Après mon énorme coup de coeur pour le précédent roman de l'autrice «
La fille du Reich », je ne pouvais pas passer à côté de celui ci qui parle d'un tout autre sujet : l'eugénisme et les maladies mentales. C'est un livre passionnant, prenant et instructif mais qui souffre malheureusement de quelques longueurs…
Eleanor et son mari Edward en sont convaincus, l'eugénisme est la solution aux problèmes de la société. Il faut interner et stériliser ces individus inférieurs pour ne pas gangrener la société. Les études d'Edward le prouve, Eleanor le soutient. Alors quand leur fille Mabel est diagnostiquée épileptique, c'est le drame. Il ne leur reste qu'une solution : cacher leur fille et oublier qu'elle existe.
Ce roman est passionnant. Glaçant certes mais fascinant. Bien que connaissant les grandes lignes du mouvement eugéniste, je ne m'attendais pas à de telles horreurs, de telles extrémités. L'autrice a fait des recherches minutieuses et poussées pour nous livrer une histoire criante de réalisme mais surtout instructive. Grâce à des personnages complexes et nuancés, elle nous dresse le portrait d'une société en pleine mutation à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Les 2 narrateurs, Eleanor et Edward, ont tous les deux des failles, des faiblesses mais aussi des forces qui ne les rendent que plus humains, plus crédibles. J'ai aimé le combat opposant le mari et sa femme, j'ai aimé les voir se questionner, j'ai aimé les voir évoluer à leur rythme propre. Grâce à ce couple, l'autrice montre à quel point il est dur de se remettre en question et d'abandonner ses convictions. Nos 2 personnages principaux ne sont pas foncièrement mauvais, ils sont justes profondément persuadés d'être dans le vrai. J'ai aimé la controverse du sujet, et les questions morales qui en découlent. C'est la là grande force de ce roman.
Les deux personnages principaux sont difficiles à cerner, difficile à apprécier. Même si Eleanor est bien plus sympathique que son mari, sa froideur m'a tout de même surprise. Mais son combat de mère et ses espoirs sont bouleversants, et ses remises en question louables bien qu'intéressées. Si sa fille n'avait pas été malade, jamais elle n'aurait douté… Ce n'est donc pas une héroïne qui m'a bouleversée en tant que telle, c'est le destin de sa fille qui m'a touchée et le combat de cette mère.
Si l'intrigue est entraînante, elle souffre tout de même de quelques longueurs qui auraient pu être évitées. L'autrice se perd parfois dans des détails techniques qui n'apportent pas forcément grand chose à l'histoire en elle-même. C'est dommage et ralentit le rythme mais heureusement le dénouement est porteur d'espoir. C'est une belle fiction historique, richement documentée et engagée qui dénonce la méconnaissance des maladies mentales à l'époque. Je ressors de cette lecture outrée par le traitement des maladies mentales, outrée par l'ignorance de l'époque, outrée par la barbarie de ceux qui se considèrent comme supérieurs. C'est un roman très personnel que l'auteur nous livre, un roman sombre et pourtant lumineux, un roman déchirant mais sincère. Une très belle découverte.
Une fiction historique passionnante et instructive.
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