait sur sa propre personne.

Dans les locaux du personnel, une collègue rassure Roselyne. Elle lui propose un déca, lui indique que si elle a besoin de parler, elle et ses collègues sont là, que ce qui lui est arrivé est un événement grave et qui faut qu'elle essaye d'oublier. Sa collègue lui répond qu'elle envisage d'aller en poissonnerie quelque temps, ce qui horrifie son interlocutrice. Fabrice continue de courir jusqu'à temps qu'il estime s'être assez éloigné pour être momentanément en sécurité. Au commissariat, un policier informe son collègue qu'il a envoyé le poireau à la police scientifique pour les prélèvements et analyses ADN. L'autre répond que c'est inutile car le suspect a été reconnu par plusieurs témoins dans le magasin. Voilà qui est embêtant : que dire à la police scientifique maintenant ? Sur les conseils de son collègue, il les appelle et invente un truc : il leur signale que des jeunes de quartiers sensibles s'amusent à envoyer des poireaux aux gens, et que s'ils en reçoivent et bien ça ne provient pas du commissariat. Un rédacteur en chef informe un de ses journalistes que le coupable vit à Bédarieux dans l'Hérault, et qu'il doit partir tout de suite sur place en reportage. Il prend l'avion, puis une voiture, puis un train à vapeur, puis une carriole tirée par un cheval, et enfin à pied à travers la jungle avec trois indigènes pour porter ses ballots. Fabrice continue de marcher, puis il fait du stop sur le bord de la route. Dans le commissariat, un policier demande à ses collègues si le type à un casier. L'un d'eux demande : un casier pour mettre ses affaires ? le premier demande s'il dit ça parce qu'il a l'air d'un homosexuel refoulé ?

La scène d'introduction dure trois pages et tout est posé. Fabrice se retrouve fugitif et coupable parce qu'il n'avait pas sa carte de fidélité du magasin sur lui : situation absurde. Il s'agit d'un récit humoristique dont le comique fonctionne sur l'absurdité des situations, de la réaction des uns et des autres. L'auteur sait jouer sur les attentes du lecteur, les automatismes de réaction pour une situation donnée, en montrant des comportements transgressant la normalité, tout en conservant, pour son récit, une logique interne très cohérente. Arrivé à la caisse de son supermarché, tout citoyen banal et ordinaire à l'habitude de présenter sa carte de fidélité pour engranger des points lui permettant d'obtenir une ristourne plutôt moins conséquente que plus, à plus ou moins long terme. Il s'agit d'un comportement ordinaire implicite. le décalage se produit avec la réaction démesurée de l'hôte de caisse et du responsable, assimilant l'absence de carte à un délit, voire à un crime. le lecteur ajuste son mode lecture à ce point de divergence, et du coup assimile le coup du poireau comme une arme pour menacer. C'est tout aussi absurde que le crime de ne pas avoir sa carte de fidélité, tout en participant de la même logique. de ce point de vue, c'est à la fois évident, et très surprenant en même temps car le lecteur n'a aucun moyen d'anticiper quelle sera la nature de la prochaine sortie absurde, du fait de l'immensité des possibles.

Dans un premier temps, il est possible que le lecteur ait également besoin d'un temps pour s'adapter aux dessins. La narration visuelle de l'artiste s'inscrit dans un registre descriptif et réaliste, avec une impression de dessins un peu lâches, pas tout à fait finis parce qu'ils n'ont pas été peaufinés. Les traits de contour donnent l'impression d'être un peu imprécis, comme s'ils auraient mérité d'être repassés pour faire disparaître les irrégularités, pour bien faire attention à ce qu'il n'y ait pas de traits non jointifs, ou de variation dans l'épaisseur d'un même trait, et en arrondissant certaines portions. de la même manière, les zones noircies semblent l'avoir été avec un marqueur ou un pinceau vite posé, sans se préoccuper d'obtenir une surface proprement délimitée. Dans le même ordre d'idée, les visages ne sont pas très détaillés : un trait pour chaque oeil, un trait pour les sourcils masculins, un ovale irrégulier pour la bouche un arc de courbe pour la base du nez, et une zone de cheveux à la forme plus travaillée pour les femmes que pour les hommes. Les décors sont traités avec la même impression d'esquisse précise, mais pas terminée. L'artiste se contente régulièrement d'un fond vide avec uniquement les personnages lors des séquences de dialogue. Et pourtant…

Pourtant, le lecteur n'éprouve pas la sensation de lire une bande dessinée pauvre en informations visuelles, ou exécutée à la va-vite faute d'un savoir-faire suffisant pour dessiner. Même s'il n'y prête pas d'attention particulière, il se rend compte que les personnages présentent tous une apparence différente, une tenue vestimentaire différente, et des postures en phase avec leur activité, leur âge et leur condition sociale. Lorsqu'un journaliste interroge les voisins âgés de Fabrice, le lecteur voit bien des personnes du troisième âge, un peu voutées, ne disposant pas de l'énergie de la jeunesse. Les uniformes et tenues de travail sont aisément reconnaissable : que ce soit celui d'un policier, ou celle d'une hôtesse de caisse. Même s'il peut ressentir une économie de moyen dans les décors, le lecteur constate qu'il voit où se déroule chaque scène : caisse d'un hypermarché, bureaux d'un commissariat, habitacle d'une voiture, bar, plateau de télé, terrasse d'un café, hémicycle de l'assemblée nationale, cuisine d'appartement, marché découvert d'un village de Lozère. Il suffit parfois de quelques traits à l'artiste pour installer ses personnages dans ces lieux et permettre au lecteur de s'y projeter avec un degré d'immersion satisfaisant.

Alors que la monochromie donne une impression d'uniformité à toutes les pages, la lecture s'avère beaucoup plus riche et variée. Il suffit que le lecteur s'arrête un instant pour considérer l'une des quatre pages muettes du récit pour se rendre compte que l'auteur raconte beaucoup avec les dessins. Fabcaro a opté pour un découpage par défaut en 3 bandes de 2 cases chacune, avec des variations allant de deux cases fusionnées, jusqu'à un dessin en pleine page. La plupart des scènes occupe une page, plus rarement deux, créant ainsi une unité de lecture très rigoureuse. Certaines scènes de dialogue sont en plan fixe, comme une émission débat de télévision, une discussion où le lecteur serait assis à la même table que les interlocuteurs. D'autres séquences présentent un plan de prise de vue plus élaboré : Fabrice marchant au bord de la route, la suite de tonneaux d'une voiture de marque Renault. le lecteur remarque que l'absurde ne se limite pas au dialogue, mais qu'il peut également prendre une forme visuelle, par exemple quand Fabrice s'est assis par terre dans la forêt et parle à haute voix, avec un lapin qui se place devant lui pour l'écouter, puis une biche, puis un cerf, et enfin une autruche, un rhinocéros, un dauphin.

Sous réserve qu'il ne soit pas allergique à l'absurde, le lecteur se délecte de se faire prendre par surprise par l'inventivité de l'auteur. Il se rend compte que ce dernier joue sur de nombreuses références culturelles. Fabrice parlant aux animaux renvoie à Blanche Neige parlant aux animaux dans la forêt. Lorsque Fabrice appelle ses filles, il se lance dans une longue explication entremêlée d'excuses pour que son interlocuteur finisse par lui dire qu'il s'est trompé de numéro car il s'agit d'un restaurant de vente à emporter de type kebab. le lecteur fait automatiquement le lien avec la boucherie Sanzot dans Tintin. Au fil de la cavale de Fabrice, Fabcaro met en scène la réaction du public, sous de nombreuses facettes : journal télévisée, interviews des voisins, discussion au boulot, discussion entre bédéastes car c'est la profession du fuyard. En plus des réactions et des logiques absurdes, l'auteur brosse un portrait critique de toute l'industrie se nourrissant des informations, en les rendant plus croustillantes avec une couche manipulatrice de sensationnalisme. En fonction de sa sensibilité, le lecteur relève plutôt tel ou tel forme de dérision : la traversée de la jungle, la critique de la créativité (Sans compter que ces derniers temps, scénaristiquement, il commençait à tourner en rond. Un certain systématisme dans ses schémas de narration), les théories du complot, la blessure de footballeur, l'égocentrisme, la difficulté au karaoké de la chanson Mon fils, ma bataille, de Daniel Balavoine, etc.

Le lecteur ressort de cette bande dessinée avec un énorme sourire grâce à l'inventivité de l'auteur et sa maîtrise de la dérision, autant que de l'absurde. Il a lu une histoire avec une intrigue facile à suivre, à la structure simple et solide, avec une narration visuelle beaucoup plus riche qu'il n'y paraît et un humour protéiforme à la logique interne sans faille.
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Pour Fabcaro la vie est une farce tragique.
Beaumarchais pressait Figaro de rire de tout avant d'avoir à en pleurer.

Ces images de journalistes qui n'ont rien à dire...Qui répètent des riens dans un micro après un temps de silence où ils ont l'air idiot..J'ai ri!

Ce regard ironique sur notre société et nos tics est un régal
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Dans « Zaï zaï zaï zaï », Fabcaro fait preuve d'une inventivité extraordinaire. Il livre une bande dessinée au scénario improbable mais terriblement efficace. le texte et le dessin se complètent magistralement et provoquent le rire à chaque page : situations délirantes, dialogues surréalistes… Avec un tel concentré d'originalité, on ne s'étonne pas que cette BD ait été largement récompensée en 2016 suite à sa parution. Sans doute un futur classique du neuvième art, à lire et à relire sans hésiter !
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Zaï Zaï Zaï Zaï, la BD, le Film, La Chanson...

Pour quelle raison Fabrice s'est il mis au ban de la société ?

Il a grillé un feu rouge
Il conduisait avec plus de 0,50 g
Il a oublié sa carte de fidélité
Il a volé des fraises Tagada au LIDL
Il a voulu payer ses courses en liquide

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Thème : Zaï zaï zaï zaï de FabcaroCréer un quiz sur ce livre

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