AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'oubli (17)

J’en arrivais à penser de l’oubli qu’il n’est pas le contraire du souvenir mais qu’il en constitue peut-être la condition. Aussi paradoxal que cela puisse paraître. Seul l’oubli conservait sauf le souvenir, le mettait à l’abri des mensonges dont la mémoire le menace lorsqu’elle métamorphose le passé en toutes petites histoires. Il en allait du souvenir comme il en va du rêve. C’est pourquoi l’on ne peut jamais se saisir de l’un que sous la forme que l’autre lui donne. Ce que l’on se rappelle prend l’apparence d’un songe que l’on a fait dans son sommeil. Ce dont on rêve paraît semblable au souvenir que l’on croit conserver d’un événement que l’on a authentiquement vécu.
Commenter  J’apprécie          360
Avoir aimé n’a jamais de fin. Il y a toujours une suite.
Commenter  J’apprécie          120
Cela recommence. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse. Cela recommence.
Je suis comme tout le monde. J’aurais voulu d’une vie ordinaire. Sans trop en demander. Le genre de vie dont personne n’avouera jamais l’avoir souhaité mais que chacun s’estimera quand même soulagé d’avoir vécu. Au bout du compte. Quand on se dit, au moins, avec la fin qui vient, que l’on a évité à peu près le pire et que, malgré tout, on ne s’en est pas si mal tiré.
J’aurais préféré qu’il en fût ainsi et n’avoir rien à raconter.
J’aurais mieux aimé le silence à l’histoire qui commence ici.
Plutôt : rien.
Mais qu’y puis-je, moi, si un mot manquait ce matin-là ?
Je m’en suis aperçu à mon réveil. Au moment où, d’un seul coup, tout vous revient en tête. Il faut préciser qu’il s’agissait d’un matin comme tous les autres. Banal. J’insiste. Au risque de me répéter : sans rien d’exceptionnel. Comme on le dit lorsque l’on veut à tout prix qu’il y ait eu un signe ou même une absence de signe pour annoncer la suite, faisant miroiter pour personne la perspective d’une révélation d’autant plus formidable que rien ne la préparait
Commenter  J’apprécie          70
On dit du temps qu’il est un fleuve et que l’on ne s’y baigne jamais deux fois dans le même lit. Mais la vérité est plus vertigineuse. Car ce fleuve est depuis toujours sorti du cours où il coule. Se répandant dans toutes les directions à la fois et entraînant avec lui quiconque s’abandonne à son mouvement. La ligne qu’il est censé suivre, d’hier vers demain, ne constitue qu’une simplification à laquelle s’en remet l’esprit de chacun : la réduction à une seule de ses dimensions d’un espace qui en possède plusieurs sans que quiconque, d’ailleurs, puisse dire exactement combien.
Commenter  J’apprécie          50
Personne ne prête vraiment attention aux récits qui ne sont pas les siens. On ignore aisément le chagrin d'autrui. Rien n'est plus importun que la peine que l'on éprouve pas.
N'importe quel drame - du moment qu'il vous a épargné - n'a pas plus d'importance, aux yeux de son prochain, que la plus piètre des anecdotes. Et, en un sens, c'est justice.
Commenter  J’apprécie          20
Le langage des hommes dépérissait. A vue d'œil. Tout le monde en convenait. Munis d'une poignée de petits mots, ils vivaient. Deux cent, disait-on, suffisaient. La plupart des individus, quotidiennement, n'en utilisaient pas davantage. Le reste était du superflus. De quoi nommer les objets de la vie courante, obtenir la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires, exprimer sommairement son contentement ou son mécontentement, son approbation et sa désapprobation.
Dire "J'aime" ou "Je n'aime pas". Des onomatopées, des interjections remplaçaient progressivement des mots qui, eux-mêmes, se réduisaient de plus en plus à des abréviations sibyllines, à des sortes de borborygme éructés à la chaîne et impropres à l'expression d'aucune véritable idée.
Commenter  J’apprécie          20
Je me rappelle la phrase, prise à un poète, que cite le roman qui finit : "La nuit seule renferme les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l'oubli." Le plaisir, je l'avais connu. Je le connaîtrai encore. La nuit tombe toujours. Il manque peu de chose à mon bonheur. Désormais, j'attends l'oubli, puisque seul il conserve sauf le souvenir de ce que l'on a vécu, de qui l'on a aimé, il viendra, il vient déjà, oui, j'ai confiance en lui.
Commenter  J’apprécie          10
On dit du temps qu'il est un fleuve et que l'on ne s'y baigne jamais deux fois dans le même lit. Mais la vérité est plus vertigineuse. Car ce fleuve est depuis toujours sorti du cours où il coule. Se répandant dans toutes les directions à la fois et entraînant avec lui quiconque s'abandonne à son mouvement.
La ligne qu'il est censé suivre, d'hier vers demain, ne constitue qu'une simplification à laquelle s'en remet l'esprit de chacun : la réduction à une seule de ses dimensions d'un espace qui en possède plusieurs sans que quiconque, d'ailleurs, puisse exactement dire combien. Tout à fait comme le tracé qu'un géomètre se résout à dessiner sur une carte d'un fleuve dont les méandres mènent bien vers la mer mais dont il n'ignore pas à quel immense et insituable réseau souterrain il se relie, duquel le plus scrupuleux des savants ne peut proposer visuellement qu'une représentation approximative et finalement mensongère.
Commenter  J’apprécie          10
Petit à petit, je réalisais à quel point le sommeil se trouvait pareil à une substance stupéfiante dont il n'est que trop facile d'abuser et à l'addiction de laquelle, très vite, il devient impossible de se soustraire. Je sombrais dans une sorte d'hébétude, de somnolence continuelle.
Commenter  J’apprécie          00
Le passé ne se met à exister que lorsque le présent lui donne forme. La poussière en suspension de particules éparses, de souvenirs, de sensations, d'images qui le constituait, à un moment donné, se glisse à l'intérieur de l'enveloppe qui la rend soudainement visible et qui lui attribue une apparence dont elle était auparavant dépourvue. Un événement survient et tout ce qui l'a précédé paraît alors n'avoir jamais eu d'autre raison que de conduire jusqu'à lui.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (75) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3679 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}