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Critique de Patsales


Plus parabole qu'enquête sociologique, ce roman sur le rôle des livres est assez subtil pour poser plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Je ne suis d'ailleurs pas sûre que le livre en soit le sujet principal. L'objet n'a pas une grande puissance évocatrice. Volé pour de rire par les enfants, manié avec plus ou moins de distance par les adultes, il ne s'impose pas comme puissance symbolique. Lire est une nécessité pour s'insérer dans le monde, l'école une discipline laborieuse et humiliante: non, la chose imprimée ne fait guère rêver.
Mais la lecture, la parole lue, les mots oralisés, le dit du conteur qui captive, voilà sans doute tout le bonheur des histoires : celles qu'on écoute, qu'on interrompt, qu'on questionne -n'est-ce pas Bettelheim qui disait qu'une histoire ne vaut que si l'enfant l'a entendue sur les genoux de ses parents, que si elle s'est faite sensuelle avant que d'être sensible.
L'écriture permet de se défendre et de comprendre, elle a à voir avec la froide rationalité. La voix porte les contes et les mythes, elle unifie, rassemble et donne du sens. Elle magnifie les gitans et fait grandir les enfants.
Pourquoi Esther vient-elle tous les mercredis au milieu des caravanes? Par désir de justice sociale? Parce que ses propres enfants sont grands ou trop occupés par les écrans, qu'elle n'aime rien tant qu'être celle qui la première ensemence un cerveau vierge et sans références? Sans doute d'abord parce qu'elle est juive et qu'elle partage avec les gitans le discutable avantage d'être de la race des proscrits et des survivants.
Esther l'étoile croit en son rôle de guide. Mais guide vers quoi? Vers le conformisme ? Vers l'acceptation ? Au moment où la famille est expulsée, elle leur apprend la fable du savetier et du financier. Moralité: être riche, quel sacerdoce. Restez pauvre, vous y gagnez la liberté. Quand la littérature fait bon ménage avec l'idéologie la plus rance. Parce que le livre, ça peut être ça aussi.
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