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Critique de Dionysos89


Au sein de cette rentrée d'hiver 2019, Hélène Frappat publie un nouveau roman chez Actes Sud, qui a pour but de concilier imaginaire enfantin et nature mystérieuse : le Dernier fleuve.

Survivre le long des berges tranquilles
Deux très jeunes frères remontent la rive d'un fleuve : Mo et Jo ont de vagues souvenirs de ce qu'ils font là, mais ils recherchent avant tout la survie. Mo, l'aîné, semble taciturne et assure la protection de son petit frère ; Jo, lui, voit cette « aventure » différemment et est bien plus dans la construction de son imaginaire en fonction de ce qu'ils croisent en chemin. D'abord perdus, ils finissent par se trouver une grande abandonnée qu'ils aménagent à la va-vite et qui leur sert de point de chute. Par la suite, ils font la rencontre d'une jeune dame, tout juste maman, qui les prend sous son aile ; ensuite, ils apprennent à découvrir une dame âgée menacée d'expropriation, une famille nombreuse qui utilise un langage bien à elle, puis c'est au tour d'une petite fille qui leur apprend à aimer le fleuve qui réunit et menace tout ce petit monde habitant dans le coin. Au gré des averses, des mauvaises surprises mais aussi des bonnes surprises, nous suivons Mo et Jo dans leur découverte de ce fleuve changeant.

Sur le rythme lent du fleuve
Dans ce roman, Hélène Frappat a opté pour un récit intimiste où plusieurs événements déboulent dans la survie des deux garçons, mais où la plupart du temps est tout de même consacré à la contemplation d'une nature mystérieuse. Même si quelques aspects pratiques (une école contemporaine ou la présence d'huissiers par exemple) placent le récit dans un cadre plutôt proche de nous, il n'y a pas véritablement de repère précis quant au positionnement chronologique de cette histoire, ni géographique d'ailleurs ; peut-être y a-t-il ici la volonté de placer la narration dans un contexte de conte universel. Dans tous les cas, le Dernier fleuve nous donne à voir une nature dominante qui, sans être luxuriante, occupe la plus grande part du récit, car c'est elle qui fournit ou non les moyens de survie (en tout cas pour les deux jeunes héros) et car c'est d'elle que survient chaque événement dramatique. Malgré cette importance, il est difficile de saisir l'envie de départ de l'autrice : s'agit-il de magnifier la nature puissante à laquelle l'action humaine ne modifierait finalement pas grand-chose ? s'agit-il plutôt de suivre le parcours tronqué sur quelques mois de deux garçons en mal d'imaginaire ? de ce point de vue-ci, la différenciation entre Mo et Jo est intéressante, car il semble que l'aîné ait une vision bien plus pragmatique de la nature, quand son petit frère transcrit ce qu'il voit par des créatures fantastiques (famille-gorgone, la vieille sorcière par exemple) ou des sentiments propres à l'enfance par des métaphores dilatoires. Ainsi, le fleuve reprend toujours la place prépondérante dans ce roman en fournissant quantité de couleurs, d'odeurs, d'humeurs même, pour guider l'apprentissage des deux protagonistes.

Le Dernier fleuve est donc un roman qui se lit rapidement, mais qui manque sûrement de sel pour éveiller l'intérêt et l'imaginaire du lecteur au-delà de cette courte lecture.

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