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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Philologue et linguiste, l'érudit Sylvestre Bonnard vit avec son chat Hamilcar et sa vieille bonne Thérèse. Dans son appartement parisien, baptisé par lui, la "cité des livres, ce bibliophile passionné passe son temps le nez dans les inventaires et les catalogues à la recherche d'un livre rare, d'une pépite à acquérir. Malgré ses soixante ans bien sonnés, il n'hésite pas par exemple à se rendre en Sicile dans le but de mettre la main sur un exemplaire de la Légende Dorée de Jacques de Voragine qui de surcroît contient un texte inédit de Jean Toutmouillé ! Après bien des péripéties, le livre tant désiré finira par rejoindre sa collection grâce à une princesse russe. Si Sylvestre Bonnard est un vieux célibataire, il a connu lui aussi dans son jeune âge les affres de l'amour. La jeune fille aimée s'appelait Clémentine mais les aléas de la vie ne leur ont pas permis de concrétiser leurs sentiments naissants. C'est donc avec beaucoup d'émotions qu'il rencontre, tout à fait par hasard, la petite-fille de Clémentine lors de l'inventaire d'une bibliothèque près de Melun. Orpheline et pauvre, la jeune Jeanne Alexandre le charme immédiatement par sa fraîcheur et sa simplicité. En souvenir de son amour de jeunesse, Sylvestre prend l'engagement de lui assurer un avenir radieux. Mais Jeanne est sous la tutelle de maître Mouche, notaire austère qui la place dans la pension pour demoiselles de mademoiselle Préfère.


Anatole France n'est plus un auteur au goût du jour. Et pourtant, quelle belle plume! Amoureux de la langue française et des beaux livres, il décrit si bien les reliures, les velins, les enluminures, les gravures, et cela en maniant les subjonctifs présents et passés avec brio et sans lourdeur. le journal de son Sylvestre Bonnard nous emmène dans de Paris de la fin du XIXè siècle dans le monde des belles lettres. Passionné et passionnant, son héros à l'humour pince-sans-rire est un homme bon et généreux. Ne vivant que pour ses livres, il n'en est pas pour autant aveugle et sourd au monde qui l'entoure. Il peut ainsi offrir une bûche à des indigents vivant dans le grenier de son immeuble tout en restant assez lucide pour ne pas s'imaginer avoir fait là un geste héroïque. Il sait très bien qu'il s'est arrangé avec sa conscience chrétienne à moindre frais. Mais comment cet érudit, cet être pondéré à la vie bien rangée sera-t-il amené à commettre un crime?! Et bien sous le calme apparent de Sylvestre Bonnard se cache le feu des folles passions. Il n'est pas homme à se tenir tranquille quand le bonheur d'une jeune fille est en jeu! Il fera fi des convenances et même des lois pour arracher sa Jeanne des griffes d'un notaire véreux et d'une vieille fille acariâtre. Il y aura crime, mais qu'on se rassure, ce ne sera pas un crime de sang.
Le journal de Sylvestre Bonnard est un bonheur de lecture, un texte riche mais accessible qui se lit le sourire au lèvres grâce à ses traits d'esprit et son amour des livres. Chaque lecteur pourra se reconnaître en lui : vouloir un livre à tout prix comme on désirait un jouet lorsqu'on était enfant, se promener chez les bouquinistes ou dans les librairies et ne pas pouvoir partir sans un livre sous le bras : "...ils sont tous mes amis, et je ne passe guère devant leurs boîtes sans en tirer quelque bouquin qui me manquait jusque là, sans que j'eusse le moindre soupçon qu'il me manquât". On ne saurait mieux dire!
Alors même si les histoires sont assez attendues et que l'on en devine la fin assez rapidement, ce livre vaut le détour pour son personnage atypique et son style magnifique. Une très belle découverte.
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Un vieux savant philologue et bien entendu, amateurs de livres anciens, c'est Sylvestre Bonnard. Assisté par sa fidèle mais acariâtre servante Thérèse et par son chat Hamilcar, il vit une vie paisible au milieu de ses livres dans sa bibliothèque qu'il nomme un peu pompeusement « la cité des livres »…
Il lui faudra la découverte dans un inventaire de bibliophile de l'ouvrage tant convoité « La légende dorée » de Jacques de Voragine … Vous savez, le livre dont votre bibliothèque ne saurait se passer une minute de plus ; celui qui ne vous perturbait pas plus que ça jusqu'alors, mais dont l'absence vous gâte la vie… je parle là en bibliophile moi-même et collectionneur de livres… Mais revenons à notre brave Sylvestre : « Pourquoi ai-je appris que ce précieux livre existe, si je ne dois le posséder ? », se dit-il. Et cette simple question le conduira sur les routes jusqu'en Sicile ou vit, le sieur Angelo Polizzi, heureux détenteur du fameux codex.

« le crime de Sylvestre Bonnard » ne se limite pas à cette première partie bibliophile. Dans un second chapitre intitulé « La fille de Clémentine », on apprend qu'avant de tomber dans sa passion dévorante pour les livres, le vieux célibataire a connu l'amour, en la personne de Clémentine dont il apprendra le décès. Il se prendra d'affection pour sa fille, Jeanne, orpheline de père également et maltraitée par un tuteur véreux et une « éducatrice » vénale…
Quant au crime de Sylvestre Bonnard, je laisse au lecteur le plaisir de le découvrir… Ou non…

C'est un vrai régal de se replonger dans la prose si élégante d'Anatole France, j'ai déjà eu ici l'occasion de le dire (« le livre de mon ami »)… « le crime de sylvestre Bonnard » est le premier roman d'Anatole France, paru en 1881 ; à la même époque, Zola vient de sortir « Nana » et prépare la sortie de « Pot-Bouille », Huysmans s'apprête à sortir « À vau-l'eau », Jules Verne à sorti il y a peu « Les tribulations d'un chinois en Chine »… Quelle époque ! Alors qu'Hugo se meurt…

Il me restera en mémoire, après la lecture de ce petit bijou, comme une sensation de bien-être dans un texte au style magnifique, comme sucrerie dans l'acidité du temps présent… En même temps qu'une révision de conjugaisons aujourd'hui quasiment oubliées et quelques découvertes en matière de vocabulaire…
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Nous voici dans le journal intime de Sylvestre Bonnard, érudit sexagénaire, éminent philologue, qui vit sa petite vie inoffensive et routinière au milieu de sa "cité des livres", sa bibliothèque emplie de livres précieux.
L'amour des manuscrits rares est son unique passion ; elle va l'entraîner dans une poursuite échevelée…
Alors non.
Ce n'est certes pas un roman d'aventures : Sylvestre va voyager, faire des rencontres et retrouver une personne qui lui évoque un passé aussi romantique que révolu. Mais tout cela se fait avec une tranquille placidité, dont il ne va s'échapper que lors de ce mystérieux "crime" que l'auteur, malicieux, nous fait espérer dès le titre.
Malicieux sans conteste, Anatole France, quand il nous dépeint cet attendrissant Sylvestre, dompté par sa sévère gouvernante Thérèse pour qui deux livres suffisent, son "Paroissien romain" et sa "Cuisinière bourgeoise".
Malice aussi dans la description d'une maîtresse de pensionnat enamourée ou d'un notaire véreux : "Il a des lunettes bleues et ses prunelles trottent dessous, comme des souris derrière un paravent."
Et ce style !
Ça, on savait écrire au 19ème. On est chez un philologue, alors j'ai appris du vocabulaire. J'ai vu émerger le souvenir bien lointain de leçons de grammaire en lisant des phrases comme "Capitaine, s'il est vrai que de votre vivant vous jurâtes comme un païen, fumâtes comme un Suisse et bûtes comme un sonneur, que néanmoins votre mémoire soit honorée."
Mais j'ai ri aussi, de ses images pleines d'humour : "Sa bouche était faite pour sourire comme une casserole pour jouer du violon."
J'ai tout de même un peu compati au sort réservé aux jeunes filles pauvres – mais bien nées, n'est-ce pas – privées de toute liberté.
Mais j'ai également beaucoup aimé ce Paris disparu, les quais de Seine fourmillant d'activité, les conversations qui s'enveniment entre voisins sur Napoléon et la royauté…
Un vrai plaisir de lecture.

Challenge Nobel
Challenge gourmand (Lunette de Romans : Un des personnages porte des lunettes)
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Anatole France... ce nom a une résonance particulière dans mon esprit. Il est associé avec quelques-autres, Colette, George Sand, Chateaubriand, Roger Martin du Gard... auteurs rencontrés sur les bancs de l'école primaire au hasard des dictées ou des récitations... Comme tous ces grands écrivains et ces textes magnifiquement rédigés, ont contribué à me faire aimer les livres, et la littérature!
Ce roman du grand Anatole France peut paraître certainement très désuet, mais empli de beaucoup de charme et merveilleusement bien écrit, il est aussi une ode à la fidélité, une magnifique histoire d'amour platonique. Un nectar!
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CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (14/15)

Moi qui, pour ce challenge, ne voulais pas trop remonter dans le temps par crainte de tomber sur une histoire complètement désuète, je viens de trouver une petite pépite écrite par le Nobel de 1921, à savoir Anatole France. Il s'agit de son premier roman qui date (je n'en crois pas mes yeux) de 1881. de lui, je ne garde que le vague souvenir de son nom, prononcé sûrement lors de mes années d'école.

Je suis totalement sous le charme de son héros, ce vieil érudit de Sylvestre Bonnard qui se complaît au milieu de sa "cité des livres", parle à son chat et persiste à vivre sous la coupole de Thérèse, sa servante aussi irascible dans son caractère qu'elle est irréprochable dans son travail. Une fois habituée au style qui m'a fait réviser des conjugaisons oubliées, j'ai pu savourer avec délectation ce mélange de philosophie et d'humour.
C'est le journal de ce bibliophile passionné que nous découvrons. Dans une première partie, il nous parle de sa quête d'un livre rarissime qui lui échappe sans arrêt et qui lui parviendra enfin en guise de remerciement pour sa bonté passée.
Dans une deuxième partie, il nous conte sa rencontre avec une jeune orpheline, petite-fille d'une jeune femme qu'il a jadis aimée. Mais quel est donc ce "crime", qu'il va commettre ? lui qui, sous son air bougon, n'est que bravoure et générosité. Cette aventure bouleversera son existence de vieil homme quand il prendra conscience que peut-être la vraie vie est ailleurs que dans ses grimoires anciens.

Tout cela aurait pu sentir la poussière mais l'auto-dérision dont fait preuve Sylvestre Bonnard donne un sacré coup de jeune à ce roman.
La passion des livres et des chats, les belles réflexions sur la vieillesse et la vie, tout cela mérite bien un 18/20.
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Pour le centenaire de la mort d'Anatole France, je viens de terminer la lecture du Crime de Sylvestre Bonnard. Il s'agit du premier roman d'Anatole France, publié en 1881.

C'est l'histoire d'un adorable vieillard bibliophile et membre de l'Institut, qui vit dans un bel immeuble au bord de la Seine avec sa servante Thérèse et son chat. C'est dans sa bibliothèque évidemment qu'il passe le plus clair de son temps et qu'il a baptisé « La cité des Livres », dont son chat Hamilcar est le gardien nocturne.

Rien que pour ça, ce roman me plaît. On suit d'ailleurs Sylvestre Bonnard à la quête d'un manuscrit du XIVème siècle, intitulé 'La légende dorée de Jacques de Voragine' rédigé par le clerc Jehan Tout-Mouillé, un panégyrique sur les différents saints attachés à l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés.

Comme tout bon bibliophile incurable, Bonnard ne cesse de penser à ce précieux ouvrage et mettra tout en oeuvre pour se le procurer. Son obsession le pousse jusqu'à aller en Sicile sous un soleil brûlant où le manuscrit se trouve chez un antiquaire italien.

Mais le crime de Sylvestre Bonnard, comme évoqué dans le titre du roman, n'a rien de bibliophile, mais relève plutôt de son passé amoureux. C'est ce crime qui nous fera découvrir un pensionnat pour filles dirigé par une femme revêche et frustrée au nom de Mlle Préfère et une jeune fille au nom de Jeanne qui subit le caractère acariâtre de la directrice avec une patience angélique.

La plume raffinée et cultivée d'Anatole France me plaît beaucoup, et je suis fort étonné que quasiment plus personne ne lit cet écrivain qui remportait pourtant tous les suffrages à son époque, tant pour son humanisme, son immense culture et sa belle plume.
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