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Critique de KotolineBastacosi


C'est presque à la fin de sa vie, et déjà très fatigué, que Flaubert "tente" l'écriture de trois contes, ne sachant pas s'il est encore capable d'écrire convenablement. Lui, le génial Flaubert, qui doute de son art. En quelques mois il réalise ce petit chef-d'oeuvre, qui devient un des plus grands classiques parmi les contes.

Un coeur simple est l'histoire de Félicité, qui reste fidèle toute sa vie à sa maîtresse, Madame Aubain, après une brève histoire d'amour décevante. Elle donne tout son bon coeur aux enfants de sa maîtresse, Paul et Virginie et s'inquiète en même temps de son propre neveu, qui trouvera la mort, comme Virginie. Ces deux pertes cruelles rapprochent les deux vieilles femmes. Avec le temps, Félicité devient sourde, et tout se passe alors dans une atmophère ouatée et silencieuse, tandis qu'un magnifique perroquet vert est donné à la servante. Elle l'aime tant qu'elle le fait empailler quand il meurt et le garde près d'elle jusqu'à ce que l'heure de la mort sonne pour elle également, tout en l'assimilant à Jésus Christ au moment suprême.L'écriture flaubertienne, simple en apparence, est d'une justesse émouvante, et le récit se lit dans une grande émotion. Tout est douceur, exemplarité, et les dernières lignes du conte, dans leur apparente naïveté, élèvent l'âme.

Le second conte, la Légende de St Julien l'hospitalier, est tiré d'un récit hagiographique, et nous plonge au temps du Moyen-Age. Je ne raconterai pas l'histoire, elle est trop mystérieuse et magnifique (Un cerf apprend à Julien qu'il assassinera un jour son père et sa mère, et celui-ci décide de fuir pour échapper à cette prédiction) - mais je dirai simplement que sa construction est absolument géniale, le style d'une pureté rarement égalée, les images bouleversantes, et l'intrigue - car il y en a une - ou le suspens, nous tient en haleine jusqu'au bout. Un petit bijou, où le merveilleux et le mystique s'interpénètrent. Un de mes contes favoris.

Quant à Hérodias (la nièce et l'amante d'Hérode), c'est l'histoire de Saint Jean Baptiste, qui dénonce l'inceste et qui annonce la venue du Messie, et qui se verra la tête coupée, selon le récit biblique, en récompense de la danse de Salomé, devant le Tétrarque. Un récit babylonien, pour ainsi dire, comparable à Salambbô, pour ses descriptions incomparables, foisonnantes, qui sont la marque même du génie de Flaubert.

Trois petits contes que l'on relit souvent, et dont certaines phrases se gravent à jamais dans notre mémoire, par leur beauté tantôt simple, tantôt grandiose.
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