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Critique de gill


En avril 2013, dans son superbe ouvrage "un roman turc de Claude Farrère", Gisèle Durero-Köseoglu dit de "l'homme qui assassina" qu'il est le roman de l'ombre et de l'errance.
Claude Farrère, dans son livre, dit de Constantinople qu'elle est la capitale délicieuse de l'oubli.
Le colonel Renaud de Sévigné a quarante-six ans.
Il est attaché militaire français à Constantinople.
Il y a retrouvé Mehmed Djaleddin qu'il avait autrefois soustrait à un destin funeste en le faisant embarquer* à bord de"la feuille de rose", le bâtiment sur lequel il était alors officier en second.
Le fuyard d'hier est aujourd'hui devenu un homme puissant.
Renaud de Sévigné est une sorte d'espion mondain.
Ses soirées sont accaparées par les dîners et les corvées frivoles.
Mais jusqu'au "five o'clock, il peut longuement, par grandes flâneries fantasques, de la Porte du Sérail aux Murs, et de la Corne d'Or à Marmara, découvrir les beautés secrètes de "Stamboul".
Bientôt le voilà tout féru des turcs et de la Turquie.
Il est guidé dans ses vagabondages par lady Falkland avec laquelle il court, bras dessus bras dessous, les ruelles de la vieille ville.
Il y a ses coins préférés : l'esplanade de Suleïmanié-Djami, la cour cloitrée de la mosquée de Sélim, une arche d'aqueduc, toute habillée de lierre, qui enjambe une minuscule rue, à deux pas du fameux quartier d'Aboul Vefa, une vieille place dallée où se dresse une mosquée décrépite qu'on appelle la mosquée des Tulipes, et le plus adorable des petits cafés turcs, celui de la Mahmoud Pacha Djami, tout enseveli sous d'immenses platanes....
Mais sa compagne d'errance vit un drame, une triste histoire très banale.
Elle est mal mariée.
Elle ne daigne rien reprocher à son mari sinon qu'il la hait et qu'elle le hait.
Elle se moque de son propre sort mais elle est seule à aimer son enfant.
Son mari, par égoïsme et vanité de race, veut, avec l'aide d'une étrangère, lui enlever le dernier objet de son amour par un divorce ignominieux.
Ce drame va glisser inexorablement vers une tragédie...un meurtre sera commis...
Ce roman est un morceau important de notre littérature.
C'est un véritable tableau, une peinture saisissante de la Turquie du début de ce vingtième siècle.
Il est est à la fois très moderne - il montre une Turquie étranglée par l'Europe du fait d'une dette étouffante - et très classique - par son propos et dans sa forme.
Il exalte une Turquie ancienne.
Il fait une description flatteuse mais non complaisante du peuple turc.
Ce grand roman, au style élégant et vivant, a donné naissance à de nombreuses adaptations de tous genres : une pièce de théâtre écrite, en 1913, par Pierre Frondaie, un film, en 1930, avec dans les deux rôles principaux Marie Bell et Jean Angelo, une bande-dessinée, réalisée par rémy Bourlès et publiée de manière posthume en 2003...
Ce roman prouve une fois de plus, s'il en était besoin, que Claude Farrère, malgré qu'il soit un peu oublié, reste une des grandes plumes de notre littérature.

* voir "la sonate à la mer" - dans la première nouvelle "nuit turque, l'an 1322..." - Or, en fin de printemps, il advint, cette année là, à notre aviso "le Vautour" de mouiller, sans qu'on sût pourquoi sur rade de Corfou... -

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