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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dès le premier chapitre, nous comprenons que le récit sera douloureux. Pourtant, la première phrase aurait pu nous tromper : « Ma mère adore les histoires drôles.» (p. 8) Puis, la narratrice enchaîne sur les stratagèmes que sa mère, alors âgée de dix-sept ans, a utilisés pour empêcher sa naissance. le bébé est né le 22 février 1973, après sept mois de grossesse. Prématuré, il a failli mourir. Vendredi, la maman, a pleuré sur ce petit être qui s'est attaché à la vie, mais quand elle revient sur les évènements, elle s'esclaffe. Alors que le ton semble léger et virevoltant, les mots sont empreints de douleurs et de souffrances sous-jacentes. La forme et le fond semblent composer un oxymore.

Dans la première partie, l'auteure déroule l'enfance et l'adolescence de Vendredi, en Algérie. Elle relate les traumatismes, qui ont façonné la personnalité maternelle. Comment être mère quand on n'a pas pu, soi-même, être fille ? Même si le corps de Vendredi était prêt à enfanter, son éducation ne lui a pas appris à être maman. Son mariage, avec un homme bien plus âgé, l'a menée en France. Son destin d'enfant émeut quand son attitude de mère révolte…

« On peut survivre à tout, quand on survit à sa mère. » (p. 9) La narratrice déroule ensuite son amour pour cette mère, qui exprime le sien par les coups. J'ai été bouleversée par les tourments de cette petite-fille qui quête les preuves d'affection, qui s'accroche aux miettes d'attention pour élaborer un portrait maternel aimant. Il est tellement difficile d'affronter la vérité du rejet qu'interpréter le moindre geste tendre est vital. J'ai été meurtrie par la violence qui émaille son quotidien et par le silence des voisins et des enseignants, qui détournent le regard. Pour se confier, elle recourt à un humour distancié et protecteur. Elle ne rêve que d'éveiller l'amour de sa mère et de crier le sien. Or, Vendredi oscille entre douceur et dureté et distribue espoirs et désillusions. C'est après un voyage, en Algérie, que l'héroïne devient réellement la fille de sa mère. Elle comprend qu'elle seule peut se sauver. « A mesure que je deviens la fille de ma mère, je commence à la quitter. Cela m'émeut, m'étreint, me terrifie. » (p. 220)

Pour des raisons différentes, j'ai été cette petite fille pour qui l'école et les livres étaient un refuge ; j'ai été très touchée par Impasse Verlaine.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Livre coup de poing empreint de violence mais aussi de beaucoup d'espoirs. Il s'agît là d'un beau temoignage sur les vertus de l'école comme ascenseur social, comme refuge, sur la capacité de résilience. Tout est possible à condition de le vouloir. L'écriture est magnifique, le style ciselé. Impasse Verlaine fait partie de ces livres dont on ne sort pas indemne et qu'on n'oublie pas.
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Il est bien écrit « roman » sur la couverture, pourtant il s'agit bien d'un récit d'enfance qui puise dans le vécu de l'autrice.
Dalie Farah raconte sa mère, Vendredi, jeune kabyle rebelle mariée à 16 ans à un homme beaucoup plus âgé qui l'emmène en France où il travaille comme manoeuvre. Voilà la jeune fille analphabète mais intelligente, confrontée à une autre culture dans un monde inconnu dont elle doit apprendre les codes.
« Vendredi se méfie de la noirceur des nuits auvergnates, elles n'ont pas la franchise des Aurès, elles n'ont rien de la tendresse du douar d'Algérie. »
La première née n'est pas désirée. La fille raconte la mère qui la maltraite et ne sait pas donner de l'affection, Malgré cela, elle va surmonter les humiliations et les brimades en se rattrapant à l'école car savoir lire et écrire lui donne un certain pouvoir :
« A sept ans, je suis le nègre de ma mère »
Une fille ne doit pas sortir mais aider sa mère aux tâches ménagères, et celles-ci commencent tôt le matin et s'avèrent lourdes mais la fille obéit à la mère toute puissante. Elle s'évade grâce à l'école et aux livres qu'elle dévore en cachette et qui lui apporteront la résilience.
Les coups marquent de bleus sa peau et, pourtant, personne ne semble les voir.
Et puis il y a les vacances et la découverte de l'Algérie, cet autre pays tellement différent. Là, l'adolescente maigre doit se faire laver, étriller au hammam où toute pudeur est abolie, ce que la mère terrorisante lui inculque par les coups.
La propreté obsède Vendredi qui ne veut pas que ses enfants soient de « sales arabes » ni que les poux colonisent leur chevelure frisée ce qui donne lieu à de véritables séances de torture au peigne à lentes.
L'adolescente se rebelle et pourtant, elle voit bien qu'en grandissant, elle ressemble à sa mère avec ses formes et sa « tête d'arabe »
« Je hais vendredi toutes les fois où je me renie pour lui obéir »
Un jour, enfin, elle quittera l'appartement HLM de l'impasse Verlaine.
Ce récit est une suite de fragments de vie, d'anecdotes, qui font entrer le lecteur de plain-pied dans l'intimité de cette relation mère fille brutale et sans tendresse. le talent de Dalie Farah évite l'écueil du pathos et accomplit la prouesse de raconter cette violence quotidienne avec humour et dérision.
Ce récit est raconté d'une plume vive et authentique. Un premier roman étonnant.

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Un très beau premier roman sur une relation mère fille aussi forte que dure.
Vendredi arrive en France avec un mari qu'elle n'a pas choisi. Elle arrive dans un pays et un mode de vie qu'elle n'a pas choisi non plus. Elle s'adapte tant bien que mal.
Son histoire est racontée par sa fille. Cette fille qu'elle a aimé quelquefois, qu'elle a battu souvent tout en voulant très fort qu' elle réussisse, tout en étant fière d'elle.

Cette fille que les livres ont sauvé et qui lui ont permis de partir de chez elle.
Un récit poignant où se mêlent la violence des actes sans apitoiements et une écriture pleine de poésie. Une plume singulière et une belle promesse pour les romans à venir.
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Telle mère, telle fille…
« On peut survivre à tout quand on survit à sa mère » ou pas…
Une mère exilée recherche un nouvel encrage entre traditions berbères et nouveau monde improvisé. Elle débarque en France, dans le Puy-de-Dôme, la violence du climat, la violence des mots ne réussissent pas à entamer sa détermination. Elle s'insurge, courbe l'échine, toute une vie de contradictions. Comment trouver ses marques, comment aimer cette enfant si différente et semblable à la fois ?
Une fille marquée au fer rouge de l'exil et de la tradition berbère, élevée à coup de taloches et privations trouve son identité dans les livres. Sa réussite scolaire est son seul passeport pour son intégration, pour s'affranchir de la tradition familiale trop encombrante, trop ambivalente.

Un roman bouleversant, tendre et violent.
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J'ai trouvé ce roman magnifique, grâce à une histoire violente mais belle ainsi qu'au style d'écriture poétique et touchant. Les moments de vie décrits qui sont souvent brutaux, tout en étant retranscrits d'une manière légère, et et pleine d'espoir par la fille de Vendredi qui est la narratrice. On se figure très bien le décor ainsi que les émotions des deux femmes, dont la relation est mêlée d'amour et de haine, de sorte à plonger dans ce récit très fort.
L'agencement du roman est aussi intéressant : on lit des bribes de vie, pas nécessairement dans l'ordre chronologique puisque l'auteure les classe plutôt en fonction des thématiques abordées (comme l'école, la violence, l'Algérie, la petite soeur).
En somme, je recommande vivement cet ouvrage !
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Novembre 2020
J'ai aimé, mais on en sort pas indemne.... J'ai beaucoup pleuré
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Mon avis

Je remercie les Editions MONPOCHE et en particulier Virginie et Leila de m'avoir donné l'opportunité de lire, en service de presse, « Impasse Verlaine », roman de Dalie FARAH et ainsi de découvrir la plume fluide et vive de cette auteure.

Dès les premières lignes, Dalie FARAH nous raconte les premiers instants de sa vie de foetus, enfant non désirée par sa mère Vendredi (Djemaa en arabe).

Il faut dire que Vendredi est née en Algérie et n'a pas eu la vie facile. Elle était bergère et maltraitée par sa mère et après avoir perdu son père a été contrainte, à l'âge de 15 ans, de se marier avec un cousin germain et de l'accompagner en France où il travaillait.

Comme c'est malheureusement souvent le cas, Vendredi a reproduit sur sa propre fille les sévices qu'elle a subis dans son enfance..

Dalie FARAH nous explique avec pudeur et humour, les relations ô combien difficiles et violentes avec sa mère et beaucoup d'émotions sont palpables à la lecture des mots de l'auteure : j'avoue avoir eu, à maintes reprises, les yeux humides car pour moi tout ce qui touche à la maltraitance infantile est inadmissible et me bouleverse.

J'ai beaucoup aimé ce roman autobiographique, très bien écrit, dur et tendre à la fois mais empli d'espoir car, malgré les douleurs subies et le manque d'affection, l'auteure est devenue une adulte épanouie, érudite et semble avoir réussi tant sa vie personnelle que professionnelle.

Voici un premier roman fort prometteur que je recommande aux amateurs du genre qui, comme moi, passeront un très bon moment de lecture.

Page FB :https://www.facebook.com/joellemarchal74/

Blog : leslecturesdecerise74.over-blog.com
Lien : https://www.facebook.com/joe..
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Aujourd'hui, je vous parle du premier roman de Dalie Farah, que je ne connaissais pas encore lundi !
En effet, lundi soir en rentrant chez moi, au milieu des factures et des courriers divers, il y avait un livre… “Impasse Verlaine” de Dalie Farah !
Pas de petit mot, aucune indication sur l'expéditeur de cette “surprise”.
Dommage, j'aurais aimé pouvoir le (la ?) remercier.

La quatrième de couverture a tout de suite résonné en moi, malgré la différence de nos langues maternelles et de nos dieux réciproques.
Une petite fille a une maman femme de ménage, qui ne sait pas lire le français, à la maison elle s'occupe des dossiers administratifs, elle arrive parfois en classe marquée des coups reçus à la maison et elle aussi lit le soir en cachette…

Il fallait que je cherche à joindre Dalie, pour le lui dire.
Très gentiment elle m'a répondu :
- “Merci Jean-Paul. Je crois au contraire que nous avons la même langue et il semblerait que c'est la littérature… et quant à Dieu, je vous laisse lire la suite.
Bonne lecture et merci de votre message. À bientôt pour votre impression générale !”

J'ai tout de suite su que j'allais de nouveaux bouleverser l'ordre de ma PAL.

C'est un magnifique roman que j'ai lu d'une traite. Il m'était impossible de le laisser avant de l'avoir terminé. J'ai vraiment été très troublé de toutes les similitudes que j'ai pu trouver dans ce roman, avec ma vie d'enfant, puis d'adolescent. Une expérience de lecture que je n'avais encore jamais vécu, entre larmes et sourires… et heureusement que l'humour est là, pour tenir le drame à distance !

Dans ce premier roman, publiée par Grasset, Dalie a pour moi, une vraie qualité d'écriture, en évitant le pathos mais sans se voiler la face.

Djemaa ou (Vendredi, suite au jour de sa naissance), une jeune algérienne de 15 ans, est donnée en mariage à un algérien qui travaille en France. Il a 20 ans de plus qu'elle. La mère de vendredi, veuve, a trop d'enfants et n'arrive plus à s'en sortir.
Très vite (en 1973), Vendredi accouche en France après avoir essayé de se débarrasser plusieurs fois de son bébé. Une relation mère-fille qui débute très mal. Vendredi ne manifeste aucun amour pour sa fille et la battra régulièrement. du coup cette enfance difficile permettra à l'enfant de devenir une adolescente de caractère !
Je pense qu'il y a une grande part autobiographique, avec cette fillette qui n'est jamais nommée de tout le roman.

C'est l'histoire de deux filles que 15 ans séparent. La première est née en Algérie, la seconde à Clermont-Ferrand, entre la haine et l'amour, une véritable ode à la liberté et à la vie !

Plus qu'un coup d'essai, c'est un coup de maître…
Beaucoup d'émotions portées par une magnifique écriture tendre et incisive, drôle et douloureuse que je ne suis pas prêt d'oublier.

À lire absolument !!!

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Extrait :

« La dernière fois que je prends mon vélo rouge, c'est le ramadan, et j'ai presque dix-sept ans. Des années que je jeûne, des années que je prie, des années que j'enfourche l'espérance, le courage, la charité, la bienfaisance, le devoir et la bonté. J'aime jeûner parce que je ne suis pas obligée de rentrer entre midi et deux. J'aime jeûner parce que je peux manger une omelette aux tomates pour rompre le jeûne, j'aime jeûner parce qu'il faut bien le dire, le jeûne est joyeux.
…/…
Le lendemain, quinzième jour du ramadan, à l'ouverture du portail du lycée, je me précipite au lavabo des toilettes. Je fais couler l'eau du robinet. Je penche le nez sous le savon jaune citron rotatif. J'hésite. L'interdit assèche la gorge. J'ai peur de Dieu et de ma mère. L'un et l'autre ont les moyens de me deviner. Mais en mémoire du vélo défunt et innocent de mes turpitudes, je t'ends les lèvres et y laisse couler l'eau. Je bois mon jeûne.
L'eau étanche enfin le petit foyer de vengeance apostasique. Cette gorgée d'eau est la plus mystique gorgée d'eau de ma vie, Allah doit définitivement renoncer à moi. »
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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« On peut survivre à tout quand on survit à sa mère »
Voici la morale de ce premier roman fort et puissant.

J'ai été happée dès le premier chapitre qui donne de suite le ton, mêlant violence et poésie pour évoquer la naissance de la narratrice. Elle présente avec un recul glaçant toutes les tentatives maternelles pour se débarrasser avec « ingéniosité » de « cette excroissance malvenue ». Les mots sont durs, ils tranchent dans le vif. L'humour se fait ironie voire cynisme, « Maman m'aime tellement que pendant les mois où mon pronostic de vie est réservé elle ne mange pas un seul bonbon ».
Et en parallèle, on trouve de la douceur, de la lumière, de l'espoir. La narratrice fait montre d'une ténacité à toute épreuve et semble tenir sa force de toutes ses épreuves démesurées.

Ce mélange de tonalités et ce regard lucide de la narratrice parcourent l'oeuvre qui retrace les différentes strates de cette famille algérienne où règne une violence ancestrale. le livre rapporte sa vie, de l'histoire de sa naissance à son émancipation au moment de l'obtention de son Bac, en passant très largement par l'évocation de sa mère Vendredi. Une histoire de femmes donc, qui évolue au fil de l'Histoire. le livre est ainsi l'occasion de parler de l'Algérie, de la guerre d'Algérie, de religion, d'immigration.

Mais c'est surtout l'histoire d'une relation complexe entre une mère et sa fille. Les coups pleuvent de mère en fille, brimades physiques et psychologiques quotidiennes. Un harcèlement permanent. Haine et amour s'entremêlent.

Une histoire de liberté aussi, en particulier de la liberté que doivent gagner ces algériennes. Soumises aux carcans de leur condition. Des filles, épouses, mères, mais jamais femmes finalement. La narratrice gagnera sa liberté grâce aux mots, aux auteurs et poètes, à la culture.

Une lecture qui m'a soufflée.
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