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Critique de Tricape


Il y a longtemps que le nom de Faulkner m'intriguait sans que j'eusse jamais rien lu de lui. En avant donc pour l'aventure, que dis-je, pour l'exploration de "Le bruit et de la fureur" !

Si elle existe, je ne lis généralement la préface d'un roman qu'après avoir achevé la lecture de l'ouvrage. Mais cette fois-ci, après une cinquantaine de pages, j'ai suspendu mon déchiffrage pour parcourir la préface rédigée en 1937 par le talentueux traducteur (Maurice-Edgar Coindreau) afin de comprendre le caractère hermétique de cette entrée en matière. Après tout, puisque Faulkner a reçu en 1949 le Prix Nobel de littérature et que je suis en face d'une oeuvre reconnue comme majeure mais que je ne comprends pas, c'est qu'il me manque sans doute une clé pour percevoir la puissance de ce texte dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne se laisse pas facilement saisir.

Avec du recul, cette préface est un peu comme le couvercle sur lequel est imprimée l'image du puzzle dont vous avez entrepris la reconstruction sans avoir une idée, même approximative, de l'ensemble ; oui, le texte a un sens et vos capacités de compréhension ne sont pas prises en défaut.

Jugez plutôt : plusieurs époques vous sont présentées dans un désordre chronologique avec des personnages de générations ou de sexes différents qui portent le même prénom, le tout dans un récit rapporté par un malade mental traumatisé à vie et dont l'expression se résume à des gémissements ou des pleurs, récit entrecoupé en plein paragraphe ou en pleine phrase par des monologues d'autres personnages…

Les trois dernières parties du livre éclairent progressivement la première et cela dresse le tableau d'une famille blanche du sud des États-Unis qui accumule les drames (castration, suicide et j'en passe). Tout ce roman serait horriblement sombre s'il n'y avait la figure des serviteurs noirs toujours fidèles et parfois drôles, avec au milieu d'eux --en belle figure de contrepoint-- une femme, bonne protectrice et grande consolatrice.

L'avouerais-je ? J'ai relu une seconde fois la préface en fin d'ouvrage… et je relirai ce roman parce qu'il me reste à y découvrir une partie de son pouvoir magique qui réside notamment dans l'incroyable capacité qu'a William Faulkner de nous rendre accessibles et presque partagées, les émotions ressenties par un être humain blessé à jamais et que torture atrocement le moindre changement d'itinéraire par rapport à son parcours habituel.
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