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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai découvert Louis-Charles Fougeret de Monbron à travers sa traduction du "Fanny Hill, la fille de joie" de l'anglais john Cleland. J'avais été enthousiasmée par ses qualités d'écriture qui, si elles devaient sans doute beaucoup au texte original, étaient sublimées par l'auteur français.

Avec "Margot la ravaudeuse" j'ai retrouvé avec plaisir ce style élégant, cette belle langue dans un court récit dont le sujet est assez proche de celui de "Fanny Hill".
Malgré une similitude dans le sujet, le traitement est cependant différent. Là où Cleland plaçait le plaisir au centre de son récit, ode pétillante à la jouissance des sens, Fougeret de Monbron a un propos bien différent. Margot semble presque dégoûtée par son activité et ne continue que par appât du gain. Il s'agit pour elle, non pas de rencontrer l'amour ni d'éprouver du plaisir, mais de s'assurer un train de vie luxueux et d'espérer une ascension sociale. On est ici assez loin du roman libertin épicurien, notamment du fait de la misanthropie assumée de l'auteur.

Derrière le récit licencieux divertissant, on trouve une charge acerbe contre l'hypocrisie de la haute société. Au cours du récit, on croise des prêtres défroqués, des notables d'une bêtise crasse prêts à se ruiner pour les faveurs d'une belle femme, des puissants peu concernés par le sort du peuple.

Margot, femme vénale et cynique, et ses entreteneurs, qui ne se servent de leur pouvoir que pour assouvir leurs désirs, nous offrent une galerie de personnages bien peu aimables.

Pour autant, malgré cette vision pessimiste de l'humain, Fougeret de Monbron use de belles tournures de phrases, n'hésite pas à manier l'humour pour tisser un récit étrangement plein de fraîcheur.

En digne représentant des auteurs libertins des Lumières, Fougeret de Monbron ose même une pointe de blasphème. On imagine fort bien l'émoi scandalisé qu'a dû susciter le passage où Margot utilise un cierge pour assouvir son désir.

On n'est guère étonné que cette peinture peu reluisante des moeurs des puissants ait valu à son auteur moult ennuis, allant même jusqu'à l'emprisonnement.

Plus je découvre les auteurs libertins du 18ème siècle, plus je me dis que cette littérature licencieuse, outre son aspect délicieusement divertissant, est indispensable au point de vue des idées tant elle porte en elle les germes de la révolution.

Challenge Petits plaisirs 35
Challenge Variété 30 (catégorie : "un livre interdit")
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