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Citations sur Entre eux (32)

Me pencher sur la vie de ma mère est une marque d’amour. Et si la mémoire me fait défaut dans cette entreprise, il ne faut pas y voir un défaut d’amour. J’aimais ma mère comme un enfant heureux, sans y penser, sans en douter. Et une fois que j’ai atteint l’âge adulte, ces deux adultes qui se connaissaient bien se sont tenus en grande estime et grande affection. Nous pouvions toujours nous dire « je t’aime » pour dissiper tout malentendu sans avoir besoin de nous y arrêter. Ça me paraît parfait aujourd’hui comme hier.
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Impulsif, il n’était pas doué pour tout ce qui requiert de la patience. Il peinait à faire marcher la télévision, ce qui avait le don de l’exaspérer. Il avait du mal à mettre la tondeuse en route, ce qui l’agaçait de même. Il n’a pas été fichu de suspendre correctement un sac de frappe dans la remise de la maison où nous avons fini par emménager – le sac a dégringolé au premier coup de poing. Il a essayé les coloriages dans l’idée de se détendre, mais n’a jamais fini son cheval palomino. Il n’a pas su fixer le panier de basket qui m’aurait permis de me faire une place dans l’équipe scolaire.
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Écrire l’histoire d’un autre être humain, se pencher sur sa vie, c’est prendre en compte ce qui aurait pu passer inaperçu autrement. Il s’agit pour cela de reconnaître que nous avons tous nos mystères et que ces mystères recèlent des vertus. Encore une fois, ce n’est guère différent de ce que nous trouvons dans une nouvelle de Tchekhov, ni des problèmes qui se posent à tout fils cherchant à situer ses parents. La vie la plus authentique est celle qu’on a vécue pour de bon, alors je préfère essayer de voir la sienne et ses vertus comme une existence sur laquelle je n’aurais pas projeté ma lucidité douloureuse, une existence vécue sous mes yeux d’enfant comme s’il devait toujours y avoir un lendemain, jusqu’au moment où il n’y en a plus eu.
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Qu’est-ce que je pouvais bien penser de la vie ? Penser, c’est beaucoup dire, il s’agissait surtout de sensations, et surtout d’une sensation d’attente. De lui, bien sûr. Et une fois qu’il était là, d’attente que les événements de la semaine – agréments et désagréments, différends mineurs, remontrances, problèmes entre ma mère et moi –, que tout ça soit tenu en suspens. Ou ignoré purement et simplement. Ou bien encore expliqué sans s’appesantir, ce qui contribuait à créer une atmosphère de dissimulation convenue, de menues omissions, où l’on faisait bonne figure, jugeant que ceci était plus important que cela, même si les deux comptaient. Telles ont été les premières leçons inculquées par mon père – en tout cas ce sont celles que j’ai retenues : « composer » avec les choses qui refusent de s’aplanir mais qu’il faut bien gérer, trouver des explications plausibles.
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Ma nature d’enfant me donnait à penser qu’en gros, tout allait bien. Néanmoins si le scénario de la vie tend toujours à lisser le quotidien, alors notre vie s’en démarquait. Mes souvenirs de l’époque – je veux dire de ma vie d’enfant à Jackson, sur Congress Street, mes premières années, les années quarante et le début des années cinquante, avant les problèmes de santé de mon père – sont ceux d’une existence trépidante, irrégulière, provisoire. Ils m’aimaient, ils me protégeaient, mais dans ma vie tout bougeait, les événements, les objets et les êtres ; j’étais seul les trois quarts du temps, sur la touche. Ce qui ne me dérangeait pas, et ne me dérange pas davantage aujourd’hui. Mais dire que la vie était calme, non.
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Il est clair qu’en attendant ma naissance, ils avaient pris les choses comme elles venaient. Ils s’aimaient, ils m’aimeraient. La présence de l’amour suffirait. Nous allions être heureux. C’est de cette manière, une manière que j’estime excellente à l’heure même où j’écris, que ma vie a commencé, ses grandes lignes définies pour longtemps.
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Son atout maître, c’était sa personnalité. Du coup la vente lui convenait idéalement. Son métier, avec sa façon de s’y adapter et l’amour qu’il en avait, fait partie intégrante des facteurs à considérer pour qui veut le comprendre lui. Mis devant des enjeux plus élevés, il se serait sans doute senti en échec, ce qui l’aurait fait souffrir. S’il a rêvé d’autre chose, je n’en ai jamais entendu parler. Il était à sa place et n’en doutait pas. S’il avait une image de lui-même, de son personnage, c’était celle-là. L’habitude était devenue son guide, avec ma mère. Ce n’est pas lui faire injure que de le dire.
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Être à la fois enfant unique et venu « sur le tard » est un luxe parce que cette situation, quels qu’en soient les avantages et les inconvénients par ailleurs, invite à spéculer par ses propres moyens sur l’époque qui a précédé sa naissance – la longue vie antérieure de ses parents.
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Le passé n’avait rien d’un refuge pour eux. Quant à l’avenir, chacun serait le pivot de l’autre dans leur couple. Il avait son emploi, il comptait sur elle. Contrairement à lui, elle avait la bosse des maths et des capacités d’abstraction, elle réfléchissait à des choses qui lui échappaient. Elle était pleine de vie et veillait à tout.
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Lire n’était pas au programme. Ils n’avaient pas la télévision, ils écoutaient la radio dans la voiture, c’était tout. L’auto n’était pas climatisée, pas davantage que leurs chambres. Ils se contentaient du ventilateurs au plafond, et d’ouvrir une fenêtre quand elle était équipée d’une moustiquaire. Ils auraient pu aller au cinéma, ma mère adorait les films, mais pas lui.
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