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Critique de scob


Je termine la lecture de ce roman avec une sensation mitigée.

Certes, on ne peut pas nier que ces trois adolescentes Lina, Assa et Céline, issues de la DDASS ... heu ...  de l'Aide Sociale à l'Enfance (je vais me faire engueuler par Lina), ont des parcours déjà bien chaotiques qui détruiraient beaucoup de vies d'adultes lambda, à un âge où tout se construit autant physiquement que psychologiquement et où le cerveau est une éponge à émotions.

On ne peut raisonnablement pas sortir indemnes d'enfances comme celles qu'elles ont vécues. Être équilibré dans sa vie d'adulte passe nécessairement par une certaine dose d'amour et de stabilité pendant l'enfance et l'adolescence et force est de constater que ces trois filles n'ont pas vraiment eu cette opportunité. Sachant ça, peut-on les blâmer de rejeter l'autorité, de faire la misère à leurs éducateurs des foyers ou de mépriser la vie jusqu'à haïr la société dans son ensemble ?

Certes, on ne peut pas nier non plus que l'auteur de ce roman court, Mathilde Faure, a su leur donner vie d'une manière assez authentique, en un minimum de pages (200), sans doute grâce à son vécu d'éducatrice spécialisée de l'ASE. Ces filles sont vivantes. On pourrait les croiser sans problème au détour d'une rue de Lyon, de Strasbourg ou de Marseille. On se dirait qu'elles sont mal éduquées, bruyantes, fouteuses de merde, mais aussi un peu racailles sans doute. On aurait peut-être tort. Comme parfois quand on juge un peu trop vite sans prendre le temps de creuser ou de chercher à comprendre comment un ado peut avoir autant de violence en lui.

L'air de rien, les personnages prennent vie avec un réalisme surprenant. On part avec elles dans leur road-trip de révolte aux quatre coins de France. Leur objectif : faire parler de leur "cause", celles de la détresse des jeunes filles placées.

Elles veulent coller des slogans dans les plus grandes villes pour dénoncer leur condition, pour devenir visible, pour qu'on parle d'elles.

Mais alors ... pourquoi donc sors-je de cette lecture avec un sentiment mitigé ???

Bah, c'est pas facile à dire.

Peut être parce que la cause, le combat de ces filles pour se construire, pour montrer qu'elles existent malgré tout, flirte un peu trop avec le féminisme extrémiste à la Sandrine Rousseau, qui, au-delà de me casser les couilles avec force et beauté (avis purement personnel), devient totalement contre-productif dans la vraie lutte pour l'égalité des femmes dans le monde.

Peut-être aussi parce que je n'aurais pas dû lire la page des remerciements de l'auteur (non, je ne dirai pas l'auteure ou l'autrice, ... non pas parce que je suis misogyne mais simplement parce que c'est moche) dans lequel l'écriture inclusive m'a fait couler du sang des yeux et où le verbe "déconstruire" m'a ramené aux heures les plus sombres du débat de la primaire écologiste, au wokisme décroissant de LA folle-dingue d'Europe Écologie Les Verts.

Mais mes états d'âmes ne sont pas le principal dans cette histoire. Il n'empêche que ce livre est plein d'espoir. Il montre que le cheminement de ces enfants "placés" se fait sur une ligne de crête très étroite. Certain.e.s (non, je déconne ^^) prendront des voies détournées, compliquées, plus ou moins longues et tortueuses, accepteront les mains tendues d'éducateurs pleins de bonne volonté même si souvent dépassés par des situations inextricables, pour transformer leur rage en une force positive, se trouver une vocation, une raison de vivre.

Ce livre rappelle aussi que la vie est injuste et qu'on ne part pas tous égaux au départ. C'est peut-être aussi ça qui m'a laissé un arrière-goût un peu amer. Ce sale arrière-goût d'impuissance.
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