- Le poison de Tezcatlipoca est insidieux. L'infection va gagner le sang et empoisonner tout ton corps. Tu auras des vertiges, des vomissements, tu perdras tes cheveux et enfin mourras dans d'atroces souffrances.
- Tu vois, je savais bien que je n'avais pas à m'inquiéter, grimaça Thym avec ironie.
- [...] Il n'y a rien à craindre.
- C'est aussi ce que dit la mouche qui se balade sur la feuille de la dionée. Jusqu'à ce que le piège se referme brutalement sur elle et qu'il ne soit trop tard.
Les ents partaient de leur royaume dès leur maturité pour trouver l'arbre qui deviendrait leur résidence définitive. La fusion des deux formait alors une dryade, un être végétal garant de l'équilibre naturel de toute une région.
Il faillit céder à un soudain désir de violence. Il avait envie de frapper pour exsuder cette amertume. Avant qu'il ne puisse agir, la vague de colère se brisa en lui sur un sentiment plus fort et plus profond, sa compagne de ces trois derniers jours, la mélancolie.
- Alors ? demanda-t-elle, les mains sur les hanches et un sourire narquois sur le visage. Comment se sent-on couvert par la peau d'animaux morts ?
- Tiraillé, grimaça Thym, qui appréciait l'isolation qu'offrait le cuir contre sa peau mais détestait l'odeur de mort qui l'encerclait.
- Tu crois au hasard ? demanda-t-il à Galymède qui touillait les braises avec un petit bâton.
- Je m'en méfie. Je préfère croire qu'il y a une explication pour toute chose. Mais je préfère le hasard à d'autres notions comme la fatalité ou le destin. Ceux-là, on les utilise quand on ne sait pas qui accuser. Je refuse de croire à une force supérieure qui s'amuserait à jouer aux échecs avec nos vies. Je ne veux pas être un pion.
- Je suis assez d'accord. Pourtant il y a des événements qui s'entrechoquent et provoquent une suite de réactions qui auraient pu ne pas exister. [...]
- C'est ce que les scientifiques de chez moi appellent la théorie du chaos, indique Galymède en bâillant à s'en décrocher la mâchoire.
"Affronte cette peur au lieu de la fuir. Apprends de tes mésaventures et laisse ton instinct te guider."
Les gens ne croyaient plus aux fées. L'opinion publique drapait le monde féerique de bien tristes oripeaux.
La fée lui montra son dos et l'elfe posa sa main rugueuse entre ses omoplates. Le contact était étrange, comme si une écorce vivante la touchait. Puis un curieux fourmillement s'insinua en elle depuis le point de pression, traversant ses côtes pour se nicher dans sa poitrine.
C'était une sensation qu'elle reconnut aussitôt: celle de la magie qui naissait au crépuscule.