Citations sur Le Bureau des Affaires occultes, tome 2 : Le fantôme du .. (43)
-Je ne crois pas à ce genre de chose. Notre destin est ce que nous en faisons. Il n'est écrit ni dans les étoiles ni à la surface de notre peau.
- L'individu social, ce n'est pas l'homme seulement ni la femme seulement. L'individu social complet, c'est l'homme et la femme.
Dans ce quartier du douzième arrondissement, les artères étaient tellement étroites que les pavés restaient constamment humides. Les caniveaux n'étaient jamais curés et exhalaient, à toute heure du jour et par tout temps, des remugles écoeurants. De la mousse croissait le long des murs. Les façades des immeubles de trois étages, badigeonnées d'un brun terne ou d'un jaune pisseux, suintaient la misère ou l'ennui. L'endroit était des ces cloaques où personne ne choisit vraiment de vivre. On ne fait qu'y échouer, après bien des malheurs et des tribulations.
Point n'est besoin d'être expert en médecine pour savoir que les morts ne se relèvent de leur tombe et ne font pas la causette aux vivants. Le spiritualisme, si à la mode ces temps-ci chez les Anglo-Saxons, est une bouffonnerie. Par conséquent, notre Oblanof est forcement un charlatan comme tous ses semblables.
-L'expérience que je m'apprête à conduire, déclara - t - il d'une voix caverneuse, n'est pas en soi dangereuse. Elle nécessite cependant une profonde mobilisation des fluides médiumniques. Il ne s'agit pas en effet seulement de servir d'intermédiaire à une âme d'au - delà, mais bel et bien de provoquer de sa part une manifestation tangible. Nous allons tenter ce soir, ensemble, de matérialiser l'esprit désincarné de Blanche. (...................)
Oblanoff prit tout son temps, attendant que chacun se pénètre de la solennité de la scène. Puis, les yeux toujours fermés, il commença son invocation.
-Blanche, vous êtes partie beaucoup trop brusquement...Vos proches ont besoin de vous revoir. Daignez entendre leur supplication.
Le silence, toujours.
-Blanche, votre père est accablé par le chagrin. Il a besoin de vous voir une dernière fois...Ecoutez ma voix et ses prières qui vous appellent...Laissez - vous guider jusqu'à nous.
Comme toujours rien ne se produisait. Quelques murmures impatients commencèrent à s'élever parmi l'assistance des hauts bourgeois. Vite réprimés par les protestations des férus d'occultisme. L'opposition entre les deux groupes menaçait de prendre de l'ampleur, lorsque, tout à coup, la voix sépulcrale d'Oblanoff domina la rumeur naissante :
-La voilà ! Elle nous a entendus !...Blanche ! Elle arrive ! Là ! Son bras s'était tendu et il désignait, de son index pointé, les portes-fenêtres ouvrant sur le parc noyé d'ombres.
- Bien le bonjour chez vous ! Et soyez pas trop vachard avec le tout-venant de la racaille. Quand ceux d'en haut s'remplissent les poches, il faut bien qu'ceux d'en bas jouent d'la pogne pour les alléger un peu. Tant qu'y a pas mort d'homme !
Il faut toujours se glisser dans l'ombre de son ennemi avant de le frapper.
(...) C'est juste pour ça qu'j'suis allé là-bas, pour m'fabriquer des rêves. C'est important, les rêves, ça aide à se lever chaque matin.
Le Vicaire qu'il croyait encore pouvoir capturer quelques jours plus tôt avait déjoué ses plans et reprenait la main dans la partie mortelle qui les opposait depuis de si longues années. C'était lui dorénavant qui distribuait les cartes et qui cherchait à l'attirer comme jadis au centre de sa toile d'araignée.
Le lendemain soir, alors que le soleil déclinait lentement à l'horizon, la gentilhommière des d'Orval ressemblait à un fruit trop beau que le ciel répugnait à engloutir dans son gosier ténébreux.