Citations sur Le diable tient la chandelle (11)
Et je me rappelle cette sensation, une douce pression, comme de l'huile chaude coulant dans tout mon corps. La certitude que c'est mal. Mon visage dans le verre bleuté. Cet être hideux et mauvais que l'on devient, quand le Diable tient la chandelle.
"Est-ce que tu as déjà vu un mort ?"
Jamais. Il n'avait pas voulu voir son père, il y avait longtemps de ça. Il ne répondit pas.
"La première fois, ça fait pas mal d'effet. C'est à couper le souffle. Qu'on va mourir pour de vrai."
Il écouta. La gravité de la situation le terrifiait (...)
"Si le mort est une personne que tu connaissais bien, l'effet est double. Il est là, mais il n'est pas là. Un mur s'effondre." (p. 233)
"Votre mari est malade, et vous vous inquiétez pour lui. Est-ce qu'il est vieux ?"
C'était une question inconvenante. Une vie est une vie tant qu'elle dure et qu'elle représente quelque chose pour quelqu'un. Peut-être tout. (p.7)
Bien que Zipp fût sans emploi et qu’il lui tapât sans cesse de l’argent, il appréciait sa compagnie et le fait qu’il possédait une voiture.(…) Ils n’avaient pas grand chose à se donner l’un l’autre. Ils étaient pourtant toujours ensemble, c’était toujours mieux que d’être seul. (…) Il y avait de petites sources de conflits, mais qui ne dégénéraient jamais en dispute. Ils étaient d’accord sur presque tout, Andréas réussissait toujours à désamorcer le conflit en sa faveur, avec une telle habileté que Zipp ne s’en rendait jamais compte.
Les femmes sont étranges, se dit Andréas. Elles le sentent, quand il se trame quelque chose. Ou elles envisagent les événements d’une toute autre façon que les hommes. Parce qu’elle ont plus d’ennemis, peut-être. Être une femme. Devoir tout le temps faire attention. Ce que ce doit être usant!
Andréas homo? Ce qui signifiait qu’absolument n’importe qui pouvait l’être, ça ne se voyait pas de l’extérieur . D’autres personnes qu’il connaissait, des gens comme les autres. Des filles même.
-Tu ne peux pas faire porter le chapeau au diable, observa Sejer avec un sourire.
-Ah non ?
– Il n’a pas été officiellement exclu de l’Eglise norvégienne? Pour la raison qu’il n’existait pas?
-C’est la plus grosse boulette que les hommes ont faites, répondit pensivement Skarre.
-Pourquoi? voulut savoir Sara.
-Si nous ne croyons pas en lui, nous ne le reconnaîtrons pas quand il apparaîtra sans prévenir.
Mais que dire du crime en lui-même? L’impulsion, d’où vient-elle? Quand le meurtre naît-il? À cet endroit, à cet instant?
Nous n'avons pas réellement peur de la mort. Nous avons simplement peur d'être oubliés. Nous savons que nous le serons, et cette idée est intolérable, ce n'est pas ton avis ? Étant donné que le temps passe, nous restons rarement dans la mémoire de ceux qui restent.
Souvent, [les dépressifs décidés à se supprimer] s'épanouissent d'un seul coup en même temps qu'ils développent des tendances suicidaires. Parce qu'ils ont fini par faire un choix et voient une issue à leur mal-être.