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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un tout premier roman pour cette auteure. Une plume donc que nous découvrons à travers une histoire de lien mère fille. Une enfant raconte sa naissance, raconte sa mère Vendredi, Djemaa en arabe. Celle-ci est née au bord d'une petite ville Berbère, " L'Algérie, c'est l'Éden de ma mère. " En effet cette petite algérienne dévore les paysages de son enfance, " dévale la pente comme un ballot de tissus multicolores" voue un grand amour à son père, berger. Malheureusement celui ci va être tué par des tirailleurs dans d'ignobles conditions. "Ce jour-là on se bat en Algérie, des hommes blancs torturent des hommes bruns qui eux-mêmes en égorgent d'autres. Et blancs et bruns se plaisent à aimer ensemble le ciel, les raisins et la colère du ciel. " Orpheline de père, La violence de la mère va s'intensifier à l'égard de Vendredi, jusqu'au jour du grand départ pour la France, mariée à un cousin veuf.

"À la descente du bateau, Vendredi déteste Marseille. Elle déteste l'odeur des poissons grillés et la chambre étroite du beau-frère tatoué célibataire qui travaille sur le port. L'homme l'a dévorée des yeux. Elle a dû dormir dans une pièce unique, se tenir entre un placard et un canapé et manger des sardines non assaisonnées dans une gargote où les hommes l'ont jaugée en souriant." C'est une nouvelle vie, Vendredi est belle et avec son mari ils vont d'abord s'installer dans une petite maison à Ponteix, en Auvergne où elle mettra au monde trois enfants, trois petite frisottés. Puis, un nouveau départ pour un autre logement, dans les nouveaux logements neufs communautaires en pleine effervescence à cette époque.

C'est l'histoire de deux petites filles, l'une devenue mère de l'autre. Et l'autre se raconte, raconte son enfance, sa soeur chérie, son amour des livres, de l'instruction, de l'école et ce sera là un des chemin qu'elle va prendre pour échapper à cette mère qui l'aime tant mais ne sait pas le montrer comme son enfant le souhaiterait. Histoire de lien mère fille, histoire d'exil et de violence, histoire d'émancipation .. très touchant seulement les mots sous la plume de l'auteure, malgré leur poésie, s'enchainent rapidement, trop vite, une véritable course à la vie ! Un peu à regret pour moi. Nous n'avons pas le temps de savourer par exemple cette enfance algérienne, cette vie de famille en France, jamais il n'est question des frères, cette petite soeur, nous comprenons bien qu'elle est à un moment donné de la vie de la narratrice son sauveur, cependant on ne découvrira rien d'elle ...
J'ai tout de même l'impression d'avoir déjà vécu ce sentiment d'écriture "vive", rapide dans mes dernières lectures de nouveautés, serait-ce là un nouveau courant ? Cela change de ma lecture dernière d'Anjana Appachana, c'est peut être pour cela que je me fais cette remarque par ailleurs !
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Ce roman se situe dans cet entre-deux sensible et pose cette question : chez l'humain, qui l'emporte sur l'autre, le naturel ou l'acquis ? En outre, d'autres thèmes se glissent dans la fiction pour compléter le thème central : l'exil, la terre natale, l'identité, le corps…

L'écriture est limpide, mêlant sensibilité et force. La narration est assurée à la fois par un narrateur omniscient et la fille de Vendredi. Ce procédé narratologique permet de créer des mystères dans la fiction et incite le lecteur à poser des questions.

La romancière a inséré discrètement des fragments autobiographiques : comme la fille de Vendredi, Dalie Farah est née en Auvergne (lieu de la fiction) en 1973 (date de naissance du personnage), de parents algériens (troisième élément autobiographique). Bien que le roman ne soit pas une autobiographie ou une autofiction, la romancière essaie de se retrouver à travers son personnage, ou du moins de retrouver une partie d'elle.

Enfin, Impasse Verlaine est un questionnement humain qui se situe entre l'inné et l'acquis, la nature sauvage et la civilisation. Simple et puissant, nourri d'humour et de réflexions, le roman est une belle robinsonnade féminine, un pont entre l'Algérie et la France, et un dialogue intergénérationnel qui se dit par les corps, non par les mots.

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D'abord, un titre qui sonne comme un oxymore : Impasse Verlaine, le piège et le champ des possibles, le mur et la liberté. Et la poésie, qui délivre de tout.
Ensuite, le déroulé des vies. Celle de la mère, celle de la fille, étroitement imbriquées, toutes deux soumises à l'impasse, toutes deux tendues vers la liberté.
Pour la mère, Vendredi, belle et farouche, l'impasse, c'est sa condition de femme. La voilà mariée, déplacée loin de ses montagnes berbères, enceinte sans l'avoir voulu et sans l'accepter. Son corps même devient une prison dont elle n'aura de cesse de vouloir s'échapper jusqu'à la libération suprême : l'hystérectomie qui l'arrache enfin à sa condition de femme, de mère, d'objet.
Pour la fille, la narratrice, l'impasse, c'est sa mère. Sa mère dont elle guette le moindre geste de tendresse, patiemment, douloureusement, indéfiniment. A chaque espoir, chaque petite envolée, la brutalité de sa mère la ramène à sa condition misérable. Très vite, elle perçoit que son salut viendra des mots, de la littérature et de la poésie. L'écriture la rend visible aux yeux de sa mère, lui donne une existence et la mène à la libération suprême : s'affranchir de l'impasse pour aller étudier et vivre enfin.
J'ai beaucoup aimé ce livre, cette intense histoire de filiation, d'attraction et de rejet, d'émancipation et de soumission. Certaines scènes sont d'une violence dévastatrice et leur répétition est éprouvante. Mais l'auteure parvient à recouvrir du voile de la poésie les lignes les plus douloureuses... Un beau premier roman, intense et percutant, sur un sujet universel : le lien de filiation, ou comment s'en affranchir sans se perdre tout à fait.
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Dans ce premier roman Dalie Farah nous trace le double portrait d'une mère, presque encore une enfant, et de sa fille sur fond de guerre d'Algérie et d'immigration. C'est un sujet rebattu avec tous ses poncifs: guerre d'Algérie, torture, vie dans le Maghreb, difficulté d'intégration, mariage de la mère à 15 ans avec le premier venu, un veuf de 20 ans son aîné, qui l'emmène en France. Mais avec quelle force Dalie Farah nous entraîne dans son récit! Récit que j'imagine assez autobiographique.
La mère, enfant, avait déjà un fort caractère et essayait de se rebeller contre le carcan des coutumes ancestrales. Elle qui fut élevée dans la violence, sans amour maternel, reproduit avec sa fille un schéma similaire. Mais pas de pathos dans ce roman, la narratrice qui dit «je» est vive, enjouée, emplie d'autodérision. Et c'est cette éducation qui fera d'elle une femme libre, au contraire des femmes de sa lignée soumises au mari et aux traditions.
J'estime que ce récit d'une enfance berbère puis de l'intégration est en fait assez universel. On y entend résonner les cris de femmes au verbe haut qui font tout leur possible pour s'en sortir et élever leurs enfants avec l'espoir qu'ils auront une vie meilleure.
J'aurais aimé savoir si les frères et soeurs s'en sont aussi bien sortis que la narratrice.
J'attends aDalie Farahvec impatience le prochain roman de Dalie Farah,
#ImpasseVerlaine #NetGalleyFrance

Lien : https://ffloladilettante.wor..
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Les relations étroites entre une mère et sa fille et le comportement, parfois violent, qui se transmet ainsi de génération en génération, ont fait couler beaucoup d'encre. La génétique y a sa part, c'est entendu, mais aussi l'éducation et le désir d'imiter ses parents pour gagner ou conserver leur amour. L'histoire, largement autobiographique, que nous conte Dalie Farah, ne déroge pas à la règle. Dès son plus jeune âge, la narratrice subit les coups et les punitions et vexations diverses et variées que lui inflige sa mère, elle-même victime dans son enfance des mêmes sévices. le dépaysement pour la France, en provenance de sa Berbérie natale, n'y change rien, on transporte son fardeau avec soi, que l'on soit bergère dans les Aurès ou femme de ménage dans une cité de la banlieue clermontoise. La petite maghrébine, qui va échapper grâce à l'école au destin habituellement réservé aux filles, s'aperçoit, une fois arrivée à son tour à l'âge adulte, qu'elle porte les mêmes stigmates que sa mère, son physique mais aussi cette violence que la culture contient mais qui ne demande qu'à s'exprimer à la première occasion. Un beau portrait de deux femmes qui s'aiment et se détestent en même temps tant elles se ressemblent, une plongée dans l'univers trouble des relations mère-fille, contée dans une langue belle et n'hésitant pas à braver la grammaire pour atteindre à l'essentiel: nous émouvoir. Un premier roman réussi, dont on attend la suite pour gratter un peu plus la carapace de cet univers familial si étrange et pourtant si universel : quid de la fratrie, que l'on sait nombreuse mais dont on ignore tout, ou presque, tant le regard de la narratrice est centré sur sa mère ?
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Les relations étroites entre une mère et sa fille et le comportement, parfois violent, qui se transmet ainsi de génération en génération, ont fait couler beaucoup d'encre. La génétique y a sa part, c'est entendu, mais aussi l'éducation et le désir d'imiter ses parents pour gagner ou conserver leur amour. L'histoire, largement autobiographique, que nous conte Dalie Farah, ne déroge pas à la règle. Dès son plus jeune âge, la narratrice subit les coups et les punitions et vexations diverses et variées que lui inflige sa mère, elle-même victime dans son enfance des mêmes sévices. le dépaysement pour la France, en provenance de sa Berbérie natale, n'y change rien, on transporte son fardeau avec soi, que l'on soit bergère dans les Aurès ou femme de ménage dans une cité de la banlieue clermontoise. La petite maghrébine, qui va échapper grâce à l'école au destin habituellement réservé aux filles, s'aperçoit, une fois arrivée à son tour à l'âge adulte, qu'elle porte les mêmes stigmates que sa mère, son physique mais aussi cette violence que la culture contient mais qui ne demande qu'à s'exprimer à la première occasion. Un beau portrait de deux femmes qui s'aiment et se détestent en même temps tant elles se ressemblent, une plongée dans l'univers trouble des relations mère-fille, contée dans une langue belle et n'hésitant pas à braver la grammaire pour atteindre à l'essentiel: nous émouvoir. Un premier roman réussi, dont on attend la suite pour gratter un peu plus la carapace de cet univers familial si étrange et pourtant si universel : quid de la fratrie, que l'on sait nombreuse mais dont on ignore tout, ou presque, tant le regard de la narratrice est centré sur sa mère ?
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Une histoire de femmes, Vendredi (Djeema) et sa mère dans les montagnes berbères, Vendredi et sa fille impasse Verlaine à Clermont-Ferrand, de relations violentes entre les mères et les filles mais un récit plein d'humour, d'énergie, d'amour et de haine.
Ce que je retiens c'est la volonté de la(les) petite(s) fille(s) de s'en sortir, de ne pas se laisser dompter, d'être fière, d'imaginer un avenir meilleur.
Elle s'en sortira. A quel prix ?

J'ai beaucoup aimé. Mais je pense que Dalie Farah va devoir faire ses preuves maintenant avec un deuxième roman.
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L'histoire de Vendredi est racontée par sa fille: son enfance dans les montagnes algériennes, son caractère libre et bien trempé, les brimades dont elle est forcément la victime, son mariage, son arrivée en France et particulièrement à Clermont-Ferrand.
La petite (dont on ne saura jamais le prénom) vit et grandit vite, elle qui est la «secrétaire» et l'aide-ménagère de sa mère. le besoin de liberté et d'émancipation se heurte aux traditions, à la bienséance, à la rudesse et à la violence de ses parents. Les respecter et les aimer malgré tout, user de stratagèmes pour partir en sortie scolaire ou participer à un concours d'éloquence…
Dalie Farah livre un premier roman à la fois dur et tendre sur les rapports parfois compliqués entre une fille et sa mère.
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Un très beau premier roman qui retrace une saga familiale racontée par la fille. Elle parle de sa mère et de la mère de sa mère. Une histoire de femme qui commence en Algérie, une famille berbère qui avec la guerre d'Algérie viendra immigrer en France. Vendredi la mère est une belle jeune femme qui sera mariée à un homme de vingt ans son aîné. Ne sachant ni lire ni écrire, mais se débrouillant mieux avec les chiffres, elle sera une figure forte pour la narratrice qui l'aime et en a peur et côtoie plus souvent le pire que le meilleur. La vie dans un HLM en Auvergne, la violence familiale au quotidien, la double culture et surtout l'école comme unique point de repaire. L'école qui fera d'elle une enfant de la république. de nombreux thèmes sont abordés mais je retiendrais le rapport mère-fille sur plusieurs générations, l'inévitable reproduction de l'histoire familiale, la construction de la personnalité dans de telles conditions. Une histoire de femmes racontée avec un style franc sans fioriture mais qui se teinte de poésie et des couleurs d'antan. Aucunes pleurnicherie et pourtant, il y aurait de quoi, juste les faits et leurs répercutions et c'est déjà bien suffisant. C'est lumineux d'authenticité et de sincérité. La plume de l'auteure nous fait voyager des années 60 à 80, on passe des montagnes des Aurès à celles de Volvic. Sans oublier un grand sens de l'humour qui est le bienvenu pour faire passer les horreurs vécues. Car comment se construire sans l'amour maternel auquel tout enfant a droit ? Que de résilience dès lors que l' « On peut survivre à tout quand on survit à sa mère. » L'intervention d'un narrateur qui sait déjà tout apporte une touche de fatalité ou de destiné. Un roman court, qu'on ne lâche plus une fois commencé pour une belle immersion dans le monde de l'enfance. Un lien France - Algérie d'une autre génération à découvrir pour les plus jeunes où à déguster comme une madeleine. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Un premier roman très enthousiasmant. Cette écrivaine a un vrai style, chaud et vivant, qui vous emporte comme le sirocco. L'histoire débute dans l'enfance Algeriennede Vendredi (chaque frère et soeur a un nom de jour de la semaine); son père est berger l'aime et comprend son tempérament impétueux mais il disparaît trop tôt ; sa mère la bat, ne lui montre aucune affection et s'en débarrasse en la mariant à un homme qui l'a ramène en France. Je n'en dis pas plus. Très beau livre .
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