AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Slava


Margot est une jeune fille qui raccommode des vêtements dans un tonneau dans les rues du Paris du XVIIIeme siècle. Comme elle supporte mal l'autorité maternelle, elle décide de s'enfuir. La voilà remarquée par une vieille femme qui la met dans sa maison... et elle se rend compte bien tard qu'il s'agit d'une maison close. Margot sera formée à l'art du plaisir et va connaitre une multitude d'amants tout en évoluant dans la société de son temps...
Le XVIIIeme siècle, un siècle où les libertés étaient revendiqués... la littérature. En attendant la Révolution Française, les auteurs s'exprimaient déjà sur leurs convictions, leur dégoût d'une société hypocrite et corrompue et leurs souhaits d'une nouvelle société égalitaire où la liberté serait totale. L'Encyclopedie, les écrits de Voltaire, Diderot où de Rousseau sont les plus connus et les plus admirables. La littérature libertine a joué un rôle également, revendiquant le droit au plaisir des sens alors que la société l'étouffait. S'il y a eu hélas des dérives abominables (les écrits de Sade, je suis désolé mais je les abhorre complètement, pour moi ils sont juste pervers, navré), il y a aussi eux des livres bénéfiques. On a les Liaisons Dangereuses de Laclos, Fanny Hill (même si ce n'est pas un livre français) où encore notre livre du jour, Margot la Ravaudeuse.
Dans ce roman, on suit les péripéties d'une fille du peuple reconvertie en "demoiselle du beau-monde", dans sa découverte du monde galant. S'il est vrai qu'il est ressemblant avec Fanny Hill, il y a pourtant de grandes différences.
Contrairement à Fanny qui aime son métier, Margot ne l'apprécie pas du tout. Si elle aime bien aussi les plaisirs de la chair, elle est répugnée par sa nouvelle condition, elle casse le cliché de la catin luxurieuse. Et elle le signale clairement. Même en contant ses aventures gaillardes et souvent crue, elle révèle l'horreur d'être prostituée, de se vendre pour des louis d'or et de se forcer à ne pas aimer car ici, elle ne cherche pas l'amour, voulant avant tout accéder à une condition supérieur. En plus de continuer un métier affreux à ses yeux, elle en profite aussi pour critiquer le monde autour d'elle, l'hypocrisie générale ambiante, les travers les plus pernicieux de ses clients, l'avidité du gain et du pouvoir des gens. A travers elle, c'est la satire misanthrope et pessimiste de Fourgeret qui s'exprime, c'est sa dénonciation d'un monde cruel où le peuple est ignoré où chacun a sa part de noirceur et de pêché. Mêmes les prêtres ne sont pas épargnés, mais vraiment pas.
Nous sommes dans un roman libertin donc vous vous en doutez, on a droit à des scènes lascives... dans le langage du XVIIIeme siècle bien entendu, avec beaucoup de suggestion, d'allusion et de métaphores qui ne font que renchérir encore plus sur ces passages. Mais j'ai été surprise de l'insolence des passages. Par exemple, vous ne devinerez jamais ce que Margot peut faire avec un cierge...
L'écriture est très harmonieuse, tour à tour pudique où crue, empruntant aussi bien l'argot des rues parisiennes que le langage de l'Opera.
Par contre, o mon Dieu, les passages moralisateurs légions et souvent démodés, argh ! Beaucoup trop du " et vous voyez ceci et vous voyez cela" blabla... J'aime bien quand c'est moralisateur mais quand c'est trop c'est trop !
De même, j'aime bien la langue du XVIIIeme siècle mais il y a des tournures souvent démodées qui m'ont ennuyé.
Et une fin certes classique mais peu satisfaisante à mon gout.
Donc un petit roman libertin intéressant à lire.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}