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Critique de Flaubauski


Neige est ma quatrième lecture d'un récit de Maxence Fermine, après Billard Blues, Opium et L'apiculteur, et comme d'habitude, je ressors à la fois enchantée et surprise de cette lecture.

Enchantée car Neige est encore un magnifique récit, empreint de poésie, de sensibilité et de magie : Maxence Fermine nous transporte cette fois dans un ailleurs extrême oriental, celui du Japon de la fin du XIXème siècle.
Je trouve justement que le choix de ses chapitres concis, présents dans nombre de ses oeuvres, correspond parfaitement à ce pays, chantre de la concision poétique grâce aux haïkus. Les haïkus sont eux-même omniprésents dans ce court récit, autant dans les créations de Yuko, jeune peintre en devenir et personnage principal, que dans l'ajout en tête de certains chapitres d'haïkus écrits par des maîtres de ce genre (Bashô, Sôseki...).
L'enchantement s'explique aussi par le genre choisi : j'ai eu la sensation de lire un petit conte, à la fois philosophique et merveilleux, qui donne à réfléchir au rôle des rêves et des passions sur notre vie (comment ils peuvent la bouleverser de manière positive si l'on décide de les suivre, envers et contre tous les carcans, notamment familiaux).

Ensuite surprise car au style poétique et sensible que je connaissais de cet auteur s'ajoute cette fois une écriture parfois plus simple, plus froide et plus distante, très proche de l'écriture même de Yuko, le poète de la neige, et plus généralement de celle de la littérature asiatique. J'ai ressenti un vif contraste par rapport à L'apiculteur, récit beaucoup plus coloré et vivant, empreint au contraire de littérature méditerranéenne. On a vraiment l'impression que l'auteur s'imprègne vraiment de son sujet au point de déteindre sur son style d'écriture, ce que j'apprécie grandement !

Encore une lecture passionnante et merveilleuse, que j'ai, encore plus que les autres, trouvée bien trop rapide - seulement 96 pages !

Pour terminer cette chronique, j'ai envie de citer un passage que j'ai particulièrement apprécié, qui est plutôt caractéristique de l'écriture de Maxence Fermine, et qui fonctionne presque comme un manifeste poétique :

" En vérité, le poète, le vrai poète, possède l'art du funambule. Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe."
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