Citations sur EBEN ou les yeux de la nuit (27)
En 1900, il fallait sept Noirs pour contrer la parole d'un Blanc. Au tribunal, les Blancs avaient toujours raison : la loi était faite pour ça.
(...) bien sûr le passé fait mal, mais il faut parler quand même ; écrire, raconter, transmettre, pour que tout le monde sache...
Sans l'Histoire, tu ne comprends rien, c'est comme marcher en pleine rue les yeux bandés : tu te cognes, tu ne sais pas où tu vas ni d'où tu viens et tu finis par te faire écraser par un camion.
Six mois plus tard, le général von Trotha est arrivé - le général terrible, avec des milliers de soldats, des canons, des fusils, des mitrailleuses, et un mot d'ordre signé par l'empereur Guillaume II: Vernichtungsbefehl.
Tuez-les tous... Extermination totale. (...)
- Tuez aussi les petits! il a dit, comme si on était des animaux.
Ils mesuraient nos crânes, ils les prenaient en photo, qu’ils classaient dans de grands cahiers couverts de notes et de dessins, et ils les envoyaient à Berlin, aux universités, pour que d’autres savants là-bas les mesurent à leur tour, afin que chacun sache à quel point le Noir était inférieur au Blanc – à cause de deux millimètres de différence entre l’orbite et l’os frontal. Enfin, tout ça, c’étaient des prétextes, comme dit Isaac : ils voulaient nos richesses et nos terres, il leur suffisait de démontrer qu’on était une race inférieure, et le tour était joué… Pour eux, l’Afrique n’était peuplée que par des animaux, certains marchants sur deux pattes. Ils avaient oublié qu’on lisait la Bible et qu’on jouait parfois du piano, ou aux échecs.
Quelques jours par an, le désert du Kalahari se couvre de fleurs de toutes les couleurs, c'est l'âme des morts qui fleurit ces jours-là, pour qu'on ne les oublie pas.
Et tiens, comme par hasard, ces milliers de fleurs, c'est à la fin du mois d'août qu'elles explosent, juste pour la fête des Hereros - mais il n'y a pas de hasard.
Les gens viennent du monde entier, pour les prendre en photos, les fleurs du Kalahari. Mais personne ne sait ce qui s'est passé ici, combien de milliers sont morts, nul n'entend leurs cris, et personne ne s'en soucie...
On ne va pas faire peur aux touristes, tout de même.
"Je vois les Morts vivre et bouger - au milieu des vivants."
- Sans l'Histoire, tu ne comprends rien du monde où tu vis, me dit Isaac, c'est comme marcher en pleine rue les yeux bandés, tu te cognes partout, tu ne sais pas où tu vas, ni d'où tu viens - et tu finis par te faire écraser par un camion.
Il faut lire pour comprendre. Lire, apprendre, comprendre, pour se révolter.
« En Namibie, rien ne rappelle le génocide des Hereros et des Namas. Aucune plaque, aucun monument aux morts, aucune trace. Tout à été détruit, brûlé, effacé. Mais les Allemands, eux, sont toujours là »