Filles du vent

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Parce qu'à 16 ans elles sont déjà fatiguées d'être invisibles, parce qu'elles veulent exister, compter, aux yeux de tous, parce qu'elles veulent que le monde les entende et les écoute, Assa, Lina et Céline préparent leur fugue. L'Escale, ce foyer non-mixte d'Argenteuil, est devenu leur maison. Chacune a ses raisons, ses doutes et ses questions pour partir ainsi à l'aventure. de ce périple, elles reviendront grandies…

Comment ne pas être touchée par le roman de Mathilde Faure. Comment ne pas être révoltée aussi…
Assa, Lina et Céline sont des filles de l'ASE, l'Aide Sociale à l'Enfance. C'est ainsi qu'on les définit. Mais ce n'est pas l'image qu'elles veulent renvoyées. Ce n'est pas à travers le regard fuyant, méprisant ou hautain des passants qu'elles veulent se voir. Ce n'est pas cette étiquette qui les caractérise…

Se construire une carapace, faire le « bonhomme » ou la « prostituée », crier avant et plus fort que l'autre, taire son passé… Elles ne veulent plus de ces silences. Elles veulent trouver leur place.

Alors elles mettent des mots sur leur souffrance. Elles se libèrent de leurs histoires, de leur trop lourds fardeaux. Ensemble, elles vont placarder sur les murs leurs messages.

Mathilde Faure ne s'attarde pas sur les violences, sur ce qui les a amenées à être placées. le sujet n'est pas l'avant, mais bien l'après.

Parce que ces enfants commencent leur vie dans le noir, parce que leur histoire freine leur envol, empêche leurs espoirs et bâillonne leurs cris, ce roman leur rend leur place. Celle d'hommes et de femmes en devenir, dont le courage n'a d'égal que la force qui les anime… Puisse-ils être entendus.
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Elles s'appellent Lina, Céline et Assa. Elles ont chacune leur histoire, chacune leurs différences, chacune leur caractère. Mais toutes trois ont cela en commun: elles veulent faire entendre leur voix, elles veulent exister. vivant dans le même foyer, ayant connu la violence des hommes, elles ne veulent plus être invisibles, elles veulent une place dans la société, une place dans les luttes féministe. "Quelle ironie, un enfant placé jamais à sa place."

C'est grâce à @raissajoly, que je remercie, que j'ai découvert ce livre. En lisant le résumé et les critiques, j'ai tout de suite pensé que la période du 8 mars serait idéale pour le lire. Nous avons donc organisée toutes les deux une lecture commune sur Instagram. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a fait l'unanimité dans notre petit groupe de lectrices (1). Malgré sa brièveté, la psychologie de nos trois héroïnes est très bien développée, au point où on oublierait presque qu'elles sont des personnages d'encre et de papier. Ceci dit, Mathilde Faure, qui a travaillé dans le milieu, s'est inspirée de ses rencontres. Chacune de ces filles a sa propre façon de parler, mais c'est d'une même voix qu'elles vont s'exprimer pendant leur fugue.
Un roman coup de poing, bouleversant qui mérite amplement son prix de l'héroïne engagée. A lire dès 15 ans, et à mettre dans le CDI de tous les lycées, voire à étudier en classe.
Merci à Raïssa, Adeline, Aurélie et Sabrina pour ces échanges. Nos aventures livresques communes ne font que commencer. Comme quoi, la sororité va plus loin que ce roman...

Note
(1) Depuis que nous avons commencé les LC sur Instagram, nous n'avons eu que des groupes de lectrices. C'est vrai que ça fait à peine un mois qu'on a commencé, mais ça m'interpelle quand même. Comme dirait Patrick Juvet, à un mot près: Où sont les hommes?

WOW, ce roman est beau et fort. Un roman ayant pour héroïnes des filles qui n'ont pas eu la chance d'avoir une enfance heureuse mais des filles qui ont fait de leurs histoires leur force, leur moteur pour avancer, pour se battre pour leurs droits, pour vivre, pour exister, un roman qui mérite amplement son prix de l'héroïne engagée!

Ce roman est un roman choral, on va suivre le point de vue de trois jeunes filles qui sont placées dans un foyer depuis de nombreuses années… trois jeunes filles au caractère bien trempé, il y a Celine qui a du faire des choix qu'une jeune fille de son âge n'aurait jamais dû avoir à faire, Assa qui préfère la compagnie des mots à celle de ses camarades et Lina qui est rongée par la colère, une colère qu'elle peine à contenir. 

De prime abord, ces trois jeunes filles n'ont pas réellement de points communs si ce n'est qu'elles sont toutes les trois placées dans le même foyer, mais un evénement va les amener à fuguer de leur foyer pour traverser la France, afin de faire entendre leurs voix, leur colère, la colère de ces jeunes filles oubliées par la société, ces jeunes filles placées aujourd'hui, mais qui seront les adultes de demain un extrait m'a particulièrement marqué, je vous le partage car ce passage est à mon sens criant de vérité : “Nous jeunes filles placés sommes les victimes de la violence des hommes. Les luttes sont communes, entends la voix des enfants placés. Depuis plusieurs semaines, le mécontentement gronde face à la réforme des retraites. Mais écoute aussi tes jeunes ! Que fais-tu des enfants de l'ASE, qui viendront grossir le nombre de personnes sans domicile une fois la majorité passée ?”. Alors que de nos jours, nous parlons beaucoup de féminisme, de sexisme et du droit des femmes, comment peut-on oublier toutes ces jeunes filles qui ont été et qui sont victimes de toutes ces injustices au quotidien? J'ai trouvé que c'était super que l'auteure pointe du doigt ce problème de notre société, personnellement ça m'a ouvert les yeux sur cette réalité qui m'était totalement inconnue, c'est un roman qui si vous le lisez vous fera grandir, évoluer, mûrir. Ce n'est pas le genre de roman qu'on lit, c'est le genre de roman que l'on vit, on ressent les sentiments des personnages, on ressent leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs, c'est un roman riche en émotions et riche en amitié!     

Car oui ce roman ne parle pas que de féminisme, il parle aussi de l'amitié et de l'importance d'avoir des personnes à qui se confier, dans ce roman nos trois protagonistes ne connaissent rien de l'amitié et encore moins de la confiance, pour elles se livrer et montrer ses failles sont synonymes de faiblesse qui pourront se retourner contre elles par la suite. D'abord sur la défensive nos trois héroïnes vont petit à petit s'ouvrir à la discussion, parler de leurs secrets qui pèsent sur leurs épaules depuis bien trop longtemps.  

Un roman qui porte un beau message d'espoire pour toutes ces jeunes filles, loin d'être une fiction extravagante, j'ai trouvé ce récit réaliste et surtout plausible, on ressent que Mathilde Faure sait ce qu'elle raconte, car elle a travaillé comme éducatrice spécialisée auprès d'adolescent placé durant plusieurs années donc elle sait de quoi elle parle, on le ressent même à travers les dialogues entre les personnages, on a vraiment l'impression d'entendre (oui oui entendre) des jeunes discuter entre eux sans que ça soit vulgaire non plus. Ce sont des mots qui sonnent juste, la plume de Mathilde Faure est belle, à l'image de son roman qui est juste incroyable!

En bref, un roman qui est vraiment très beau et qui porte un message fort! un roman que je vous recommande à 100%

Je termine la lecture de ce roman avec une sensation mitigée.

Certes, on ne peut pas nier que ces trois adolescentes Lina, Assa et Céline, issues de la DDASS ... heu ...  de l'Aide Sociale à l'Enfance (je vais me faire engueuler par Lina), ont des parcours déjà bien chaotiques qui détruiraient beaucoup de vies d'adultes lambda, à un âge où tout se construit autant physiquement que psychologiquement et où le cerveau est une éponge à émotions.

On ne peut raisonnablement pas sortir indemnes d'enfances comme celles qu'elles ont vécues. Être équilibré dans sa vie d'adulte passe nécessairement par une certaine dose d'amour et de stabilité pendant l'enfance et l'adolescence et force est de constater que ces trois filles n'ont pas vraiment eu cette opportunité. Sachant ça, peut-on les blâmer de rejeter l'autorité, de faire la misère à leurs éducateurs des foyers ou de mépriser la vie jusqu'à haïr la société dans son ensemble ?

Certes, on ne peut pas nier non plus que l'auteur de ce roman court, Mathilde Faure, a su leur donner vie d'une manière assez authentique, en un minimum de pages (200), sans doute grâce à son vécu d'éducatrice spécialisée de l'ASE. Ces filles sont vivantes. On pourrait les croiser sans problème au détour d'une rue de Lyon, de Strasbourg ou de Marseille. On se dirait qu'elles sont mal éduquées, bruyantes, fouteuses de merde, mais aussi un peu racailles sans doute. On aurait peut-être tort. Comme parfois quand on juge un peu trop vite sans prendre le temps de creuser ou de chercher à comprendre comment un ado peut avoir autant de violence en lui.

L'air de rien, les personnages prennent vie avec un réalisme surprenant. On part avec elles dans leur road-trip de révolte aux quatre coins de France. Leur objectif : faire parler de leur "cause", celles de la détresse des jeunes filles placées.

Elles veulent coller des slogans dans les plus grandes villes pour dénoncer leur condition, pour devenir visible, pour qu'on parle d'elles.

Mais alors ... pourquoi donc sors-je de cette lecture avec un sentiment mitigé ???

Bah, c'est pas facile à dire.

Peut être parce que la cause, le combat de ces filles pour se construire, pour montrer qu'elles existent malgré tout, flirte un peu trop avec le féminisme extrémiste à la Sandrine Rousseau, qui, au-delà de me casser les couilles avec force et beauté (avis purement personnel), devient totalement contre-productif dans la vraie lutte pour l'égalité des femmes dans le monde.

Peut-être aussi parce que je n'aurais pas dû lire la page des remerciements de l'auteur (non, je ne dirai pas l'auteure ou l'autrice, ... non pas parce que je suis misogyne mais simplement parce que c'est moche) dans lequel l'écriture inclusive m'a fait couler du sang des yeux et où le verbe "déconstruire" m'a ramené aux heures les plus sombres du débat de la primaire écologiste, au wokisme décroissant de LA folle-dingue d'Europe Écologie Les Verts.

Mais mes états d'âmes ne sont pas le principal dans cette histoire. Il n'empêche que ce livre est plein d'espoir. Il montre que le cheminement de ces enfants "placés" se fait sur une ligne de crête très étroite. Certain.e.s (non, je déconne ^^) prendront des voies détournées, compliquées, plus ou moins longues et tortueuses, accepteront les mains tendues d'éducateurs pleins de bonne volonté même si souvent dépassés par des situations inextricables, pour transformer leur rage en une force positive, se trouver une vocation, une raison de vivre.

Ce livre rappelle aussi que la vie est injuste et qu'on ne part pas tous égaux au départ. C'est peut-être aussi ça qui m'a laissé un arrière-goût un peu amer. Ce sale arrière-goût d'impuissance.

Comment définiriez-vous le mot sororité?
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RÉSUMÉ MAISON : Dans la solitude de leur foyer de l'Aide Sociale à l'Enfance, elles ont toutes une histoire dans laquelle la violence n'est jamais étrangère. Mais une chose les unit, le désir puissant de faire entendre leur voix! Et elles ont un projet pour ça ! Assa, Cécile, Lina, #jeunesfillesplaceesencolere .
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AVIS : ❤ Coup de Coeur ❤! Un livre qui nous scotche à ses pages dès la première seconde, criant de vérité et d'émotion! On découvre stupéfait une réalité qui nous échappe, un monde que l'on n'avait pas vu, pas entendu et on ne remerciera jamais assez l'autrice de nous avoir porté cette voix. Voilà un « Prix de l'Héroïne Engagée » tout à fait mérité pour une romancière qui connaît son sujet!
On parcourt donc l'histoire au travers de trois regards, ceux de jeunes femmes, adolescentes qui partagent une tranche de vie, placées dans un foyer. Elles ont chacune des histoires bien différentes mais pas moins dures. Leurs personnalités et leurs manières de réagir le sont tout autant. Il y a celle qui crie, celle qui compte sur ses études, celle qui tire parti de son corps... Elles sont tellement préoccupées par leur présent qu'elles ne peuvent pas penser à leur avenir. Et pourtant à 18 ans il leur faudra un projet sinon elles seront livrées à elle-mêmes.
La violence et le Rap sont des exutoires à leur colère jusqu'au jour où elles entendent parler de femmes inspirantes et de sororité. C'est ensemble que l'on sera plus forte pour « parler de toute la violence que l'on subit en tant que fille ». le projet qu'elles vont mener va leur permettre de prendre du recul et de penser à leurs aspirations futures, à leurs rêves, désirs et besoins.
Un livre que je ne voulais pas lâcher. Une claque, une bombe, un chef d'oeuvre! Tout le monde devrait lire cet ouvrage quelque soit son genre. Il faudrait même l'étudier à l'école. Il sera entreposé dans ma bibliothèque, bien au chaud, en attendant que les filles à la maison soient en âge de le lire. C'est le genre de récit qui déclenche des vocations, des rébellions et fait bouger les choses pour ces enfants qui en ont besoin et pour les femmes en général!
Un ouvrage qui reste en tête avec de beaux messages et une dimension éducative. Par exemple que l'avenir des femmes dépend de l'éducation des hommes mais aussi de celles des femmes. Leur faire comprendre qu'elles peuvent casser les schémas et aspirer à autre chose. On y parle également des minorités écartées, d'insécurité, de prostitution, d'inégalité des chances, d'injustice...
Ce livre m'a ému par moment, mis les frissons, et fait verser quelques larmes. Surtout la lettre que l'on trouve à la fin. Je me suis inquiétée pour ces jeunes filles et j'ai trouvé ce récit très beau.
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C'est un livre que je conseille profondément à tout le monde !