D'abord, je préférerais garder les mots, sans la musique.Mais après, je choisirai de garder la musique sans les mots, pour écouter ce que les mots ne m'auraient pas appris ».
Mon vieux maître Abba m'avait prévenu : « Les légendes semblent être trop belles pour être vraies. Mais il faut croire en elles, car elles seules sont plus fortes que la laideur et la réalité. Tout être tente de faire de sa vie une légende : c'est la seule façon de ne pas désespérer et de rendre l'existence supportable en l'ouvrant à un temps au de-là du sien propre.Car on dit que les légendes sont éternelles.
« On sait qu'apprendre à parler et apprendre à écrire son des processus d'imitation.Mais l'apprentissage de la parole est tourné vers l'imagination, celui de l'écriture vers la mémoire.Parler, c'est dépenser. Écrire, c'est conserver. J'ai donc commencé par apprendre à me souvenir de ce que je ne connaissais pas, de ce que je n'avais pas encore vécu. «
« Dans le meilleur des cas, les idées sont le royaume de ce qui n'existe pas, dans son effort pour exister.Mais parfois les idées sont le royaume de ce qui n'existe pas, dans son confort de ne pas exister. »
« Je ne puis croire que dans n'importe quelle légende on ne se soit jamais battu davantage ni plus désespérément pour n'importe quelle femme qu'on ne sait battu pour toi en moi, et cela depuis le début et sans cesse de nouveau et peut être pour toujours. » Fanz Kafka, lettres à Felice.
« Lumière avec le lettre L à l'initiale, aurait pu donner ce titre à ce chapitre dans un autre variante de cette histoire où la vérité, si elle existe, l'aurait emporté sur la littérature. A vrai dire, n'est ce pas la littérature qui fait la lumière, si l'on peut dire ? Ce mot « lumière » Alma m'avait appris à le prononcer en français avec son accent hongrois, au cours du dernier été dans l'ancien monde, et mon vieux maître Abba avait trouvé des stratagèmes pour m'en livrer le sens. Dans notre cachette au fin fond de la Transylvanie, une nuit dans la pièce sans fenêtre où avaient lieu nos conversations, il avait soufflé la chandelle, nous plongeant donc l'obscurité totale. Il m'avait alors demandé : « Maintenant qu' est ce qui te manque ? » A sa grande surprise, j'avais répondu : « Plus rien ». et il me semblait l'avoir déçu. Alors il avait rallumé la chandelle, avait ouvert devant moi mon vieux dictionnaire bilingue, et m'avait demandé de lire à voix haute, en les repérant, égrenés au fil des pages, tous les mots que j'avais appris. Intrigué, j'avais commencé l'exercice par la lettre A, m'efforçant à la meilleure prononciation.Quand j'allais arriver au mot « Lumière » mon vieux maître avait soufflé la chandelle une seconde fois et, à nouveau, il m'avait demandé : « Maintenant, qu'est ce qui te manque ? » Alors j'avais répondu : « Le livre. »
L'ivresse, c'est quand un être s'est légèrement séparé de son identité sociale, pour ne plus être que celui qu'il peut aimer en lui même.
« Un homme qui ne sait rien, qui n'a rien appris, fait il quand même partie de l'Humanité ?. Il m'avait répondu : Dès qu'un homme sait parler, il est capable de tout savoir, de tout apprendre.Et même s'il n'apprend rien, il sait : il sait au moins qu'il est un Homme. »
« Alors que l'Humanité est ce qui rend tous les hommes présents en un seul homme, elle est en même temps ce qui donne la conscience à chaque homme d'être unique. L'Humanité c'est une ressemblance en laquelle toutes les différences trouvent un sens. L'Humanité est une question lancée à travers l'espace et le temps, aux confins du visible, du connaissable, de l'imaginable. » *
« Mon vieux maître m'avait fait cette remarque : Il y a donc bien plus de ressemblance que de différence entre le gorille et nous.Mais une différence infiniment plus minime encore, entre un homme et un autre homme, peut faire de l'un l'ennemi mortel de l'autre sans que celui qui cherche à exterminer l'autre comprenne qu'il entreprend le processus de a propre fin.