Citations sur Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... (90)
Elle lui a demandé quoi faire.
« Et que lui avez-vous dit ?
— D'aller se pendre. Il n'y a pas d'issue.»
C'est ça qu'il lui a dit.
Avoir ses idées à soi, c’est dangereux.
Mais notre amitié n'est en fin de compte qu'une amitié de toxicos.
J'ai perdu tout sens des réalités. Pour moi la réalité est irréelle.
La drogue est, depuis toujours, l'un des plus horribles moyens utilisés pour empêcher les hommes de prendre conscience qu'ils sont victimes de l'évolution de la société.
(p.104)
Il m'a dit que, quelques jours auparavant, une jeune fille venue consulter lui a avoué qu'elle se droguait. Elle lui a demandé quoi faire.
"Et que lui avez-vous dit ?
- D'aller se pendre. Il n'y a pas d'issue."
Ça me dégoûte, ce manque total de solidarité entre les filles. Dès qu'il est question des garçons, tous les liens d'amitié sont oubliés.
Nous sommes absolument seuls. Séparés du monde extérieur par d'abruptes murailles blanches. Aucun son ne nous en parvient. Nous n'entendons d'autre bruit que celui des cascades.
Nous avons décidé d'acheter la carrière le jour où elle ne sera plus en exploitation. Nous y construirons des cabanes, nous planterons un immense jardin, nous élèverons des animaux. Et nous dynamiterons l'unique chemin menant à la surface.
De toute façon, nous n'avons aucune envie de retourner là-haut.
Les motivations des drogués d'aujourd'hui sont très différentes de celles des amateurs de hasch et de trips dans les années 60 : il ne s'agit plus, comme chez les hippies d'alors, de rechercher l'élargissement de la conscience, mais sa suppression.
Nous prenons le métro. Ca y est, je flippe. C'est complètement dingue. J'ai l'impression d'être à l'intérieur d'une boîte de conserve où quelqu'un touille avec une cuillère géante. Le vacarme que fait cette rame de métro dans le tunnel est effroyable. Insupportable. Les voyageurs ont tous des masques horribles. C'est-à-dire qu'ils ont la même tête que d'habitude, ces salauds. C'est jusque que je les vois mieux, que je me rends mieux compte à quel point ils ont l'air dégueulasse, ces bourgeois. Ils doivent rentrer de leur saleté de travail. Après, ils vont regarder la télé, aller au pieu, et remettre ça, métro-boulot-dodo.