« Moi, tu sais, ce que j’aimerais, juste, c’est revoir une forêt. Comme elles existaient avant. Ici, tout est détruit. Ils tuent même les arbres. Eux aussi, pourtant, ils n’y sont pour rien. »
Sur plusieurs kilomètres, la vie a été chassée et le sol n'est plus qu'une longue répétition d'entailles et d'anfractuosités remplies de débris humains et de chevaux éventrés.
Je suis exténué, je suis brisé, j'ai peur et je ne me souviens plus à quoi peut ressemble un arbre.
Vivant parmi les morts. Mort parmi les vivants.
Quand les moqueries dépassaient les bornes, exaspéré et le poing brandi, il ajoutait : "Bande d'abrutis, j'aurais bien voulu vous y voir, dans les tranchées, la merde au cul et les pieds dans la boue à essayer de ne pas crever, à compter les morts de la veille et ceux qui restaient. Vous n'auriez pas fait long feu."
Je prendrai le relais. J'honorerai la volonté de mon grand-père. Ce dernier combat lui avait tenu à coeur et il m'avait chargé de le mener à son terme. Je le lui devais. Je rencontrerai Monsieur Boisseau. Il me l'avait proposé.