Le feu secret de Gabriel Erhart et
Marie-Hélène Fasquel nous offre une dystopie post-apocalyptique assez atypique.
À une société futuriste s'ajoute une cité moyenâgeuse assiégée.
Deux époques se rencontrent et vont même se catapulter pour nous prouver que l'une ne peut survivre sans l'autre. le style d'écriture a su s'adapter à chacune et faciliter ainsi l'immersion, même si j'ai rencontré quelques difficultés à entrer dans l'histoire, ne sachant pas où j'allais. J'ai un moment cherché à comprendre l'intérêt de cette remontée jusqu'au moyen-âge. Quel rapport entre cette époque et le futur dévasté proposé en parallèle ? La réponse se trouve sans doute dans cette citation :
« Il faut pratiquer, essayer, réessayer, ne pas se laisser abattre par les échecs. L'alchimie est comme la vie, une suite ininterrompue de variantes : joie, bonheur, plaisir, douleur. Il faut accepter de ne pas aller droit au but. »
D'un côté, on participe à une quête alchimique moyenâgeuse, dans un monde régi par de nombreux interdits et contrôlé par la religion, époque où il est dangereux pour tout un chacun de remettre en cause les dogmes répandus. Les esprits sont étriqués, certaines pratiques réprouvées, mais l'homme sait faire preuve d'inventivité, sait prendre des risques, s'entourer de personnes fiables pour mener à bien ses projets. Rien n'est figé, c'est cet esprit d'initiative, ce besoin de connaissance qui accompagne les progrès, et contribuent à faire de l'homme ce qu'il est. Bien des difficultés se présentent sur le chemin, le risque existe, mais tenter malgré tout permet d'avancer.
De l'autre côté, on découvre un monde futuriste totalement dévasté par la bêtise humaine, condamnant de fait ses habitants à vivre sous terre. Une poignée d'homme est bien décidée à survivre. le destin collectif repose entièrement sur une informatisation complète de toute la vie. Les libertés individuelles n'existent plus sous ce régime dictatorial, tout répond à des normes, toute recherche est bannie pour éviter de reproduire les erreurs du passé. le confinement, en plus d'être physique pour ces hommes des souterrains, est aussi mental. Une forme d'obscurantisme règne, les interdits sont nombreux, l'ignorance entretenue par un refus de se souvenir de ce qui a conduit au désastre. Un trait total a été tiré sur ce passé, tout ce qui pourrait le rappeler a été détruit ou le sera. Pourtant, deux hommes risquent tout pour retrouver la surface et remonter le fil.
Comme toujours, les puissants restent ce qu'ils sont et les petites gens peuvent bien y perdre gros pourvu que les premiers gardent leurs avantages. Manipulation, trahison, rien de neuf sous la terre, les hommes sont toujours les mêmes.
Et s'ils avaient choisi l'option d'un retour à la nature, d'une vie entièrement déconnectée de la technologie, auraient-ils évolué différemment ? Vivre du travail de leurs mains aurait-il eu un autre impact ?
Ces deux époques semblent totalement dissemblables, aux antipodes l'une de l'autre. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, bien des similitudes les rapprochent. Dans chacune, des hommes bravent les interdits en secret, dans l'espoir d'apporter un mieux à leurs concitoyens.
Les mentalités restent les mêmes, les émotions n'ont pas changé.
Vivre ensemble, peu importe le lieu ou l'époque, revêt des difficultés, mais il faut faire avec et avancer, rester en accord avec soi-même.
Tout recommence en boucle, face à l'ignorance, les profiteurs de tout bord tirent leur épingle du jeu, les croyances s'installent, la crédulité des plus faibles est exploitée.
La technologie, fait partie de nous, elle travaille pour nous, nous rend plus productif, plus efficace. Mais, si on n'y prend garde, elle peut nous asservir, nous tenir à sa merci. Trop s'appuyer sur elle comporte des dangers, qu'on ne perçoit parfois que trop tard. L'homme prend le risque de se retrouver prisonnier de ses créations.
Il possède toutefois un libre arbitre qui le laisse maître de ses choix.
Un but commun arrive à lier les gens pour les faire travailler dans une même optique. L'être humain peut faire preuve d'intelligence, de déduction, d'instinct. Ce dernier se montre aussi utile dans les deux époques traversées. Des deux côtés, certains s'y sont fiés avec succès.
Peu importe les événements, quoi qu'il arrive, l'homme reste ce qu'il est. L'altruisme de certains apportera toujours un pendant à la vanité et à la soif de pouvoir de ceux qui se pensent supérieurs. L'humain d'aujourd'hui, ou celui du futur, est-il si différent de celui du moyen-âge, ou même de n'importe quelle époque ? Je ne pense pas. Les préoccupations des uns et des autres seront toujours les mêmes.
Y a-t-il de quoi s'en réjouir ou non ? L'avenir nous le dira peut-être.
Cette histoire se termine sur une note d'espoir, alors que ce n'était pas gagné d'avance et ça fait du bien.