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Critique de djdri25


Dans la nouvelle -Un coeur simple- de Flaubert, La servante Félicité, est totalement dévouée à sa maîtresse Madame Aubain, bourgeoise désargentée dont le mari est mort lui laissant deux enfants et des dettes.
On lui envie cette servante qui lui a été fidèle pendant cinquante ans. Elle possède toutes les vertus de l'époque ; elle est pieuse, économe, efficace, travailleuse, aimante, généreuse, sensible au malheur des autres, charitable, mais aussi très naïve et dévote, ne comprenant pas vraiment le monde qui l'entoure pas plus que la théologie.
Félicité a eu une enfance malheureuse, elle est malchanceuse en amour. Son éducation ne l'a pas préparée à voir le monde tel qu'il est. Elle ne le voit qu'à travers le prisme déformant d'une femme au coeur généreux mais à la pensée étriquée.
Félicité c'est d'abord un coeur ambulant ; elle s'attache à tous les personnages de l'histoire dont les deux enfants de Madame Aubain et son neveu qu'elle va aimer comme ses propres enfants, elle en concevra un immense chagrin à la disparition de deux d'entre eux. Elle leur est entièrement dévouée. Autant qu'elle est dévouée à sa maitresse pourtant hautaine à son égard et que peu de gens qui la connaissent apprécient.
A ce moment là de l'histoire on ne peut qu'éprouver de la compassion pour la belle âme de Félicité qui porte bien son nom.
Mais ce qui suit fait de cette nouvelle une histoire baroque. Après la mort des êtres chers qu'elle aimait, un jour, on lui offre un perroquet, c'est naturellement qu'elle s'attache à lui comme à un être humain. A la mort de l'oiseau, elle en éprouve un immense chagrin et sur les conseils de Madame Aubain, elle le fait empailler et le garde dans sa chambre jusqu'à sa propre mort.
C'est alors que Félicité le compare au Saint-Esprit et en fait une divinité, une idole, elle leur trouve une ressemblance frappante, elle achète même une image d'Épinal du Saint-Esprit qu'elle place à côté du perroquet et les contemple ainsi en les confondant, en extase. Cette femme qui a été pieuse toute sa vie trouve là un chemin de lumière. Elle l'aimera ainsi empaillée jusqu'à sa mort et sera en adoration devant son corps même défigurée par la vermine. A sa mort, dans une ultime vision elle voit un grand oiseau bleu dans le ciel.
La bonté, l'attachement, la générosité du personnage de Félicité sont mis en valeur mais aussi sa naïveté, sa dévotion qui la pousseront aux confins de la folie en adoration devant un perroquet, oiseau fétiche, égal de Dieu.
Flaubert ne manque pas l'occasion dans cette nouvelle montrer les contradictions de l'être humain, de la morale et la religion. Il développe aussi l'humour, le comique de situation mais aussi l'ironie et la critique de la société bourgeoise. Cette nouvelle dans sa construction textuelle ainsi que celle de ses personnages est surprenante et nous interpelle. Il s'est quelque peu amusé mais quelque chose de la dégradation soit du monde soit de la littérature qui précède s'y joue. Flaubert veut passer à autre chose.
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