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Critique de amartia


Entre Fitzcarraldo et Novecento, Maxence Fermine, nous conte l'histoire du seul Noir de toute l'Amazone qui joue sur un piano blanc, à la dérive sur le Rio Négro, aux confins de la Colombie et du Vénézuella, perdu dans la forêt amazonienne.

Echoué au milieu de nulle-part - "ce n'était pas à proprement parler une tarvene, juste un amas de planches rongées par l'humidiét, brûlées par le soleil, et qui tenait debout par miracle." - il perd son piano au jeu mais gagne l'amitié du barman et du patron.

Ce n'est que lorsque le "messager" qu'il attendait l'aura retrouvé qu'il révélera à ses nouveaux compagnons la raison de son errance et de la promesse qu'il a faite à sa femme décédée trois ans auparavant.

"Autour de lui s'installa un lourd silence. Pas un homme n'osait proférer la moindre parole, ni même esquisser le moindre mouvement. le colonel, les lèvres figées en un rictus partagé entre l'étonnement et l'incrédulité, ne savait que dire. Cerveza et Da Silva étaient au bord des larmes. Quant à l'Indien, il était si ému qu'il n'arrivait pas à soutenir le regard de ses compagnons de table.
- C'est la plus belle histoire que j'aie jamais entendue ! s'exclama Da Silva.
Et Cerveza de conclure :
- Je ne savais pas qu'un piano blanc pouvait devenir une preuve d'amour".

Et l'odyssée se poursuit et amène Amazone Steinway à transporter son piano jusqu'au village d'Esmeralda, sur le Cassiquiare.

"Conjuguant leurs efforts, les huit Indiens faisaient tourner le cylindre à l'aide des croisillons de bois. Un tour, un deuxième, un troisième enfin et ils récupéreraient quelques secondes en exhalant l'air de leurs poumons. Les veines saillantes de leurs bras et leurs visages congestionnés démontraient toute la difficulté que requérait un tel exercice. (...) Pourtant, en dépit de toutes ces difficultés, le piano s'élevait dans les airs. Et Amazone Steinway, imperturbable, jouait. Il ne savait s'il faisait cette chose incongrue - jouer de la musique en gravissant une chute d'eau - pour Carmen, pour les Indiens ou pour lui-même, mais il se prêtait au jeu et s'en sortait admirablement."

On ne peut s'empêcher de penser à Fitzcarraldo, mais on est bien loin de la furie de Klauss Kinski interprétant le rôle de l'amateur d'opéra. Non, le ton, le rythme, la poésie de Maxence Fermine, nous font glisser sur ce fleuve au rythme d'un blues, même si, pour atteindre son but, le pianiste devra céder à la folie.

S'il fait partie de jeunes auteurs contemporains à succès, Maxence Fermine, s'en distingue par un style très personnel, tout en finesse et légèreté. Il se lit facilement et il parvient dans chacun de ses romans, à créer une atmosphère profondément poétique. A lire absolument.
Lien : http://meslecturesintantanee..
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