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Critique de Isacom


Soucieux d'élever leur progéniture hors des stéréotypes et des préjugés, Karrie Fransman et Jonathan Plackett réfléchissent au sens des contes lus par des générations d'enfants.
En effet on apprend quoi, à nos enfants, en leur lisant des contes ? Que les garçons sont tournés vers l'extérieur, l'inconnu, la découverte ? Que la place des filles est à l'intérieur, à se soucier du foyer et de leur apparence ?
Malicieusement, Jonathan Plackett met au point un programme pour inverser le genre des textes : le marchand devient marchande, la princesse devient prince.
Karrie Fransman illustre ces douze contes revisités, inspirée par les images nouvelles qu'ils révèlent.
J'ai beaucoup aimé ses très belles illustrations, fourmillantes de détails et éclatantes de couleurs.
J'ai été étonnée de constater que, si je connais assez bien Perrault et Andersen, j'étais moins familière de Grimm, et tout à fait ignorante de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (pourtant l'autrice de "La belle et la bête").
Mais j'ai surtout été surprise de ne pas être davantage frappée par l'inversion de genres : non, ça ne surprend pas tant que ça de voir une princesse partir en guerre ou en quête, de voir les frères de Cendron se parer pour le bal, de voir Jacqueline escalader le haricot magique.
(Je dois être suffisamment déconstruite.)
Alors oui, c'est drôle de voir Monsieur Raiponce laisser pendre sa "barbe dorée". Il est plus frappant de voir un homme occupé à filer ou à coudre, comme le père de Blanc-Flocon. Clairement, les tâches féminines par convention sont déconsidérées dans les contes (et dans la société en général : encore en 2023 en France, une femme gagne en moyenne 25 % de moins qu'un homme, et assure gratuitement 75 % des tâches domestiques, j'dis ça j'dis rien.)
Mais le plus étonnant à mes yeux a été cette princesse allant visiter le château endormi du Bel au bois dormant, car elle est… "poussée par la gloire". Là aussi, la conquête de gloire par une femme est si peu représentée dans l'imaginaire collectif, que cette simple expression m'a ouvert un abîme de réflexion. (Ça m'a rappelé Marie-José Chombart de Lauwe, expliquant le manque de reconnaissance des femmes dans la Résistance par leur "faible attirance pour les honneurs".)
Traduit par Marguerite Capelle et Hélène Cohen.
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