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EAN : 9782381220314
576 pages
Hauteville (02/06/2021)
4.41/5   136 notes
Résumé :
Fille d'un officier nazi de haut rang, Hetty Heinrich tient à jouer un rôle dans l'avènement du glorieux Reich qui doit durer mille ans. Mais ses retrouvailles avec Walter, un ami d'enfance juif, éveillent en elle des sentiments interdits. Déchirée, perdue, elle ne sait plus à qui se fier, ni vers qui se tourner. Conscients du risque que tous deux prennent, ils décident envers et contre tous de vivre leur passion. Mais la montée de l'antisémitisme menace de les engl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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J'apprécie ces romans qui nous proposent de découvrir la seconde guerre mondiale du côté de « l'ennemi », ici nous sommes en immersion en Allemagne, au coeur d'une famille d'un officier SS et ce, dans les années d'avant 1939. L'auteure débute son histoire bien avant la guerre et nous permet ainsi d'avoir un point de vue intéressant sur la montée du nazisme en constatant comment un personnage comme Hitler a pu imposer ses idées aux allemands et ce dès leur plus jeune âge. Je dois avouer que c'est à la fois, fascinant à découvrir mais que c'est aussi effrayant car je trouve que l'on est loin d'être à l'abris que ce type de personne puisse de nouveau prendre le pouvoir.

Hetty Heinrich est une jeune enfant quand le roman débute, on peut ainsi la découvrir alors qu'elle ne se préoccupe que de ce à quoi les enfants doivent penser, dans l'insouciance de leur jeune âge. Elle grandira toutefois avec la montée en puissance du nazisme et de l'instauration d'un régime totalitaire, mais en étant du « bon côté » pour voir sa vie changer du tout au tout quand son père prend la direction du journal pour lequel il travaillait, et qu'il intègre les SS. Cela offre à la famille de la jeune fille, des possibilités et des ouvertures qui changeront leur vie. Hetty sera toutefois confronter à tous ces changements, lorsque les gens autour d'elle viendront à changer de comportement ou encore à subir les méfaits de cette nouvelle société dans laquelle elle grandit. Il n'y a plus alors des allemands, mais des allemands pure souche, puis les autres : les juifs, les indésirables, ceux dont ils ne veulent plus. Pour la jeune fille qu'elle est, elle sera alors portée par la ferveur hitlérienne, alors qu'à côté de cela, elle sera confrontée au traitement qui sera donné aux juifs.

Nous débutions l'histoire avec de jeunes enfants, qui ont grandi dans une Allemagne en plein changement, la défaite de la première guerre mondiale a engendré pour ce pays bien des répercutions qui ont fragilisé les allemands, les rendant ainsi plus malléables. Bien entendu, leur façon de voir diffère de leur milieu et aussi de leur appartenance à un parti ou à un autre, et surtout de leur naissance et leurs origines qui font d'eux de vrais allemands ou pas. Ils évoluent ainsi différemment, Hetty et son frère Franck vont être conditionnés par le milieu nazi. Franck va intégrer les jeunesses hitlériennes, comme tout garçon doit le faire ! et Hetty qui souhaite aussi s'engager pour servir le Führer, se retrouve refroidie par le fait que sa place en tant que fille, est de se destiner à bien servir sa famille et son futur mari pour engendrer de pures aryens. Avant cela, elle a vu ses projets de devenir médecin s'éteindre aussi car elle n'est qu'une fille. Sa ferveur en prend un coup, et c'est alors que l'on s'en prend à un jeune homme dont elle tente d'attirer l'attention depuis des années, qu'elle en viendra d'autant plus à douter des ambitions de Hitler et de l'Allemagne nazie.

J'ai trouvé que la façon dont l'histoire est présentée, rend le récit passionnant, puisque la tension monte crescendo avec la montée assez fulgurante des idéaux nazis. On fait la connaissance d'enfants qui vont grandir parmi ces préceptes d'une doctrine totalitaire qui ne laisse aucune place aux doutes sur ce qu'affirme cet homme, Hitler. Il est d'abord fascinant pour eux de l'admirer et de croire en ce qu'il dit, de croire en cet amour qu'il a pour son peuple. On constate donc que des enfants comme Hetty ou Franck, vont grandir dans cette ferveur et donc cette haine des juifs et là le personnage d'Hetty est très intéressant car elle aura toute cette période de ferveur pour ce Führer pour ensuite changer progressivement d'avis quand elle a su prendre du recul vis à vis de ce que la société leur imposait comme point de vue. On peut aussi voir parmi tous les personnages qui les entourent les avis différer, du juif qui bien entendu est contre le nazisme, et qui ne sait plus trop comment agir : est-il toujours allemand ? A-t-il le droit de continuer de vivre dans ce pays ? et tant de questions encore et de peurs surtout ! de l'allemand lambda, non embarqué dans ce régime nazisme qui lutte avec le peuple pour défendre ses opinions, mais cela dans le secret, montant des réseaux de résistance contre le pouvoir en place, mais toujours avec cette épée damoclès au dessus de la tête.

Cette histoire est passionnante, et on est pris dans une sorte de tourmente diabolique car le système nazi ne pardonne pas le moindre écart et la jeune femme que devient Hetty prendra bien des risques pour assouvir cet amour qu'elle éprouve pour Walter. Walter qui est juif, l'ancien meilleur ami de son frère, celui qu'elle aime depuis des années. A la façon d'un Roméo et Juliette, ils vont braver cet interdit : la fille du SS amoureuse d'un juif ! La moindre rencontre sera une mise en danger, et nous avons alors conscience de ce qu'il pourrait se passer pour tous deux s'ils étaient découverts. Il n'est pas possible de faire confiance à qui que se soit pour se confier et partager ces moments et ses angoisses. Hetty se sentira surveiller, espionner à chaque instant, puisque la délation est de mise à l'époque pour attraper toute personne qui serait susceptible de ne pas suivre le régime nazi. On découvre ainsi tous ces interdits qui vont petit à petit isoler les juifs des autres pour mieux les exterminer. Une femme ne doit pas fréquenter un juif et mêler son sang pur d'aryenne à celui de ce peuple impur, les représailles pour ces femmes sont redoutables.

Louise Frein utilise une narration unique dans son roman, nous serons donc amenée à suivre Hetty tout au long de ces années. C'est son point de vue sur tout ce qu'il se passe qui nous permettra d'appréhender la situation mais aussi chaque personnage. D'ailleurs l'auteure nous offre vraiment un très large spectre de personnages à découvrir, que nous verrons évoluer au fur et à mesure que les conditions de vie changent en Allemagne. J'ai beaucoup aimé avoir tant de personnalités à découvrir, de son père qui de simple journaliste se verra gravir les échelons chez les SS, devenant de plus en plus haineux avec le temps. de cette mère soumise, qui sera aussi fervente supporter d'un parti qui lui a permis d'avoir certains privilèges. Mais il y a aussi tous ceux qui les entourent, des domestiques aux professeurs, et plus encore de ces enfants qui grandiront auprès d'Hetty, prenant des chemins différents. Ce jeune homme chétif qui en dénonçant son père, a pu se faire une place dans cette idéologie allemande et prendre ainsi de l'importance, ces enfants juifs qui vont se voir humilier en place publique et bien d'autres encore. le roman est construit de façon très développée pour nous permettre de découvrir des points de vue différents sur la situation qui se joue dans ce pays.

L'intrigue évolue tout au long des années d'avant guerre, pour se poursuivre alors que le régime nazi s'impose partout en Europe et la tension monte au fil du temps et des restrictions contre les juifs, jusqu'à ce l'on proclame qu'ils sont le peuple à abattre tout simplement. Au delà d'une histoire d'amour interdite, Louise Fein nous plonge au coeur même de cette Allemagne d'avant guerre, qui menait déjà ses combats : le pouvoir pour instaurer un régime totalitaire et imposer sa doctrine de l'anti-juif, ces hommes et ces femmes allemands de confessions juives qui se sont vus arracher tous leurs biens et leur identité, ainsi que ces allemands qui ont vu leur pays changer et qui ont essayé de lutter contre. Je crois que je pourrai vous parler pendant des heures de ce roman, de ses personnages, de ses idées mais bon je vais stopper là mon avis, avec une conclusion, car je ne voudrais pas vous dévoiler les tenants et les aboutissants de cette histoire que je vous conseille vivement de lire.

La plume de Louise Fein est très additive, c'est un récit très prenant, on est sur le qui-vive et dans la peur que tous ces personnages qui oeuvrent contre les nazis soient découverts ou dénoncés. On s'effraie de ce qu'il pourrait arriver aux personnages que l'on apprécie, on s'imagine aussi la position délicate de Hetty : entre son amour pour sa famille, et celui qu'elle éprouve pour l'ennemi que combat sa famille. J'ai eu un beau coup de coeur pour ce roman, et j'ai regretté quand je l'ai fini car j'aurai aimé le continuer encore. Ce que j'aurai adoré, vraiment, c'est lire ce qu'il s'est passé après, que l'on apprend bien entendu, dans un autre roman. Avoir plus de détails sur ce qu'ont vécu les personnages pendant les années de guerre et après aurait été fabuleux car il y avait matière à écrire un autre roman. Alors vous me direz que c'est de la gourmandise que dans demander plus encore, mais je vous assure que j'ai été frustrée à la fin de savoir ce qu'il s'est passé mais de ne pas avoir eu tout cela en développé. Bon le roman reste toutefois très équilibré et j'ai trouvé très intéressant qu'elle nous propose ainsi de découvrir les années d'avant guerre en Allemagne.
Lien : http://www.livresavie.com/la..
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Hetty et Walter se connaissent depuis toujours. Walter a même sauvé Hetty de la noyade.
Mais au fur et à mesure que les nazis prennent de l'importance en Allemagne, l'amitié puis l'amour de ces derniers sont menacés de même que leur vie.

J'ai beaucoup « aimé » être plongée dans cette Allemagne d'avant-guerre. Il y a un côté horrifiant de constater à quel point il est facile pour une société de basculer. L'autrice nous montre comment la propagande fonctionne dans le quotidien des Allemands et des jeunes en particulier notamment par les Hitlerjugend et La BDM. Cette propagande s'immisce dans tous les aspects de la société et broie les esprits de tout un chacun, elle enlève tout esprit critique et pousse les gens à se détester et se dénoncer parmi. Il faudra une grande force de caractère à Hetty pour sortir de ce cheminement, pour remettre en doute la parole de Hitler et ne pas détester les « non-aryens ».
Ce livre aborde également le rôle accordé à un grand nombre de femmes allemandes de cette période: destinées à être des femmes au foyer vertueuses et des ventres d'un appareil monstrueux (notamment avec les Lebensborn ).
A la fin de cette lecture, je ne peux m'empêcher de penser au nombre de vies qui ont été gâchées durant cette période trouble. Au nombre de destins brisés par ce système totalitaire.
On le sait mais cela n'empêchera probablement pas les humains de reproduire des erreurs similaires, les temps de crises étant particulièrement propices aux pires débordements…
Il ne reste plus qu'à espérer que l'on soit dans le futur davantage attentif.ve.s aux fausses promesses et aux solutions trop faciles. Une citation qui illustre ce propos:

- Je ne suis pas d'accord avec Hitler sur tout. Mais, quand on y réfléchit, il dit aussi des choses bien : faire passer les intérêts de la nation avant ses petits intérêts personnels, faire disparaître les classes sociales, faire régner la loi et l'ordre, éradiquer la maladie et les troubles mentaux, utiliser la science pour améliorer la race humaine. Comment pourrait-on être contre tout cela? En outre, il est le premier dirigeant politique à reconnaître l'importance des femmes: à considérer qu'être mère et femme au foyer est un rôle de premier ordre.
- Mais ce ne sont que des mots, Hetty. Des paroles manipulatrices, trompeuses, fourbes. Regarde plutôt ce qu'il fait. À quoi ça mène. N'écoute pas le poison qu'il distille. Réfléchis. C'est trop simpliste!
- Je ne sais pas, ai-je envie de lui hurler. Je ne sais plus rien!
- Pense plutôt à ce qui se passe dans la réalité, insiste Walter. La peur, la délation, la méfiance généralisée, la restriction des libertés. On ne peut plus parler, penser, ni même ressentir librement. Hitler veut tout contrôler. Il insulte « les masses» en considérant qu'elles sont composées d'individus incapables de réfléchir. Il ne voit qu'un seul moyen de gouverner: écraser, forcer, diviser, dicter. Quant aux femmes! Oh, il les vénère à sa façon. Selon lui, elles joueront un rôle crucial dans son Reich de mille ans, sauf que ce rôle sera réduit à celui de mère et de femme au foyer. Il n'est pas question pour elles de se servir de leur intelligence. C'est même mieux si elles n'en ont pas. Tu es intelligente, Hetty, et tu es un esprit libre. Ça ne te dérange pas de gâcher ton potentiel en te mettant au service des hommes? (p. 226s)
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C'est la voix d'Hetty, la fille d'un dignitaire nazi, qui nous ouvre les portes d'un monde oublié, d'un épisode banni des mémoires, celui des années 30 dans l'Allemagne hitlérienne. Nous sommes les yeux d'une jeune fille de 11 ans dont le quotidien banal se transforme sous l'emprise d'une idéologie qui gangrène dès 1933 toutes les strates d'une société qui vire en délire totalitaire.

La 1ière partie à hauteur d'enfant décrit cette insidieuse destruction de la solidarité et des rapports humains sous l'égide d'une terreur rampante s'insinuant dans tous les pans de la vie sociale, scolaire, amicale, associative.
Jeunesse hitlérienne, Bund Deutscher Mädel, embrigadement et lavage de cerveau, humiliation, formatage scolaire sont explorés à travers les yeux candides et naïfs de cette jeune fille qui cherche à faire de son mieux pour plaire à son entourage et répondre aux attentes de la société.
Walter, sauveur d'Hetty de la noyade, brutalement déchu de son statut d'ami proche de la famille, devenu indésirable, va constituer le grain de sable dans la machine infernale de l'antisémitisme à l'oeuvre. Car la fidèle Hetty aime profondément Walter, sa douceur, sa gentillesse, sa culture.

Dans la 2ème partie, de mai 37 à novembre 38, les lois se durcissent et la société allemande se transforme en un piège mortel où mensonges et violences se déchaînent à l'encontre des juifs et des opposants. Hetty veut encore croire à une issue possible jusqu'à la nuit de cristal où son destin va se sceller.

Dans la 3ième partie, particulièrement émouvante, qui s'achève en août 1939, les dés sont jetés et les vies se brisent…

Malgré quelques faiblesses (style et point de vue peu cohérent avec l'âge de le fillette) ressenties plutôt au début du récit, ce roman traduit de l'anglais m'a finalement beaucoup plu pour plusieurs raisons :
# Son point de vue original, celui d'une enfant qui grandit et devient adulte dans une famille nazie dans les années qui précèdent la guerre.
# L'immersion dans un maelström de « désinformations-propagande-entretien de la peur- chantage » bien documenté, avec une héroïne qui tente de résister malgré le danger mais dont l'esprit reste libre.
# le choix de ne pas traiter des exactions de la guerre en tant que telle, mais de tout ce qui la précède, de la propagande scolaire aux « lebens Born », de tous les signaux d'alerte, de toutes les dérives, de toutes les exactions commises au sein de l'Allemagne hitlérienne au nom d'une idéologie érigée en religion, qui a conduit au pire…
# Un épilogue d'autant plus émouvant qu'on y apprend combien il s'inspire de la réalité du destin familial de l'autrice.
Un roman historique de qualité dont je recommande la lecture à ceux qui sont curieux de comprendre les rouages d'un engrenage dont on sait désormais, et plus que jamais, qu'il peut à tout moment se réenclencher.
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Merci aux éditions Hauteville de m'avoir permis de découvrir La fille du Reich.
C'est un GRAND coup de coeur pour moi. D'abord parce que c'est une magnifique histoire d'amour et franchement, ça fait du bien. Ensuite parce que j'ai appris beaucoup en lisant cet ouvrage. Pour moi, son principal intérêt est de porter, non pas sur la période 39-45, mais sur les années qui précèdent la guerre. En effet, le récit démarre en 1929. du coup, il apporte un réel éclaircissement sur l'enrôlement des citoyens allemands à l'époque. Hitler est au pouvoir, les jalons commencent à se mettre en place. Les enfants sont élevés dans l'idée de la grandeur de l'Allemagne et de la pureté de la race. Ils chantent leur pays, n'étudient que certains livres non censurés, sont "formatés" pour haïr les uns et aduler les autres. On peut aussi y lire des mentions au programme Lebensborn ou aux écoles qui apprennent aux femmes à être de bonnes épouses. A la fin de l'ouvrage, dans la note de l'autrice, Louise Fein nous dit : "Il m'a semblé au bout du compte que mon message serait plus percutant si j'arrivais à me glisser dans la tête d'une nazie. Si je racontais l'histoire d'une jeune fille comme une autre, mais nourrie d'une idéologie perverse, à qui l'on n'avait appris que la haine ...". Oui, le message est percutant et l'on comprend comment Hetty est manipulée par cette idéologie. On comprend ses hésitations et ses doutes lorsqu'il s'agit de remettre en causes les valeurs familiales. A qui se fier finalement lorsque tout sonne faux ?
Je suis sortie de ce livre avec des réponses, probablement aussi des tas de nouvelles questions qui viendront plus tard, mais surtout avec plus de compréhension, comme une bouffée de tolérance.
La lecture de cet ouvrage est nécessaire.
Merci.
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Découvrir la montée du nazisme et son effroyable idéologie en se plaçant du côté ennemi, voilà qui est intéressant et en nous plongeant dans l'histoire de Hetty Heinrich, Louise Fein nous place aux premières loges de l'action puisque cette jeune femme est la fille d'un officier nazi de haut rang. Je n'ai pas hésité un seul instant quand j'ai vu ce livre, je savais qu'il me plairait et dès les première pages, j'ai tout de suite été charmée par l'écriture de l'autrice et l'histoire qu'elle allait nous dérouler.

Ce roman est une fiction, les faits historiques sont néanmoins réels, même si l'autrice, pour les besoins de son roman, a pris quelques libertés en modifiant certains aspects, ces changements n'affectent en rien la qualité du roman.

On découvre la famille Heinrich en 1929, ils vivent dans un petit appartement à Leipzig, Hetty partage sa chambre avec son frère Karl, sa mère ne travaille pas, son père est employé dans un journal. le parti nationaliste amorce sa montée avec, à sa tête, un certain Hitler, orateur hors pair, qui surfe sur la vague de la crise économique mondiale, promet monts et merveilles pour sortir l'Allemagne de la crise et monte son peuple contre les juifs qui sont les ennemis du Reich et responsables de tous les malheurs du pays.

Le père d'Hetty qui adhère totalement à l'idéologie nazie s'engage au parti et monte bien vite les échelons, il entraîne femme et enfants dans les thèses antisémites, le projet de grande Allemagne, la pureté de la race Aryenne et bien vite la famille Heinrich est totalement dévouée à Hitler. La première récompense ne se fait pas attendre puisqu'ils déménagent dans une somptueuse villa d'un quartier chic de la ville. Une villa qui appartient à la riche famille Drucker, l'ancien patron du journal où travaille son père, des juifs arrêtés et déportés, à qui, le parti a tout volé. Dès lors, la vie d'Hetty change, elle ne fréquente plus l'école communale mais un prestigieux collège. Son frère fait partie des jeunesses Hitlériennes. Sa mère, qui jusqu'à présent était cantonnée dans la cuisine, s'occupe d'oeuvres humanitaires, -pour les enfants de race pure précisons-le-. A la cuisine il y a du personnel pour les repas, le ménage et l'intendance. Les Henrich sont de nouveaux riches et font désormais partie des notables de la ville.

On assiste à la métamorphose de cette jeune fille qui, bercée dans les thèses nazi et n'ayant pas véritablement d'autre point de vue pour contrer les informations qu'elle reçoit, devient, elle aussi, une fervente supportrice d'Hitler. Est-ce qu'on peut lui en vouloir ? Voilà la question qui mérite débat ! Il est intéressant de voir à quel point ce Hitler, petit personnage insignifiant qui s'agite dans tous les sens, arrive à retourner le cerveau des gens qui finalement en sont certainement dépourvus. Je suis toujours effrayée de voir à quel point les gens peuvent accepter et adhérer à tout ce qui est relaté eu égard au peuple juif notamment, c'est hallucinant. On se demande qui pourrait faire pencher la balance et ramener Hetty à la raison. Walter peut-être ?

Walter est un jeune homme Juif qu'Hetty connaît depuis longtemps, c'est un ami de son frère Karl, en 1929, il a sauvé Hetty de la noyade, depuis ce temps, la jeune fille est subjuguée par ce jeune homme qui est aussi très charmant, mais juif, il faut le préciser ! Quand les Heinrich emménagent dans la somptueuse villa volée aux Drucker, Walter qui était très lié à Karl sent bien que le vent tourne et qu'il n'est plus vraiment le bienvenu dans cette maison. le jeune homme n'ignore rien des sinistres desseins qu'Hitler nourrit à l'égard des juifs, il est loin d'imaginer qu'Hetty est, elle aussi, adepte des théories nazies.

Les jeunes gens finissent par tomber amoureux l'un de l'autre, même si c'est interdit. Les certitudes d'Hetty commencent à s'effriter au contact de Walter qui lui livre sa propre version des faits. C'est difficile à croire pour la jeune fille, elle a été bercée dans une idée précise et tout s'écroule. Elle doit désormais se faire sa propre opinion et pour cela peut-être se mettre ses parents à dos. Il sera très difficile de s'opposer à son père qui est tout puissant. Sa liaison avec Walter doit rester cachée, ce n'est pas simple quand on est la fille de… et surtout quand on a un ancien copain de quartier qui surveille tout et qui est, lui aussi, amoureux de la jeune femme. Désormais les jeunes gens sont constamment en danger et Walter risque sa vie.

Ce roman nous procure de merveilleuses émotions, c'est un peu les montagnes russes, on oscille entre une terrible colère, un peu comme une révolte qui gronde en nous et qui laisse place à une infinie tristesse face à toute cette ignominie, cette injustice, cette honte. On tremble bien souvent parce qu'Hetty prend beaucoup de risques pour rencontrer Walter qui, lui, en prend encore bien plus, on a du mal à entrevoir une issue positive à cette belle histoire mais on reste plein d'espoir parce qu'on se dit que l'amour doit normalement triompher de tout.

Petit à petit, on se met à apprécier Hetty, on lui trouve des circonstances atténuantes et surtout on découvre une jeune femme courageuse prête à beaucoup de sacrifices pour Walter. La nuit de Cristal marque un tournant dans leur histoire d'amour, désormais Hetty sait, parce qu'elle a vu de ses propres yeux l'horrible sort destiné aux juifs. Dans la suite du récit que je ne vais quand même pas vous révéler, elle fait preuve d'une résilience exemplaire et d'une capacité hors pair à réagir aux évènements qui se présentent. On se dit que finalement cette jeune femme mérite le bonheur, mais comment parler de bonheur dans cette Allemagne nazi qui s'achemine vers la guerre.

Quel beau roman qui nous tient en haleine et nous tourmente jusqu'à la fin. Il bouleverse, chamboule et j'aurais aimé en sortir apaisée mais ce n'est pas le cas, même si le message est porteur d'espoir et que l'histoire d'amour entre Hetty et Walter est magnifique. Je salue l'idée de l'autrice de s'être placée du point de vue Allemand parce qu'au départ, son héroïne devait être juive. Je pense que le roman n'aurait pas eu la même saveur et aurait pris une toute autre dimension.

C'est un énorme coup de coeur en ce qui me concerne.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je pense aux rumeurs concernant la conspiration juive. On ne sait pas ce qu’ils nous préparent, ni pour quand. Parce qu’ils agissent en secret, sournoisement, par l’intermédiaire de gouvernements étrangers. En déclenchant des mouvements révolutionnaires et en encourageant l’agitation politique. En divisant et en déstabilisant. En accédant au pouvoir dans toutes les sphères de la nation. Une goutte de sueur coule le long de ma colonne vertébrale. Hitler va nous mener à la victoire. Il le faut.

Je m’empresse de m’éloigner de l’atmosphère néfaste de ces pierres tombales.

Mais soudain, le visage de Walter apparaît devant moi. Je vois ses boucles blondes. Ses yeux bleus si chaleureux. Son sourire. Comparé aux grosses brutes du tram qui ont l’audace de se prétendre allemands, c’est un être plein de délicatesse…

Walter n’est pas un Juif comme les autres. C’est certain.

Il ne trempe pas dans la conspiration juive internationale.

Il n’a ni le nez crochu ni un regard sournois.

Il est gentil. Il est beau. Il est drôle.
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Ce pavé littéraire se dévore d'une seule traite. Il offre une lecture aisée, fluide et plaisante. L'histoire nous plonge dans l'Allemagne d'avant-guerre, décrivant la montée en puissance du nazisme à travers les yeux de personnages allemands façonnés par la propagande. Il est difficile de ne pas ressentir par moments une vive frustration envers la jeune Hetty, qui, malgré elle, s'engage sur la voie des idéaux radicaux nazis.

Mais au-delà de cette toile de fond historique, c'est avant tout une histoire d'amour qui se déploie, rappelant inévitablement les tragiques amours de Roméo et Juliette. Cette dimension peut donner l'impression d'un réchauffé, même si je reconnais que les histoires d'amour ne sont pas mon genre de prédilection.

Personnellement, j'ai davantage apprécié l'immersion dans la période pré-guerre que l'histoire d'amour en elle-même.
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- Je ne suis pas d'accord avec Hitler sur tout. Mais, quand on y réfléchit, il dit aussi des choses bien : faire passer les intérêts de la nation avant ses petits intérêts personnels, faire disparaître les classes sociales, faire régner la loi et l'ordre, éradiquer la maladie et les troubles mentaux, utiliser la science pour améliorer la race humaine. Comment pourrait-on être contre tout cela? En outre, il est le premier dirigeant politique à reconnaître l'importance des femmes: à considérer qu'être mère et femme au foyer est un rôle de premier ordre.
- Mais ce ne sont que des mots, Hetty. Des paroles manipulatrices, trompeuses, fourbes. Regarde plutôt ce qu’il fait. À quoi ça mène. N'écoute pas le poison qu'il distille. Réfléchis. C'est trop simpliste!
- Je ne sais pas, ai-je envie de lui hurler. Je ne sais plus rien!
- Pense plutôt à ce qui se passe dans la réalité, insiste Walter. La peur, la délation, la méfiance généralisée, la restriction des libertés. On ne peut plus parler, penser, ni même ressentir librement. Hitler veut tout contrôler. Il insulte « les masses» en considérant qu'elles sont composées d'individus incapables de réfléchir. Il ne voit qu’un seul moyen de gouverner: écraser, forcer, diviser, dicter. Quant aux femmes! Oh, il les vénère à sa façon. Selon lui, elles joueront un rôle crucial dans son Reich de mille ans, sauf que ce rôle sera réduit à celui de mère et de femme au foyer. Il n'est pas question pour elles de se servir de leur intelligence. C'est même mieux si elles n'en ont pas. Tu es intelligente, Hetty, et tu es un esprit libre. Ça ne te dérange pas de gâcher ton potentiel en te mettant au service des hommes? (p. 226s)
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Augustusplatz est bondée et on l’a transformée aux dignitaires locaux et à leurs familles, j'ai l'impression d'être une vedette attendant que la caméra tourne.
Il fait froid, je rajuste mon étole de fourrure autour de mon cou.
De puissants projecteurs inondent la place d'une lumière aveuglante. D'immenses drapeaux à l'effigie de la croix
gammée flottent depuis les grands bâtiments qui nous entourent. Sous notre tribune, les hommes d'une équipe de tournage attendent le moment de filmer en fumant près de
leurs trépieds et de leurs caméras. Les plus frileux battent de la semelle en resserrant autour d'eux les pans de leur manteau.
De la foule compacte se détachent des petits drapeaux qui s'agitent au-dessus des visages blafards.
Maman me presse la main.
-C'est au tour de Karl, souffle-t-elle.
Karl s'avance, en uniforme, l'air grave. Il saisit le drapeau de la main gauche et pointe l'autre main vers le ciel, trois doigts tendus comme une flèche. Le menton haut, il regarde
devant lui sans ciller.
-Adolf Hitler, déclame-t-il d'une voix assurée. Tu es notre grand Führer. Ton nom fait trembler l'ennemi. Ton Troisième Reich vient, ta volonté seule fait loi sur Terre. Laisse-nous entendre ta voix chaque jour, imprime ta volonté en nous, car nous t'obéirons aveuglément, au prix de notre vie s'il le faut. Gloire à toi! Heil Hitler.
Ma gorge se noue et un courant chaud venu du plus profond de mon âme se répand en moi. Karl, le meilleur de tous les frères, mon beau Karl aux cheveux et aux yeux noirs, est désormais officiellement membre des Jeunesses hitlériennes. Il appartient à Hitler.
(p. 50s.)
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Je cherche du regard le portrait d’Hitler suspendu au-dessus du manteau. Il me toise d’un air suffisant, par-dessus sa petite moustache.

Pourquoi avoir laissé mourir mon frère ?

Il soutient mon regard, avec ses yeux noirs comme du charbon – froids, arrogants et narquois.

« C’est ta punition, femme de Juif. Voilà ce qui arrive à ceux qui prennent le mauvais chemin, à ceux qui fraient avec l’ennemi. »

Mais Karl était un fils du Reich. Il vous aimait, il vous avait tout donné. Et vous avez pris sa vie. C’est lui que vous avez puni, pas moi. C’était moi, qu’il fallait tuer.

« Quand on fait un pacte avec le diable, c’est lui qui décide du prix à payer… »

À présent, il a un petit sourire ironique.

Et soudain, je ne supporte plus de le voir. J’ai choisi mon camp. Walter va bientôt partir pour épouser cette Anna et je ne le reverrai sans doute jamais, mais je ne peux plus ignorer ni oublier ce que j’ai appris et compris grâce à lui.

Vous mentez, Herr Hitler. Et Karl est mort pour vous. Vous n’êtes qu’un salaud.
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