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Critique de Rachelkaposi


LE CREVE-COEUR
Maxence Fermine
Éditions Michel Lafon

« Un matin de mars 2020, un écrivain se réveille, un poids bourdonnant sur la poitrine. Ce dont il souffre, c'est du crève-coeur, un virus mondial prenant les traits d'une guêpe qui entre par les voies respiratoires pour essaimer dans l'organisme et crever le coeur de son aiguillon dans les cas les plus graves. L'écrivain relate son calvaire, sa longue traversée en solitaire pour lutter contre les assauts d'un mal perfide aux mille visages. »

… Et me voici avec entre les mains « le Crève-coeur » de Maxence Fermine, moi qui ai lu, matin après matin, les bulletins de l'auteur relatant journalièrement les fluctuations de son mal.

La situation est en soi inédite. Tant pour l'auteur en question que pour ses lecteurs.
Pour l'auteur, parce que, propulsé au coeur d'une intrigue partagée par l'humanité entière, il se saisit du drame qui lui est imposé pour transmettre ce qu'il vit, et le transformer en un témoignage poignant de vérité.

Pour les lecteurs, parce que si l'approche de Maxence Fermine est de ce fait teintée de son propre ressenti, de sa propre colère, de sa douleur, nous nous trouvons tous plus ou moins liés à l'intrigue, et parfois doublement : d'une part parce que cette pandémie nous touche tous dans chacune de nos vies, d'autre part parce que nous avons été, au fil des jours, les dépositaires, témoins, confidents de l'écrivain malade, et avons suivi les épisodes de l'histoire avant même de l'avoir lue.

La dimension supplémentaire est le choix fait par Maxence Fermine, tant dans les billets que dans le roman, de se faire assister de ses plus chers amis, écrivains, poètes, et chanteurs, tous cités en remerciement en fin d'ouvrage. Ce qui rajoute une complicité nouvelle, celle de traits d'union culturels existant entre l'écrivain et ses lecteurs.

Alors oui, cette autofiction est évocatrice pour nous en raison de cet ensemble de ponts initialement instaurés par l'auteur, en raison aussi de son inébranlable fidélité que les pires moments de la maladie (douleur, stress, fatigue) n'ont pas réussi à altérer. Elle ne peut que forcer l'admiration.

A tort ou à raison, «le Crève-coeur » m'a fait pensé à un autre roman de Maxence Fermine : « L'Apiculteur ». Parallèle entre les abeilles et les guêpes tueuses, « L'or de la vie » et le poison mortel, et dans les deux cas, nécessité de traverser les pires épreuves pour parvenir à l'essentiel, même si, dans ce dernier livre, l'auteur se serait bien passé de cette forme d'initiation.

Alors que restera-t-il de ce roman ? L'écriture du romancier, le témoignage inédit de l'écrivain sur une maladie ayant pu lui faire perdre la vie ? Une réflexion sur ce qu'a été, et est toujours cette pandémie sur le plan politique, économique, sociétal ? Ou encore un questionnement écologique sur ce que ce virus planétaire a pu révéler ?

Il y a dans ce livre incontestablement l'aspect historique d'une histoire en devenir, d'un présent décrit à la première personne qui pourrait se traduire en un « je » nous appartenant, et l'évocation à un temps « T » de ce qui sera sans aucun doute possible l'événement marquant de ce siècle.

Le Crève-coeur est donc un livre à lire au présent, en tant que roman, et à relire, plus tard, lorsque tout cela sera fini, en tant que témoignage d'une période ayant eu la capacité de faire basculer le monde, et que nous pourrons peut-être comprendre, au-delà de l'autofiction, ce qui s'est réellement joué, en 2021, pour l'humanité.


Rachel
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