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EAN : 9782072855856
368 pages
Gallimard (27/02/2020)
4.05/5   46 notes
Résumé :
"J’aurai tout perdu quand tu m’auras oubliée.
Nous aurons tout perdu quand on nous aura oubliés.
Ne les laissons pas nous voler notre mémoire."

Giovanni Fontana vit retiré du monde, dans les Landes, au bord de la mer. Il a vécu l’errance et l’exil, la guerre d’Espagne et l’engagement dans la Résistance. Cinquante ans plus tard, une lettre soudaine le ramène à l’endroit où son destin a basculé, où il a trouvé puis perdu l’amour de sa vie.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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«Gurs, une drôle de syllabe, comme un sanglot qui ne sort pas de la gorge » (Aragon).
Cette syllabe s'est incrustée dans la chair et la mémoire de Giovanni Fontana, « Garibaldi » des Brigades Internationales, interné dans le camp en 1939 comme les milliers de Basques, de Républicains espagnols, de Brigadistes venus du monde entier et dans celle de Maylis, jeune Française impliquée dans l'aide aux réfugiés aux côtés des associations protestantes et suisses implantées dans le camp.

« Giovanni Fontana- Ilôt G- Barraque n°7 J'aimerais mieux vous connaître »
C'est grâce à ce petit mot glissé dans un mouchoir et jeté par dessus les barbelés que le prisonnier italien et Maylis vont se connaître et s'aimer. La jeune femme l'aide à s'évader. Giovanni rejoint les Républicains dans le maquis, Maylis tente de venir en aide aux nouveaux internés juifs, avec parmi eux beaucoup de femmes et d'enfants.
Les deux jeunes gens prennent tous les risques pour pouvoir se retrouver de manière régulière, jusqu'à ce qu'une arrestation mette un terme à cette histoire d'amour.
En 1996, une lettre arrive à Contis, dans les Landes, et fait revivre cette histoire, comme elle ressuscite le camp de Gurs, fermé en 1945, puis rasé pour du passé faire table rase. Le Foulard rouge du « Garibaldi » précieusement conservé par son propriétaire ressort de sa cachette un demi-siècle plus tard.

C'est à travers une très jolie histoire d'amour en temps de guerre que Patrick Fort fait revivre une page de l'histoire des Pyrénées-Atlantiques. Il montre avec beaucoup de sensibilité comment un paisible village est devenu dès avril 1939, un territoire abritant un grand camp d'internement d'abord destiné aux réfugiés républicains espagnols puis aux Juifs, avant leur départ pour le camp de Drancy et d'Auschwitz, où les privations et les conditions d'hygiène firent des ravages. Environ 64 000 personnes y furent internées, 1 072 y trouvèrent la mort. Rejet, solidarité, marché noir, répression, détresse, femmes réduites à la prostitution, travailleurs esclaves des CTE-GTE, résistance, Gurs fut le théâtre du Beau comme du Laid, de la mort comme de l'espoir.

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Déception.

C'est vrai, j'ai appris beaucoup de choses sur un sujet qui m'intéressait, le camp d'internement de Gurs dans les Pyrénées-Atlantiques où furent internés les brigadistes de la guerre d'Espagne, antifascistes de tous pays, essentiellement des "rouges", espagnols ou italiens. Et puis, bientôt, gouvernement de Vichy oblige, tous les "indésirables" chassés à travers toute l'Europe par la vague montante du nazisme et de ses sectateurs de toutes nationalités.

Le camp d'internement de Gurs devient l'antichambre d'Auschwitz.

Des associations catholiques, protestantes, la Croix Rouge suisse, quelques Justes courageux et courageuses tentent de s'interposer, de protéger et de ménager aux internés en attente des convois pour la Pologne , des fuites vers le pays basque espagnol tout proche.

Un témoignage ou une sobre recherche historique m'aurait comblée. Mais le Foulard rouge est un roman. Romancer Gurs n'est pas chose facile..pourtant si on s'attache facilement à l'histoire d'amour entre le séduisant porteur du Foulard rouge, un brigadiste italien, et Maylis, jeune fille au coeur généreux que son éducation et son milieu familial ne destinaient pas à devenir bénévole au camp de Gurs, pourquoi l'intrigue romanesque s'encombre-t-elle d'une histoire de délation et de vengeance qui , diluant l'action dans le temps, fait perdre de vue l'essentiel: le camp de Gurs vu à travers le prisme d'une histoire d'amour ?

Ce choix m'a paru entraîner une construction compliquée, des hasards et des coïncidences peu vraisemblables, l'apparition de personnages comme celui de Victor, le vilain - pas- beau de l'histoire, chargé de tous les défauts , au comportement tantôt incohérent, tantôt trop prévisible, ainsi que des changements de focale nombreux , tandis que le style restait imperturbablement lisse.

Est-ce l'effet du confinement qui m'a rendu cette lecture aussi difficile à suivre ? Je n'arrivais ni à fixer mon attention, ni à m'intéresser à l'intrigue, sauf quand était évoqué, avec beaucoup de soin et d' exactitude, le camp de Gurs....un confinement d'un genre nettement plus coercitif..

Je pense que ce n'était ni le bon moment, ni le bon roman pour ce moment, aussi veuillez ne pas vous attacher à cette critique et lire plutôt celles, plus élogieuses, des autres babelionautes..L'auteur mérite mieux que cette critique de confinée qui n'a pas su sortir de son propre enfermement!
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" le foulard rouge" n'est pas un récit historique mais un roman, une fiction qui a pour cadre le camp d'internement de Gurs, qui lui, n'est malheureusement pas sorti de l'imagination de l'auteur mais qui a bien existé.
L'histoire d'amour entre Giovanni Fontana et Maylis Ducos, qui va naître dans ce camp, nous émeut et nous amène à prendre plaisir devant la façon dont un événement va amener Maylis à réagir et "reprendre sa vie en mains"
Si l'histoire d'amour est belle, forte, et fait sans doute l'unanimité, j'ai aussi été très intéressée par l'aspect historique du camp de Gurs qui est bien représenté et nous rappelle, si besoin, les différentes périodes qui correspondent aux différents groupes d'internés : les Républicains Espagnols puis le groupe des dits "indésirables" constitué principalement des femmes originaires d'Allemagne et des hommes communistes et basques espagnols puis de 40 à 44 les Juifs étrangers et de fin août 44 au 31 décembre 45 les collabos et antifranquiste Espagnols.
À travers ces 359 pages, Patrick Fort nous amène de façon tout à fait intéressante à nous interroger sur les sentiments de culpabilité, le poids de ses actes, la rédemption et l'impossible oubli. Belle et intéressante découverte.
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Voilà un roman contemporain qui m'a fortement touché. Pour plusieurs raisons, certaines personnelles, d'autres plus générales, mais qui convergent toutes vers cette évidence : le plaisir que nous avons à lire certaines choses vient autant de l'auteur, de ce qu'il nous propose et de la façon dont il nous le propose, que du lecteur, de son vécu, de son expérience, de ses lectures antérieures et de l'état d'esprit où il se trouve en ouvrant le livre.
Ainsi moi, avant d'ouvrir le Foulard rouge, je savais qu'il allait m'intéresser, parce que le lieu de l'action, Gurs et sa région, je connaissais, je suis né à quelques kilomètres de là, et si, dans mon enfance, ce nom avait une consonance sinistre, ce n'était pas tant à cause de son nom lugubre, mais à cause de ce qu'il représentait. Oh, on n'en parlait pas, non, surtout devant les enfants, mais on devinait, devant cet espace immense où une pancarte décrivait succinctement l'histoire du camp, qu'il y avait là un mystère, et même un drame atroce... Et puis le temps a passé, j'ai appris depuis l'histoire du camp. Rétrospectivement, j'ai eu honte, pour les gens (y compris mes parents) qui connaissant la vérité (ou ce qu'on leur en montrait) ne faisaient rien... Et puis juste derrière, je me disais que, l'époque étant ce qu'elle était, le choix de l'héroïsme n'était peut-être pas la première option... Et d'ailleurs qui sommes-nous pour juger, qu'aurions-nous fait à leur place ?
Il y avait donc une raison personnelle pour que j'ouvre ce bouquin. Je m'attendais à une reconstitution historique, je n'ai pas été déçu. L'auteur retrace la mémoire du camp avec ses vagues successives d'occupants (militants basques, républicains espagnols, membres des Brigades internationales, et puis à partir de 1940, juifs de toutes nationalités - pour ces derniers, Gurs était un maillon dans la chaîne atroce Gurs-Drancy-Auschwitz). Cet historique est retracé dans la cadre d'une histoire romanesque qui commence et finit en 1996 avec des incursions dans la période de la guerre, coeur du roman.
Giovanni est un italien des Brigades Internationales interné au camp, Maylis est une jeune fille du village à côté. Ces deux-là vont s'aimer, malgré tout, malgré le camp, malgré le caractère borné et raciste du père de Maylis, malgré les Allemands... Il faudra une trahison pour qu'ils soient séparés... Jusqu'à ce jour de 1996 où, pour Giovanni, les aiguilles de la pendule vont tourner dans l'autre sens.
Le Foulard rouge présente donc un triple intérêt : une leçon d'Histoire, une très belle histoire d'amour qui défie le temps, et même une histoire policière, car bien sûr, on voudrait bien savoir les pourquoi et les comment de la trahison...


Ce roman ne devrait donc pas décevoir les amateurs d'Histoire, ni les amateurs de belles romances, ni les amateurs de suspense, de mystère ou d'enquête, bref, il ne devrait pas vous décevoir, vous, ami(e)s de Babélio. Je parierai même qu'il vous plaira...
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Je viens d'achever la lecture du dernier roman de Patrick Fort « Le Foulard rouge ».
Pourquoi donc ai-je lu ce livre, quand les personnages de ce roman ne me quittent plus ?
L'attachante Maylis, l'impétueux Giovanni, le cynique Victor, le dévoué Jean, le charitable curé de Gurs, l'aveuglement raciste du père de Maylis, Des sentiments se mêlent : la souffrance des internés du camp, l'inhumanité du chef, la colère devant l'ignominie, l'injustice, l'amour insubmersible de deux êtres malgré les épreuves et la séparation, l'apaisement enfin après les retrouvailles.
Patrick Fort a ce don propre de dresser un portrait saisissant de ses personnages dans une narration puissante, prenante, magistrale, intense, qui vous saisit dès les premières lignes et ne vous lâche plus.
De même sa restitution dans les événements de la vie du camp est si vraisemblable, si juste, si détaillée, que l'on s'imagine être devant une reconstitution historique. Il n'en est rien et c'est là le talent d'un vrai auteur qui nous avait déjà touché dans son premier roman «  le Voyage à Wannsee » en 2018 chez le même éditeur.
Ce roman est un grand roman, celui d'un grand auteur, et tous deux mériteraient une meilleure notoriété avec une plus large diffusion. Un regret, que sa sortie intervienne en ce moment de pandémie, risquant d'en diminuer l'impact.
Pour l'anecdote, je connais bien Géronce, d'où est originaire, ma mère, Gurs, où j'ai passé des vacances d'été chez mon oncle Jean, sans connaître l'histoire du camp sauf le cimetière. En possession du roman de Patrick Fort, le lecteur, en même temps que l'intrigue, hymne à la liberté, découvrira ces lieux paisibles du Béarn à une époque douloureuse de son histoire.
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critiques presse (1)
Lhumanite
07 avril 2020
Il y a du romanesque dans le récit composé par Patrick Fort. Tout autant
qu’une formidable restitution de la vie dans le camp et ses alentours.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
(La scène se passe au camp de Gurs en 1939 pendant le passage du Tour de France)

Afin d'assister au Tour de France, nous avons été autorisés à sortir de notre îlot pour nous approcher de la première ligne de barbelés et du fossé que longe la route nationale. Cette faveur a concerné l'ensemble des internés qui s'est précipité pour s'agglutiner contre l'inextricable barrière de fils de fer. Les plus chanceux se sont retrouvés aux premières loges mais ils n'arrêtaient pas de pester contre ceux qui, derrière, les poussaient pour tenter d'y voir le mieux possible.
La neuvième étape, à ce que j'en ai appris, est partie de Pau et arrivera à Toulouse. Avant de rejoindre Oloron-Sainte-Marie, les cyclistes passeront, pendant deux kilomètres, devant la nouvelle "ville" du département, le fameux camp de Gurs.
Quand le peloton a abordé la ligne droite, nous avons tous remarqué qu'un homme avait lancé une attaque et s'était extirpé du groupe pour passer seul devant nous. Derrière lui, aucun coureur n'avait cherché à le rattraper. Quand il s'est retrouvé à notre niveau, il a ralenti son allure, s'est redressé, tenant d'une main ferme son guidon. Il a levé son poing dans notre direction en signe d'amitié. Il l'a gardé ainsi durant plusieurs minutes, roulant au ralenti afin que chacun des internés puisse en être témoin. Une clameur immense est venue saluer son geste fraternel, relayé par des encouragements criés dans toutes les langues. Je ne m'intéresse pas au cyclisme mais un camarade m'a certifié qu'il s'agissait d'un certain René Vietto.
Comment les Républicains espagnols se sont organisés pour être aussi réactifs aussi vite est un mystère, toujours est-il qu'ils ont trouvé le temps de préparer des pancartes sur lesquelles ils avaient chacun tracé une lettre. Ils se sont avancés comme un seul homme et placés les uns à côté des autres.
Mis bout à bout, les écriteaux formaient le message suivant:
LOS COMBATIENTES DE LA LIBERTAD
SALUDAN A LOS FORZADOS DE LA CARRETERRA*

*Les combattants de la liberté saluent les forçats de la route.
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Des délégués missionnés en grande pompe par le sous-secrétariat du cabinet annexe d’un ministère quelconque viennent constater le délabrement du camp, posent des questions banales, vérifient les registres bien tenus, examinent les comptes trafiqués, puis ils repartent en ne promettant surtout rien. Ils s’obstinent dans l’aveuglement. Eux aussi sont dépassés. Leur esprit de fonctionnaires zélés se résigne pour les contraindre à fermer les yeux devant l’indécence.
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Les livres qu'il dévorait s'entassaient dans toutes les pièces de sa maison en des amas multiformes recouverts de poussière. Il les considérait comme les gardiens de sa demeure. Il leur prêtait des pouvoirs secrets. Oui, les livres le protégeaient du monde tout en l'aidant à mieux le comprendre.
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A nos côtés se trouve Elsbeth Kasser, une infirmière suisse avec laquelle j’ai échangé quelques mots. Elle n’a pas trente ans mais a déjà une grande expérience des situations d’urgence derrière elle. Elle était en Espagne pendant la guerre et en Finlande voici quelques mois, au sein du Service Civil International. Elle arrive de Toulouse où elle aidait jusqu’à présent les réfugiés français. Quand elle a entendu évoquer le camp de Gurs, elle a su que sa présence y était nécessaire. Elle a obtenu l’autorisation de s’installer à demeure à l’intérieur de l’îlot M, désaffecté depuis plusieurs mois. Elle s’efforce de restaurer une baraque avec l’aide de quelques hommes mis à sa disposition. Elle souhaite surnommer cet endroit L’As de Cœur. Elle a déjà trouvé une devise qu’elle affichera à la vue de tous : « il vaut mieux allumer une lumière que de se plaindre de l’obscurité »
Elle représente le Secours suisse aux enfants. Une femme d’une grande beauté et d’une douceur incroyable. Toujours calme et souriante. D’emblée, j’ai deviné chez elle des qualités exceptionnelles. Une force et une détermination inébranlables .
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Quand ils déferlaient en vagues douloureuse, les souvenirs dévastaient tout. Ils renversait ce qui se trouvait sur leur passage. Ils l détruisaient les barrages que vous aviez mis des années à construire pour vous protéger.
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Videos de Patrick Fort (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Fort
Retour en images sur ces 3 jours aux @escalesdulivre de Bordeaux riches en émotions !
Merci à tous nos auteurs présents : Marc Large, Johanna Turpeau, Mathilde de Télossie, Jean-Michel Cormary, Jean-Michel Lafon, Tang Loaëc, Pascale Dewambrechies et Patrick Fort
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