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Critique de PatriceG


Dans la main de l'ange, roman publié en 1982 qui vaudra à son auteur la même année le Goncourt, soit cinquante ans après le Fémina obtenu par son père Ramon Fernandez.

Ce dernier mourut en 1944, aussi il n'aura pas eu le bonheur de voir cette littérature couronnée de prix prestigieux s'inviter une deuxième fois dans la maison Fernandez sous la plume ascendante cette fois.

Dominique Fernandez écrira un livre sur son père, s'interrogeant sur son passé controversé de socialiste puis de collaborationniste, et nourri des nombreux mystères de la vie qu'il a emportés avec lui, notamment ce détachement familial. Oui, il faut que les pères se marquent une fois pour toutes dans la tête qu'ils ont un devoir de lignée et qu'on ne dispose pas impunément des siens pour aller butiner ailleurs. Il est un honneur qui demeure ici quoiqu'il en soit, celui du fils de faire encore mieux que son père : de rafler le plus grand prix littéraire français (nous sommes en 1982), surtout quand ses origines remontent au Mexique ..

Alors quand je lis Dans la main de l'ange, le roman qui consacre l'écrivain Dominique Fernandez, à travers la passion qu'il manifeste pour Pier Paolo Pasolini, PPP, "né à Bologne le 5 mars 1922", pauvre qui deviendra à la fois communiste et l'immense cinéaste que l'on sait : L'Evangile selon Sant-Matthieu, Théorème, Oedipe roi .., on ne peut s'empêcher de penser que l'auteur brouille là les cartes de son passé, de sa vie d'après celle du temps de son père et qu'un nouveau paradoxe va l'éblouir, selon l'épigraphe de Dans la main de l'ange : "On ne peint bien que son propre coeur, en l'attribuant à un autre".

J'ai une bonne anecdote personnelle à propos de Dominique Fernandez. A propos de son Tolstoï de 2010, année du centenaire de sa mort, Je lis incidemment sur internet un papier avantageux sur le grand écrivain, sans savoir qui l'a écrit. Je trouve ça tellement bien écrit, d'une plume soyeuse et si juste .. Bien sûr que je vais le lire jusqu'au bout, mais surtout pour savoir qui a écrit cela et je découvre alors qu'il s'agit de Dominique Fernandez !

Je me demande si on n'a pas intérêt à lire parfois les yeux bandés ou les oreilles closes un auteur qu'on se surprend à aimer quand on découvre après qu'il s'agit d'un auteur au dessus du lot. Ca m'avait déjà fait la même impression quand j'avais entendu lire une lettre de Paul Claudel à la radio sans savoir qu'elle était de lui, il me semble que c'était à la faveur de Camille, et j'avais trouvé cela époustouflant, je me suis dit alors voilà une écriture comme j'aime, ni plus, ni moins, et c'est ainsi que j'ai découvert Paul Claudel..

Il me semble qu'on ne peut aimer un auteur que si l'on a déjà un pied dans son jardin, une sorte d'affiliation.. Je doute de l'altérité comme a voulu nous l'enseigner Jean-Marie le Clézio trop souvent dans ses écrits et quand il se commet à ne pas l'être, il est génial. Ici, c'est une passion que deux générations ont eu en spectacle, l'histoire d'un homme si singulier, son cinéma extraordinaire, que l'on va retrouver mort un jour assassiné sur une plage près de Rome , mort restée assez mystérieuse ! le jeune PPP va passer 7 ans à Bologne qui seront les plus belles de sa vie, sa vie au lycée Galvani, ses découvertes littéraires chez le bouquiniste d'â côté : Dostoïevski, Tolstoï, Shakespeare ..

Mais voyons plutôt ce que nous écrit Dominique Fernandez à son propos :

" Je suis né à Bologne, le 5 mars 1922. Que de choses, cher Gennariello, contenues dans ces quelques mots : Et comme je me réjouis que tu aies le coeur assez simple, assez pur, et l'esprit encore tout frais et ouvert au spectacle du monde ! Je n'aurai pas besoin de brouiller artificiellement l'ordre de mon récit, ni peur de commencer par le début. Tu es mon destinataire, mon seul destinataire, je n'en veux pas d'autres. Reste toujours le garçon napolitain que j'aime, vif, sincère, robuste d'âme et de corps, prêt à entrer dans chaque nouveau livre avec le sérieux d'un enfant pauvre qui va pour la première fois à l'école, mais aussi à le rejeter en riant aux éclats si l'auteur t'assomme par un style compliqué et obscur.."
"


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