AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Melisende


Le Journal de Bridget Jones, fortement inspiré (le premier tome uniquement puisqu'il réécrit l'histoire de façon moderne!) d'Orgueil et préjugés de Jane Austen, fait plusieurs fois références à l'oeuvre d'origine ou, comme dans ce deuxième opus, à Colin Firth qui a incarné Mr Darcy dans l'adaptation de 1995. le fait d'appeler son héros Darcy et de choisir cet acteur en particulier pour incarner le personnage dans les adaptations, ne sont pas des décisions anodines d'Helen Fielding… Tout est lié ! ;)

J'ai commencé cette lecture, désireuse de tomber sur une histoire légère pour terminer mes vacances dans les meilleures conditions. Bridget Jones est une histoire que j'apprécie à l'écran (notamment le premier film) et je me souviens avoir plutôt apprécié ma découverte du premier tome… j'étais donc pleine d'optimisme en ouvrant les premières pages, et j'ai vite déchanté.
Voilà une grosse déception que ce deuxième tome. L'héroïne, qu'on pourrait croire grandie vu le sous-titre L'Age de raison… - n'est plus une gaffeuse amusante mais une idiote irresponsable qui vit des aventures complètement abracadabrantes, sans queue ni tête et qui sont interminables… Franchement, contentez-vous des films et/ou du premier tome !

L'intérêt, il me semble, de ce journal, c'est de suivre une héroïne pour laquelle on éprouve de la sympathie et même à laquelle on peut s'identifier en tant que jeune femme plus ou moins trentenaire connaissant les déboires - amoureux ou non - de la vie au début du XXIe siècle… le problème c'est que là où j'étais censée trouver une jeune femme pétillante, moderne, maladroite mais attachante, gaffeuse mais amusante… je suis tombée sur une trentenaire défraichie, débile légère qui ne peut pas ouvrir la bouche sans prononcer une énormité et qui semble chercher les ennuis quotidiennement (elle réfléchirait deux minutes, ferait un minimum d'efforts d'organisation et de maturité… et les trois quarts de ses ennuis s'évanouiraient !). Bridget ne m'a absolument pas fait rire. Non. Elle m'a fait pitié. JAMAIS je ne pourrai m'identifier à une nana pareille. Et si un jour je commence à lui ressembler (il y a vraiment peu de chance !), s'il vous plaît, finissez-en au plus vite ! Autant j'apprécie la Bridget des films, incarnée par Renée Zellweger, qui atteint un juste milieu et me fait vraiment rire, autant la Bridget originale (du moins dans ce deuxième tome), me sort par les yeux ! En plus elle rate la seule occasion miraculeuse qu'elle a obtenue d'interviewer Colin Firth… un bide absolu. Tellement « too much » que les quatre ou cinq pages pendant lesquelles, obsédée par la chemise de Monsieur Darcy dans la version Orgueil et préjugés de 1995, elle ne cesse de revenir à cette fameuse scène du lac, m'ont semblé lourdes et interminables… et j'avais honte pour elle.

Et si seulement les autres personnages redressaient la barre… mais non ! Pas un pour rattraper l'autre. Ils sont tous cinglés dans cette histoire et ont sérieusement besoin d'aller consulter. Et comme pour Bridget, là où les frasques de la mère et des amis font rire dans les films, ici c'est juste lourd, insupportable et vraiment pathétique. Avec un entourage pareil, sûr qu'elle n'est pas aidée la Bridget…
Quant au fameux Mark Darcy, a priori l'homme parfait… je n'aurais jamais cru qu'en fait, c'était un gros beauf qui ne pensait qu'au foot… et n'avait quasiment aucune conversation ! Heureusement qu'il la sauve plus d'une fois de situations ridicules, car sinon, je me demande bien ce qu'on pourrait lui trouver. A côté de ça, à l'écran nous avons un Colin Firth plutôt en forme, incarnant le rôle d'un homme plutôt distingué et même amusant dans sa réserve… absolument rien à voir entre les deux supports (et comme vous vous en doutez, je préfère mille fois le Darcy à l'écran !!!).

Je vous ai parlé des personnages - et notamment de l'héroïne - assez insupportables et ridicules… mais que peut-il bien leur arriver dans ces 400 pages ? Eh bien nous suivons la vie « passionnante » de Bridget sur une année complète. Il lui faut gérer sa vie professionnelle, sa mère envahissante, ses amis tout aussi envahissants (le téléphone ne coûte pas cher…), ses amours difficiles et des travaux dans son appartement. D'ailleurs, qui à part Bridget Jones, pourrait attendre six mois en hiver avec un trou énorme dans un de ses murs (risquant cambriolage et autres désagréments) - n'ayant plus de nouvelles de l'artisan qui s'est barré avec quelques milliers de livres -, avant de se bouger les fesses ? Cette fille est un cas désespéré, je vous le dis. Et plus les pages défilent, plus les situations complètement abracadabrantes se multiplient et moins j'avais envie de rire…
Le quotidien d'une trentenaire qui se veut « normale » et qui devrait donc toucher la majorité des lectrices… je dois être particulièrement anormale pour ma part et ma vie est certes relativement ennuyeuse à côté, mais au moins, je sais placer l'Allemagne sur une carte (je vous rappelle que Bridget est anglaise) et lorsque je pars en voyage à l'autre bout du monde (bon, ça ne m'est encore jamais arrivée, l'Irlande c'est le plus loin que je suis allée !), j'évite de me mettre à préparer ma valise cinq minutes avant l'arrivée du taxi (surtout si je n'ai aucune idée d'où est mon passeport). Cela dit, je suis plus du genre Monica Geller/Bree van de Kamp ; ma valise, je commence à la préparer une semaine à l'avance (et j'oublie quand même des trucs… aheum). Bridget fait partie d'une espèce féminine que je ne comprends pas… ça ne pouvait donc pas marcher entre nous.

Enfin, comme il s'agit d'un journal, le texte est présenté comme tel, à savoir : des entrées successives datées (souvent introduites par une sorte de mini-chapeau, j'y reviendrai !), le tout rédigé dans un style très oralisant, parfois entrecoupé et évidemment, à la première personne du singulier.
Si dans l'ensemble, je trouve le style de la narratrice plutôt fluide et agréable à parcourir, j'ai tiqué plusieurs fois par l'emploi d'expressions qui, à mon sens, ne vont pas avec le reste. Bridget est une gourde au QI d'huître, mais elle s'exprime tout de même pas trop mal dans son journal… à part quelques termes qui dénotent vraiment (je pense à « baiser » qui revient relativement souvent et à un ou deux autres). Si l'ensemble du texte était sur le même registre, je ne serais pas gênée mais là, je trouve qu'il y a un décalage. Est-ce une erreur de la traduction ou une accentuation voulue par l'auteure ? J'chais pas. Mais pour moi ça coince.
Quant aux mini-introductions quasi systématiques, résumant la journée de Bridget en chiffres et pensées hautement philosophiques ; elles nous apprennent que l'héroïne est une alcoolique qui fume comme un pompier, qui avale 5000 calories par jour et qui, comble de l'horreur, pèse 57 ou 58 kilos, selon le bon vouloir de sa balance. Et alors là mesdemoiselles et mesdames, ne montez plus sur votre balance car selon Bridget (et donc Helen Fielding, j'imagine), peser 57 ou 58 kgs revient à être considérée comme un tonneau plein de bourrelets et de graisse (qu'est-ce que je devrais dire… heureusement, je n'ai pas de balance chez moi !). Trouver ce genre de réflexions dans un best-seller, moi, ça me gêne. Considérant une taille moyenne de la population féminine d'1m65, je ne trouve pas que ce poids soit une infamie et que celles qui le dépassent doivent rester calfeutrées chez elles, ou se priver de tout. Se voir répéter à chaque page (ou presque), que 57/58kgs c'est gros, c'est immonde et tout ce que vous voulez, ça m'agace. Je sais qu'il faut moins que ça pour influencer certaines jeunes filles/jeunes femmes et sans utiliser des gros mots comme « anorexie », si on arrêtait de balancer des conneries pareilles dans des livres aussi lus, ça ne pourrait pas faire de mal. Alors je sais, le Journal de Bridget Jones c'est du second degré (d'ailleurs, Bridget n'arrive jamais à mincir et finit quand même par être heureuse) et croyez-moi, mes 60kgs et moi ne nous feront jamais de bile à cause de l'histoire d'Helen Fielding… mais ce n'est pas le cas de tout le monde.

Une héroïne qui m'exaspère plus qu'elle ne me fait sourire, son entourage qui ne relève absolument pas le niveau et des situations abracadabrantes ridicules… le tout sur 400 pages interminables. J'efface ce deuxième tome de ma mémoire et garde plutôt en tête les films (le deuxième volet n'a d'ailleurs rien à voir avec le texte qu'il est censé mettre en images…)… et je vous conseille de faire de même !
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}