Je ne sais plus si j'ai découvert
Janet Frame par ses livres, par sa nationalité (passion Nouvelle Zélande) ou par le merveilleux film que l'immense
Jane Campion lui a consacré, Un ange à ma table. Peut-être les trois...
Reste une oeuvre et une voix singulières, un style et une sensibilité uniques. J'ai ce recueil depuis des années (1999) et certaines des nouvelles ne m'ont pas quittées. C'est le cas de Keel and Kool, le mouton dans la buanderie ou le taurillon, dont l'écho des douleurs mises à jour résonne encore en moi.
Les récits en "flot de conscience" peuvent évoquer
Virginia Wolf, mais le mélange d'observations sensorielles, de souvenirs, d'angoisse, de désir et d'espoirs est à la fois plus sensible et moins intellectualisé que chez la grande devancière anglaise. L'oeuvre de
Janet Frame est marquée par l'expérience du deuil, de la solitude, de l'hypersensibilité et de l'extrême introvertion diagnostiquées à tort comme maladie mentale, ce qui l'a menée aux limites de la résistance humaine (8 ans d'hôpital psychiatrique, traitement aux électrochocs).
Elle sera littéralement sauvée par la littérature puisque c'est l'obtention d'un prix littéraire prestigieux attribué à son premier recueil de nouvelles qui lui a évité une lobotomie prévue.
Certaines des nouvelles de
Poussière et Lumière du jour viennent d'ailleurs de ce premier recueil, The Lagoon.