C’est l’un des paradoxes de la mémoire : quand on vieillit, plus on se rapproche du passé, plus on s’éloigne du présent.
On ne vit plus, on vivote. Citation qui m'a marquée,je vous la partage...
Vitres noires, rideaux de fer, grilles baissées. Chaises empilées les unes sur les autres, serrées, agglutinées - belle métaphore de nos nouveaux interdits. Le plus étrange, c'est qu'en deux ou trois jours je m'y suis habituée : ne plus embrasser, ne plus tendre la main, ne plus chuchoter en cours à l'oreille de Cloé. Sur le trottoir, les gens s'évitent, mordant sur la chaussée pour ne pas passer trop près d'un vieux couple qui marche main dans la main. Des voisins se saluent et échangent quelques mots à une distance prudente. Comme pour nous remémorer notre insouciance passée, des affiches défilent dans les panneaux publicitaires sans spectateurs : enfant perché sur les épaules de son père, grand-mère enlaçant sa petite fille, deux femmes échangeant un baiser.
Bisous, bises et embrassades, ça ne fait que deux jours. Est-ce que ce manque de contact humain durera l'éternité ? (p.5-6)
O.K., on stoppe tout. Natan est présent, Arlette aussi. Les deux sont en piteux état et moi, je suis capable de voir les âmes en peine. Pourquoi, comment et tout le tas de questions qui va avec : je verrai ça plus tard.
Il hausse les épaules, histoire de feindre l’indifférence. En réalité , il tremble de la tête aux pieds. Son visage pâle se fige, comme s’il était submergé par des souvenirs affreux. Est-ce moi qui lui fais revivre les horreurs de la guerre? Est-ce que cet immeuble a été projeté dans une sorte de piège temporel ? Non, impossible, je suis sortie et tout était normal dehors - enfin, pour un confinement.
Vous vous êtes retrouvées, toutes les deux. Vous êtes en vie . Alors dites-vous qu'il n'est jamais trop tard pour avoir le cœur qui bat plus fort.
- Ce métier a exigé beaucoup de moi, tu vois ! Mais il m'a offert en échange le plus beau des cadeaux...
- Quoi ?
- La liberté d'être qui je voulais vraiment.
... monter dans un train, aller voir la mer, embrasser quelqu'un, j'ai l'impression que je ne saurai plus le faire, après - quand ce sera fini. Je resterai dans cette petite pièce, tremblant, je n'oserai pas sortir...
c'est un peu comme un épisode de Koh-Lanta, sauf que je suis seule et que mon île, c'est le rez-de-chaussée d'un bâtiment de cinq étages en vieilles pierres flottant au cœur d'un Paris mort ...
Il y a eu un coup de feu. Puis un second. Les monstres en uniformes sont redescendus.