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EAN : 9782330119614
240 pages
Actes Sud (02/01/2019)
3.3/5   23 notes
Résumé :
  À travers l'épopée de deux jeunes frères solitaires aux origines mystérieuses, enfants sauvages littéralement surgis du paysage, et dans les plis d'un puissant et fantasmatique fleuve de fin du monde, une variation intemporelle autour d'Huckleberry Finn. Une fugue initiatique qui échappe à tous les genres qui l'irriguent : roman d'aventures, récit d'avant la nuit, fable écologique, parabole quasi-biblique, cauchemar fantastique... Un retour à l'innocence de la nar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Au sein de cette rentrée d'hiver 2019, Hélène Frappat publie un nouveau roman chez Actes Sud, qui a pour but de concilier imaginaire enfantin et nature mystérieuse : le Dernier fleuve.

Survivre le long des berges tranquilles
Deux très jeunes frères remontent la rive d'un fleuve : Mo et Jo ont de vagues souvenirs de ce qu'ils font là, mais ils recherchent avant tout la survie. Mo, l'aîné, semble taciturne et assure la protection de son petit frère ; Jo, lui, voit cette « aventure » différemment et est bien plus dans la construction de son imaginaire en fonction de ce qu'ils croisent en chemin. D'abord perdus, ils finissent par se trouver une grande abandonnée qu'ils aménagent à la va-vite et qui leur sert de point de chute. Par la suite, ils font la rencontre d'une jeune dame, tout juste maman, qui les prend sous son aile ; ensuite, ils apprennent à découvrir une dame âgée menacée d'expropriation, une famille nombreuse qui utilise un langage bien à elle, puis c'est au tour d'une petite fille qui leur apprend à aimer le fleuve qui réunit et menace tout ce petit monde habitant dans le coin. Au gré des averses, des mauvaises surprises mais aussi des bonnes surprises, nous suivons Mo et Jo dans leur découverte de ce fleuve changeant.

Sur le rythme lent du fleuve
Dans ce roman, Hélène Frappat a opté pour un récit intimiste où plusieurs événements déboulent dans la survie des deux garçons, mais où la plupart du temps est tout de même consacré à la contemplation d'une nature mystérieuse. Même si quelques aspects pratiques (une école contemporaine ou la présence d'huissiers par exemple) placent le récit dans un cadre plutôt proche de nous, il n'y a pas véritablement de repère précis quant au positionnement chronologique de cette histoire, ni géographique d'ailleurs ; peut-être y a-t-il ici la volonté de placer la narration dans un contexte de conte universel. Dans tous les cas, le Dernier fleuve nous donne à voir une nature dominante qui, sans être luxuriante, occupe la plus grande part du récit, car c'est elle qui fournit ou non les moyens de survie (en tout cas pour les deux jeunes héros) et car c'est d'elle que survient chaque événement dramatique. Malgré cette importance, il est difficile de saisir l'envie de départ de l'autrice : s'agit-il de magnifier la nature puissante à laquelle l'action humaine ne modifierait finalement pas grand-chose ? s'agit-il plutôt de suivre le parcours tronqué sur quelques mois de deux garçons en mal d'imaginaire ? de ce point de vue-ci, la différenciation entre Mo et Jo est intéressante, car il semble que l'aîné ait une vision bien plus pragmatique de la nature, quand son petit frère transcrit ce qu'il voit par des créatures fantastiques (famille-gorgone, la vieille sorcière par exemple) ou des sentiments propres à l'enfance par des métaphores dilatoires. Ainsi, le fleuve reprend toujours la place prépondérante dans ce roman en fournissant quantité de couleurs, d'odeurs, d'humeurs même, pour guider l'apprentissage des deux protagonistes.

Le Dernier fleuve est donc un roman qui se lit rapidement, mais qui manque sûrement de sel pour éveiller l'intérêt et l'imaginaire du lecteur au-delà de cette courte lecture.

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Deux petits garçons se retrouvent seuls en pleine nature. Leurs pas les ont guidés au bord d'un fleuve où ils s'installent. Ils y découvrent la nature et le peuple de ce monde aquatique.
On ne sait rien de ce qui les a amenés là ni pourquoi ils doivent apprendre à survivre. Pour vivre cette lecture comme une véritable échappée belle, il faut accepter de s'abandonner, de passer d'une réalité à une autre et comme dans un rêve se laisser perdre, sans notion de temps ni de lieu.
Riche en couleurs, l'écriture d'Hélène Frappat fait résonner la poésie d'un univers merveilleux où le fleuve règne en maître, faisant ou défaisant le paysage au gré de ses humeurs. Souvent enchanteur, il peut à tout moment devenir menaçant mais toujours il nous emporte vers l'imaginaire fantastique de l'enfance pour nous offrir un moment qui rafraîchit autant qu'il captive.
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Tout une atmosphère ce monde entre réel et imaginaire crée ici par l'auteure. Elle nous raconte la vie simple de deux frères Mo et Jo, arrivés dont ne sait où sur les rives d'un fleuve sans nom. Ce dernier les accueille. Ils vivent avec lui et en lui, dans la nature et rencontrent d'étranges créatures dans les profondeurs des eaux comme en surface, autant réelles que fantomatiques, une sorcière, un chien, les poissons, les oiseaux, un peuple !

Un très bel hymne à la nature et ses secrets, ses forces et ses défaillances, à l'enfance aussi bien sur.

Histoire d'enfance, histoire d'un monde, à travers ce fleuve, qui peut être vit ses derniers instants ?

Malgré une très beau travail d'écriture, je n'ai pas été envoûtée par l'histoire qui pourtant attire tous mes sens. Seulement il m'a manqué l'essentiel, les émotions. Vraiment à regret !
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"Mo porte son frère Jo sur son dos. A eux deux, ils forment un drôle de petit animal fatigué, tout entier tendu vers sa propre survie mais qui ne dédaigne ni le jeu, ni l'émerveillement. Ils marchent, sans savoir depuis quand, sans savoir où les mènent leurs pas et c'est le crépuscule, mais apparaît l'ombre d'une ruine où passer la nuit. Et au matin, la découverte du fleuve comme une destination évidente."
Nous voilà dans un univers tout à fait onirique. Mo 10 ans et Jo 5 ans, sont seuls, ils fuient. Dans cette maison en ruine qu'ils découvrent sur le bord du fleuve, ils vont pouvoir s'arrêter, se reposer, vivre un peu le temps d'un été. Peu à peu, ils font des rencontres, une famille étrange au langage inconnu qui vit dans une grotte. Une douce voisine, avec son bébé qui entreprend de leur faire "l'école". Une petite fille sans nom qu'il faudra baptiser et qui s'enivrera de son nouveau nom. Des hommes mauvais, une vieille sorcière qui connaît les herbes et les choses.
La plume est très belle, les couleurs et les visions enfantines sont omniprésentes. Il n'y a pas de contexte ici, il faut le savoir. Tout est dans la perception de leur environnement par deux enfants. On ne sait pas ce qu'ils fuient parce qu'ils ne le savent pas eux-même. Ils ont un baluchon, une lettre, mais ils ne savent pas lire. Une vieille berceuse les aide à s'endormir. Des adultes qui les entourent, il ne faut pas non plus attendre une explication sur où on est et ce qu'il se passe. Mais on sait que leur halte est temporaire. Le plus jeune des deux veut voir la mer, le plus vieux veut lui obéir, pourtant un sentiment de danger et d'urgence flotte sur toute l'histoire.

La couverture est très belle je trouve. Elle a contribué à mon envie de lire ce livre que j'ai eu du mal à lire d'une traite. Il m'a fallu des pauses. J'ai même été tentée de le laisser de côté tant la sensation de flottement me mettait mal à l'aise. Le paradoxe entre le détail extrême, la minutie très soignée dans la description des paysages et le flou de l'histoire produit un effet particulier.
Et puis, attirée encore et encore par cette couverture et certains passages de l'histoire dont j'avais l'impression qu'ils étaient presque des souvenirs personnels. Je suis venue à bout de ce texte. Et bien m'en a pris, la fin est belle à pleurer !
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Voici un roman atmosphérique à côté duquel je suis complètement et sidéralement passé à côté.

L'intrigue se déroule le long d'un fleuve. Mo et Jo, deux jeunes frères, descendent le fleuve. Ils rencontrent tout un microcosme vivant en bordure du cours d'eau. Il y a une sauvageonne qu'ils baptiseront Vive (comme le poisson), Dina, son homme, Boue le chien, une vieille rebouteuse sur son rocking chair... Et tout ce petit monde va vivre quelques mois ensemble, dans le bonheur et la difficulté, dans la vie et la mort. Chacun aura ses rêves, comme aller à la mer pour Mo, Jo et Vive. La Nature majuscule à l'oeuvre.

On a un énorme travail poétique de l'autrice, mais qui m'a laissé de glace... un comble pour un fleuve. On a les codes du nature writing. Mais le lent écoulement du fleuve ne m'a pas du tout convaincu ni tenu éveillé. J'ai longtemps imaginé qu'il allait se passer quelque chose d'autre que ce rythme lent du fleuve. Eh non. Si je m'étais écouté, à tant de reprises, j'aurais abandonné la lecture. J'avais débuté 2022 avec la lecture de l'année (le Bourbon Kid), je clos quasiment l'année avec la pire lecture de l'année. That's life.
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critiques presse (1)
LeMonde
04 mars 2019
Romancière, philosophe, traductrice, critique de cinéma, l’écrivaine n’aime ni les frontières ni les genres. Le Dernier Fleuve en témoigne, qui prend sa source tant dans ses souvenirs que dans les films.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L'averse cinglait le fleuve, pénétrait sa peau, modifiait sa couleur sa température, ses courants. L'odeur jaune s'était dissoute dans l'air gris. En surface du fleuve la pluie oblique produisait un halo phosphorescent. Autour d'eux les arbres flous avaient pris la teinte bleutée de végétaux aquatiques dont le vent, en leur imprimant des torsions révelait les tourments.
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C’était une renaissance et une disparition ; un sacrifice et une vision. Cette magie - le grand ruban vert et froid qui s’unit à la plaine bleue, tiède, étale - lui procurait le sentiment de se perdre elle-même et de renaître, comme si elle participait dans sa chair au secret éternel du grand fleuve, l’alliage de vie et de mort.
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Si on lui avait demandé :
- Tu préfères la rivière ou la mer ?,
Vive aurait répondu :
- Les deux.
Non qu'elle fût incapable de choisir, mais parce que son territoire favori, celui où tout son être se sentait accueilli, inspiré, adopté !, était le royaume des eaux troubles, des eaux saumâtres, l'espace transitoire où le fleuve devient mer, et la mer fleuve. Elle ne se lassait pas de l'instant - chaque fois un miracle ! - où le fleuve se libère des brumes et se mélange. C'était une renaissance et une disparition ; un sacrifice et une vision. Cette magie - le grand ruban vert et froid qui s'unit à la plaine bleue, tiède, étale - lui procurait le sentiment de se perdre elle-même et de renaître, comme si elle participait dans sa chair au secret éternel du grand fleuve, l'alliage de vie et de mort
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Après, l’inconnu commençait. Mo et Jo ne s’étaient jamais aventurés aussi loin. Ils observaient en silence les rives plus larges, les plaines basses, la ligne bleue des marais à peine plus sombre que l’horizon. Ils entraient au royaume de l’eau, où le fleuve gagne sur la terre et le ciel.
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Elle était venue leur apprendre à pêcher, elle, née du fleuve qui lui avait transmis les reflets verts et jaunes de ses yeux. Enroulé autour de son bras gauche, un filet déséquilibrait son corps gracile. Elle se faufila à travers les buissons de roseaux, frêle insecte greffé d’une énorme patte artificielle, si vite que Mo eut à peine le temps de reconnaître la forme lointaine de l’île, d’où aucune fumée blanche ne s’échappait, et déjà ils arpentaient un territoire menaçant. Les roseaux, les peupliers et les saules étaient demeurés en arrière, au bord du fleuve accueillant.
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Videos de Hélène Frappat (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Frappat
Guillaume Erner revient sur le Complément d'enquête visant les comportements de Gérard Depardieu auprès des femmes, sur et en dehors des tournages. Comment le cinéma français a-t-il évolué face aux violences sexistes et sexuelles depuis le lancement du mouvement #MeToo en 2017 ?
Guillaume Erner reçoit la journaliste Marine Turchi qui a enquêté pour Mediapart et a recueilli de nombreux témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles.
Ainsi que la romancière et essayiste Hélène Frappat, qui vient de faire paraître un essai intitulé "Le Gaslighting ou l'art de faire taire les femmes", une réflexion en forme d'enquête qui se situe à la croisée du traité féministe, de la critique et de la philosophie politique.
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