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Citations sur Haute solitude (27)

Alors, paix sur la terre aux hommes de bonne incohérence!
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Et depuis cent ans, je suis à la recherche de ces ombres, depuis cent ans je parcours les impasses, je cogne aux portes, j'implore des lucarnes. Mais les couloirs me ramènent aux couloirs. J'attends mon tour de sortir. Qu'il fait noir, dans ce monde où l'on finit par se heurter à son propre corps, par s'apercevoir partout en caravanes! Que faire pour éviter ces hordes de moi-même qui remontent les avenues, font la queue aux gares, occupent les tables des cafés ?
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Peu à peu, le sommeil et ses algues glissent sur mon corps de sable et de détresse, et tels que des vagues rappelées par les clairons de l'Amérique. Je suis à marée basse, et je peux rentrer pieds nus dans les barques correctes de la vie bourgeoise, digne et sérieuse. Allons! Encore un effort...
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Un destin, c'est de l'ouragan en bouteille, mais qui fermente dans un sternum.
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La nostalgie n'était pas mon métier. Mais on a voulu me mettre tout jeune dans un atelier de tristesse, et j'ai pris la filière. On m'a montré les outils du malheur, les limes du cafard, les rabots de l'ennui, les courroies de transmission de l'agitation et du souvenir. On m'a appris à relier mon coeur aux autres coeurs, à beaucoup attendre des hommes. On m'a enseigné à ne présenter aux femmes que le plus faible de moi-même. Et je suis devenu peu à peu un gaillard de métier qui connaît bien son affaire. Mon Dieu! Que ne m'a-ton appris le bonheur! C'eût été si simple, pendant qu'ony était. Et je n'attendrais pas aujourd'hui, crucifié sur des pancartes, voué aux horaires, que les filles du passé et de l'impossible accourent auprès de moi, en rond, et remuantes et stupides, mais heureuses.
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Dans l'immense toupie nébuleuse, d'où la Trimourti sortira sa grosse tête de Cerbère aimable au centre d'un vaste coquemar cerclé de lumière et d'ombre, le plasma cosmique se condense pour sécréter cette sueur noire : les Hommes.
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Je n'ai pas, Moi, de ces réveils d'escrimeurs, de cuistres ou de goélands de lavabos qui sont toujours prêts à pourfendre l'existence mondaine, ou sportive, ou industrielle, avec des stylographes à idées, des balais mécaniques et des cerveaux de la rue de la Paix. Ma vie est une bonne et brave vie à tant la minute, et qui la connaît dans les coins avec son portefeuille vierge et frais de poche revolver. Pas si bête.
Elle m'a eu, ce matin, comme une logeuse. Mais nous nous retrouverons ce soir, face à face, quand je la forcerai à s'user le long des rues tristes d'usines, devant les bistrots au derrière de singe, autourdes autobus à pellicules, au fond des squares tout vibrants de cancrelats. Quand les boucles d'oreilles des vieilles maisons leucorrhéiques scintilleront, quand les bouts de sein de la nuit darderont, dans les embouteillages d'hommes, des fausses nouvelles, des soupirs, quand je cheminerai enfin les os vaillants, éveillé comme un fantôme, au hasard des quartiers couleur de pintade et d'arrosoir, quand mon corps de dormeur occidental sera cuit pour la revanche, je l'aurai à mon tour, la Vie!
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J'entends au-dessous de moi le tonnerre, comme une grande bête rêveuse et qui se retourne dans son sommeil.
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L’attente

…Je ne suis pas heureux. Toutes ces mains tendues de la salle d'attente qui vont à des mains inconnues, le sourire aux ongles, me dédaignent. Elles vont à ceux qui n'ont besoin ni de chair ni de chaleur. Elles oublient le déraciné qui veille, le dos au poêle, les jambes abruties, déchiré et maudit. Je n'étais pas fait pour la détresse. La nostalgie n'était pas mon métier. Mais on a voulu me mettre tout jeune dans un atelier de tristesse, et j'ai pris la filière. On m'a montré les outils du malheur, les limes du cafard, les rabots de l'ennui, les courroies de transmission de l'agitation et du souvenir. On m'a appris à relier mon cœur aux autres cœurs, à beaucoup attendre des hommes. On m'a enseigné à ne présenter aux femmes que le plus faible de moi-même. Et je suis devenu peu à peu un gaillard de métier qui connaît bien son affaire. Mon Dieu ! Que ne m'a-t-on appris le bonheur ! C'eût été si simple, pendant qu'on y était. Et je n'attendrais pas aujourd'hui, crucifié sur des pancartes, voué aux horaires, que les filles du passé et de l'impossible accourent auprès de moi, en rond, et remuantes et stupides, mais heureuses.
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Accoudé

… Oui, mon âme, tout cela que tu vois, c'est la vie, tout ce que tu examines en soupirant, c'est la vie. Restons, nous deux, cent ans et plus, restons les bras sur la balustrade, le corps appuyé au bastingage, la prudence bien affûtée, restons et résignons-nous. Ne descendons pas dans cette mélopée, ne nous confondons pas à ce bruit d'âmes fausses, de cœurs mangés aux vers, d'esprits vénéneux. Oui, restons ensemble, toi au milieu de moi et moi autour de toi, toi souffrant et moi luttant. Fermons parfois les yeux, essayons de mettre entre la rue et nous, entre les autres et nous, des océans de lyrisme muet, des remparts bourrelés de coton hydrophile. Revenons à pas lents vers les souvenirs de l'école buissonnière, chuchotons tous deux à pas de loup des images glanées dans la lente adolescence. Mon âme, on nous a roulés dans la poussière des faux serments, on nous a promis non pas seulement des récompenses auxquelles nous ne tenions pas, mais des gentillesses, des « myosotis d'amour ».On nous a laissé croire qu'on souriait, qu'on nous aimait, que les mains que se glissaient dans nos mains étaient propres et sans épines. O glissade des déceptions et des tortures ! Il n'y eut jamais pour nous ni justes effusions, ni paumes sincères. On voulut même nous séparer, et te briser au fond de moi, mon âme, comme un élixir dans une coquille.
J'ai vu mentir les bouches que j'aimais ; j'ai vu se fermer, pareils à des ponts-levis, les cœurs où logeait ma confiance ; j'ai surpris des mains dans mes poches, des regards dans ma vie intérieure ; j'ai perçu des chuchotements sur des lèvres qui ne m'avaient habitué qu'aux cris de l'affection. On a formé les faisceaux derrière mon dos, on m'a déclaré la guerre, on m'a volé jusqu'à des sourires, des poignées de mains, des promesses. Rien, on ne nous a rien laissé, mon âme. Nous n'avons plus que la rue sous les yeux et le cimetière sous les pieds. Nous savons qu'on plaisante notre hymen désespéré. Nous entendons qu'on arrive avec des faux de sang et de fiel pour nous couper sous les pieds la dernière herbe afin de nous mieux montrerle sentier de la fosse.
Mais nous serons forts, mon âme. Je serai le boulon et toi l'écrou, et nous pourrons, mille et mille ans encore, nous approcher des vagues ; nous pourrons nous accouder à cette fenêtre de détresse.Et puis, dans le murmure de notre attente, un soir pathétique, quelque créature viendra. Nous la reconnaîtrons à sa pureté clandestine, nous la devinerons à sa fraîcheur de paroles. Elle viendra fermer nos yeux, croiser nos bras sur notre poitrine. Elle dira que notre amour, tout cet amour qu'on n'a pas vu, tout cet amour qu'on a piétiné, qu'on a meurtri, oui, que notre amour n'est plus que notre éternité.Alors, mon âme, tandis que je serai allongé etdéjà bruissant, tu iras t'accouder à la fenêtre, tu mettras tes beaux habits de sentinelle, et tu crieras, tu crieras de toutes tes forces !

On entendra.
Qui est cet On ?
Qui ? demandes-tu ?
Mais toutes les âmes le savent.
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