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Critique de Musa_aka_Cthulie


Ça doit faire la troisième, ou même la quatrième fois que je lis ce roman jeunesse de Faulkner. Et à chaque fois, j'oublie de quoi il était question (à part qu'il s'agit d'une histoire d'anniversaire bizarre). Et à chaque fois, je suis obligée de me forcer, parce que j'en ai un souvenir à la fois flou et pas très agréable. Les autres fois, je l'ai lu quand j'étais enfant. On a dû me l'acheter quand j'avais quelque chose comme neuf ans, et rien que la couverture ne me faisait pas envie (c'était ma mère qui m'achetait mes bouquins, et elle ne me demandait guère mon avis). Quand j'ai vu les illustrations à l'intérieur, ça été bien pire ! Je me suis résignée un beau jour, peut-être par ennui, peut-être par curiosité, et puis j'ai oublié de quoi il retournait. J'y suis revenue un peu plus tard, avec l'idée que c'était peut-être mieux que le souvenir que j'en avais. Il est possible que j'aie recommencé encore un peu plus tard. Là, c'est bon, j'ai retenu la leçon. J'ai aussi compris pourquoi je m'en souvenais si peu, et pourquoi je ressentais un malaise à l'idée de revoir les illustrations.


Faulkner a écrit L'arbre aux souhaits en 1927, mais le livre n'a été publié aux États-Unis que 40 ans plus tard (notez que ça aurait pu attendre aussi bien mille ans, il n'y avait vraiment pas urgence en la matière), et en 1977 en France. Pas de chance pour moi, c'est sorti en Folio, et quelques années plus tard je semblais aux yeux de ma mère (qui elle-même n'a jamais lu Faulkner) le public idéal pour ce machin bizarre. Pourquoi Faulkner a-t-il écrit ce conte ??? C'est strictement à l'opposé de ce qu'on connaît de lui, et le moins qu'on puisse dire, c'est que la manière fantasque ne lui a pas réussi. Il y a une belle entrée en matière avec les deux premiers paragraphes et puis... c'est le drame ! Que l'histoire n'ait ni queue ni tête ne me dérange pas, c'est le concept de ce livre. Qu'il soit ennuyeux à mourir me désole davantage.


Les aventures de Dulcie (j'avais déjà oublié son prénom...) sont d'une platitude extrême, le style de même, les personnages sont inintéressants au possible. Bon, en plus c'est clairement raciste (mais j'avais pas compris quand j'étais petite, on y reviendra), le personnage d'Alice, la domestique noire, étant le seul à se montrer très borné et bête comme ses pieds. Avec en sus un zeste de discrimination envers les personnes à cheveux roux, le personnage de Maurice (roux, donc) étant presque toujours appelé "le petit rouquin", tandis qu'on utilise les prénoms des autres personnages. Je ne sais pas trop si ça vient du texte original ou de la traduction, mais ça n'arrange rien. Ah oui, et le petit frère de Dulcie tue un animal par jeu, il est donc puni (magiquement puni), mais la punition est levée lorsqu'il commet une bonne action, à savoir retrouver le gilet perdu d'un vieillard. Retrouver un gilet et le rendre à son propriétaire, est-ce que ça compense le fait d'avoir tué par pure cruauté un animal ? Apparemment oui. (L'animal ressuscite, c'est à préciser ; ce qui n'ôte rien à la méchanceté gratuite du petit frère dont j'ai oublié le nom.)


Je ne sais pas comment Faulkner, à partir d'une histoire à nette connotation onirique, a pu se planter à ce point. Il est à peu près aussi doué pour tout ce qui est fantaisiste que Mathieu Kassovitz l'est pour le thriller et pour effrayer le spectateur. Tout ce qui se passe, c'est que les personnages ou les animaux changent de taille, qu'ils mangent des trucs qui apparaissent par magie, et qu'ils cherchent un "arbre aux souhaits", alors qu'il est évident qu'il l'ont déjà trouvé.


Un mot pour finir sur les illustrations de (attendez, je cherche le nom) Keleck, dont les personnages font affreusement peur avec leurs sourires de sociopathes. Maurice, qui est un petit garçon, est d'ailleurs représenté tel un adulte, et le mari d'Alice, simple soldat, devient général avec moult médailles à la clé. Pire, Alice et son mari, qui sont noirs (on le comprend au fait qu'ils parlent une ou deux fois des "blancs"), deviennent par magie... eh ben blancs. D'ailleurs on ne devinerait jamais qu'Alice est une domestique. Volonté de rendre le texte plus convenable, ou total désintérêt ? de toute façon, l'essentiel, c'est que les personnages de Keleck foutent les jetons. On avait bien besoin de ça avec une histoire aussi terne.


Bon là, maintenant, j'ai bien le bouquin en tête (même s'il ne s'y passe rien). Et je ne le lirai plus. Plus jamais. J-a-m-a-i-s.
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