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Au sein de cette rentrée d'hiver 2019, Hélène Frappat publie un nouveau roman chez Actes Sud, qui a pour but de concilier imaginaire enfantin et nature mystérieuse : le Dernier fleuve.

Survivre le long des berges tranquilles
Deux très jeunes frères remontent la rive d'un fleuve : Mo et Jo ont de vagues souvenirs de ce qu'ils font là, mais ils recherchent avant tout la survie. Mo, l'aîné, semble taciturne et assure la protection de son petit frère ; Jo, lui, voit cette « aventure » différemment et est bien plus dans la construction de son imaginaire en fonction de ce qu'ils croisent en chemin. D'abord perdus, ils finissent par se trouver une grande abandonnée qu'ils aménagent à la va-vite et qui leur sert de point de chute. Par la suite, ils font la rencontre d'une jeune dame, tout juste maman, qui les prend sous son aile ; ensuite, ils apprennent à découvrir une dame âgée menacée d'expropriation, une famille nombreuse qui utilise un langage bien à elle, puis c'est au tour d'une petite fille qui leur apprend à aimer le fleuve qui réunit et menace tout ce petit monde habitant dans le coin. Au gré des averses, des mauvaises surprises mais aussi des bonnes surprises, nous suivons Mo et Jo dans leur découverte de ce fleuve changeant.

Sur le rythme lent du fleuve
Dans ce roman, Hélène Frappat a opté pour un récit intimiste où plusieurs événements déboulent dans la survie des deux garçons, mais où la plupart du temps est tout de même consacré à la contemplation d'une nature mystérieuse. Même si quelques aspects pratiques (une école contemporaine ou la présence d'huissiers par exemple) placent le récit dans un cadre plutôt proche de nous, il n'y a pas véritablement de repère précis quant au positionnement chronologique de cette histoire, ni géographique d'ailleurs ; peut-être y a-t-il ici la volonté de placer la narration dans un contexte de conte universel. Dans tous les cas, le Dernier fleuve nous donne à voir une nature dominante qui, sans être luxuriante, occupe la plus grande part du récit, car c'est elle qui fournit ou non les moyens de survie (en tout cas pour les deux jeunes héros) et car c'est d'elle que survient chaque événement dramatique. Malgré cette importance, il est difficile de saisir l'envie de départ de l'autrice : s'agit-il de magnifier la nature puissante à laquelle l'action humaine ne modifierait finalement pas grand-chose ? s'agit-il plutôt de suivre le parcours tronqué sur quelques mois de deux garçons en mal d'imaginaire ? de ce point de vue-ci, la différenciation entre Mo et Jo est intéressante, car il semble que l'aîné ait une vision bien plus pragmatique de la nature, quand son petit frère transcrit ce qu'il voit par des créatures fantastiques (famille-gorgone, la vieille sorcière par exemple) ou des sentiments propres à l'enfance par des métaphores dilatoires. Ainsi, le fleuve reprend toujours la place prépondérante dans ce roman en fournissant quantité de couleurs, d'odeurs, d'humeurs même, pour guider l'apprentissage des deux protagonistes.

Le Dernier fleuve est donc un roman qui se lit rapidement, mais qui manque sûrement de sel pour éveiller l'intérêt et l'imaginaire du lecteur au-delà de cette courte lecture.

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Deux petits garçons se retrouvent seuls en pleine nature. Leurs pas les ont guidés au bord d'un fleuve où ils s'installent. Ils y découvrent la nature et le peuple de ce monde aquatique.
On ne sait rien de ce qui les a amenés là ni pourquoi ils doivent apprendre à survivre. Pour vivre cette lecture comme une véritable échappée belle, il faut accepter de s'abandonner, de passer d'une réalité à une autre et comme dans un rêve se laisser perdre, sans notion de temps ni de lieu.
Riche en couleurs, l'écriture d'Hélène Frappat fait résonner la poésie d'un univers merveilleux où le fleuve règne en maître, faisant ou défaisant le paysage au gré de ses humeurs. Souvent enchanteur, il peut à tout moment devenir menaçant mais toujours il nous emporte vers l'imaginaire fantastique de l'enfance pour nous offrir un moment qui rafraîchit autant qu'il captive.
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Tout une atmosphère ce monde entre réel et imaginaire crée ici par l'auteure. Elle nous raconte la vie simple de deux frères Mo et Jo, arrivés dont ne sait où sur les rives d'un fleuve sans nom. Ce dernier les accueille. Ils vivent avec lui et en lui, dans la nature et rencontrent d'étranges créatures dans les profondeurs des eaux comme en surface, autant réelles que fantomatiques, une sorcière, un chien, les poissons, les oiseaux, un peuple !

Un très bel hymne à la nature et ses secrets, ses forces et ses défaillances, à l'enfance aussi bien sur.

Histoire d'enfance, histoire d'un monde, à travers ce fleuve, qui peut être vit ses derniers instants ?

Malgré une très beau travail d'écriture, je n'ai pas été envoûtée par l'histoire qui pourtant attire tous mes sens. Seulement il m'a manqué l'essentiel, les émotions. Vraiment à regret !
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Voici un roman atmosphérique à côté duquel je suis complètement et sidéralement passé à côté.

L'intrigue se déroule le long d'un fleuve. Mo et Jo, deux jeunes frères, descendent le fleuve. Ils rencontrent tout un microcosme vivant en bordure du cours d'eau. Il y a une sauvageonne qu'ils baptiseront Vive (comme le poisson), Dina, son homme, Boue le chien, une vieille rebouteuse sur son rocking chair... Et tout ce petit monde va vivre quelques mois ensemble, dans le bonheur et la difficulté, dans la vie et la mort. Chacun aura ses rêves, comme aller à la mer pour Mo, Jo et Vive. La Nature majuscule à l'oeuvre.

On a un énorme travail poétique de l'autrice, mais qui m'a laissé de glace... un comble pour un fleuve. On a les codes du nature writing. Mais le lent écoulement du fleuve ne m'a pas du tout convaincu ni tenu éveillé. J'ai longtemps imaginé qu'il allait se passer quelque chose d'autre que ce rythme lent du fleuve. Eh non. Si je m'étais écouté, à tant de reprises, j'aurais abandonné la lecture. J'avais débuté 2022 avec la lecture de l'année (le Bourbon Kid), je clos quasiment l'année avec la pire lecture de l'année. That's life.
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"Mo porte son frère Jo sur son dos. A eux deux, ils forment un drôle de petit animal fatigué, tout entier tendu vers sa propre survie mais qui ne dédaigne ni le jeu, ni l'émerveillement. Ils marchent, sans savoir depuis quand, sans savoir où les mènent leurs pas et c'est le crépuscule, mais apparaît l'ombre d'une ruine où passer la nuit. Et au matin, la découverte du fleuve comme une destination évidente."
Nous voilà dans un univers tout à fait onirique. Mo 10 ans et Jo 5 ans, sont seuls, ils fuient. Dans cette maison en ruine qu'ils découvrent sur le bord du fleuve, ils vont pouvoir s'arrêter, se reposer, vivre un peu le temps d'un été. Peu à peu, ils font des rencontres, une famille étrange au langage inconnu qui vit dans une grotte. Une douce voisine, avec son bébé qui entreprend de leur faire "l'école". Une petite fille sans nom qu'il faudra baptiser et qui s'enivrera de son nouveau nom. Des hommes mauvais, une vieille sorcière qui connaît les herbes et les choses.
La plume est très belle, les couleurs et les visions enfantines sont omniprésentes. Il n'y a pas de contexte ici, il faut le savoir. Tout est dans la perception de leur environnement par deux enfants. On ne sait pas ce qu'ils fuient parce qu'ils ne le savent pas eux-même. Ils ont un baluchon, une lettre, mais ils ne savent pas lire. Une vieille berceuse les aide à s'endormir. Des adultes qui les entourent, il ne faut pas non plus attendre une explication sur où on est et ce qu'il se passe. Mais on sait que leur halte est temporaire. Le plus jeune des deux veut voir la mer, le plus vieux veut lui obéir, pourtant un sentiment de danger et d'urgence flotte sur toute l'histoire.

La couverture est très belle je trouve. Elle a contribué à mon envie de lire ce livre que j'ai eu du mal à lire d'une traite. Il m'a fallu des pauses. J'ai même été tentée de le laisser de côté tant la sensation de flottement me mettait mal à l'aise. Le paradoxe entre le détail extrême, la minutie très soignée dans la description des paysages et le flou de l'histoire produit un effet particulier.
Et puis, attirée encore et encore par cette couverture et certains passages de l'histoire dont j'avais l'impression qu'ils étaient presque des souvenirs personnels. Je suis venue à bout de ce texte. Et bien m'en a pris, la fin est belle à pleurer !
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Qu ecrire pour cette lecture pour moi ce fût une perte de temps heureusement vite lu
Ce libre qui attendait d etre lu depuis longtemps m a déçu
Je m'attendais à une histoire d enfants que ce roman me raconte l histoire de deux frères
Oui c est cela mais la Magie de forme de contes n a pas agit sur moi
J ai du passer à côté
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Le dernier fleuve
Hélène Frappat
Actes Sud
roman, 236p, janv. 2019


C'est l'histoire étrange, et captivante, voire qui hypnotise, de deux morceaux d'homme, qui portent deux morceaux de prénoms, Mo et Jo, dont l'un est déjà responsable, âgé de 10 ans, une mère pour son jeune frère de 5 ans, à qui il chante une berceuse aux sonorités inouîes, qui sert de gri-gri, de sésame à l'aventure, de compagne d'enfance.
C'est le plus jeune qui décide de rester au bord du fleuve sans nom, malgré l'odeur qui a une couleur, le jaune. Il a besoin d'un lieu de séjour. D'où viennent-ils, ces enfants à qui la mère a dit d'obéir au fleuve ? le lieu n'est pas vierge, il a déjà ses destructeurs, les arbres sont coupés, et il est peuplé. C'est la Belle Dame qui leur donne à manger, et qui leur fait l'école, qui leur apprend indirectement l'élan de la vie ; c'est la sorcière, qui connaît les plantes, et qui tient par l'alcool et son obstination à préserver son île, et qui brûlera avec elle ; c'est la fillette sans nom, enfant-poisson, qui leur enseignera le fleuve et la pêche, c'est une famille-pieuvre au langage inouï qui sépare la vie de la mort, c'est une famille sans mère qui se dispute, c'est un chien qui leur fait voir la mort. le fleuve, quand on le remonte, se hérisse de falaises où se terrent des gens affolés.
C'est une espèce de conte cruel, un univers de merveilles, un rêve continu, qui montre un endroit dangereux et superbe à la fois, que les enfants apprivoisent tout en se fortifiant. le fleuve est-il le même ou bien un autre, source de vie ou péril de mort, n'est-il pas une tombe et un endroit de purification ? Il est une école bien plus stimulante qu'une salle où l'on s'enferme, où le corps ne trouve pas à s'employer, où l'on n'expérimente pas, où la rencontre avec le lézard est impossible. Il est un passeur.
Hélène Frappat réalise un tour de force en décrivant ce fleuve toujours changeant et la succession des jours et des saisons qui voient des enfants prendre des centimètres, de la force dans leurs corps, mûrir, connaître l'émoi de l'amour, souffrir le sentiment d'être volé. Elle est incroyablement juste quand elle fait parler le plus jeune frère.
le fleuve est en crue, il faut partir, pour les garçons, la destination est la mer, le large, le libre ; la fille-poisson les accompagne au prétexte qu'elle connaît le fleuve. L'aîné chante une ancienne chanson de sa mère, comme un appel de sirène...
Hélène Frappat m'avait marquée lors de son passage à La Grande Librairie. C'est vrai qu'elle a quelque chose. Je recommande son livre particulier.
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Un roman de survie le long d'un fleuve. Comment Mo et Jo réussissent à survivre le long d'un fleuve avec d'autres malheureux ? Un beau récit de résilience des enfants, de solidarité entre les habitants des rives. La fin est singulière.
De même, l'absence de contexte est déconcertante. le lecteur ne saura pas pourquoi Mo et Jo arrivent complètement démunis le long de ce fleuve. Cependant s'il réussit malgré tout à continuer, il imaginera. ... Ou peut-être est-ce mon talent d'auteur qui m'a fait terminer ce livre ?
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Le Dernier Fleuve, titre du dernier roman d'Hélène Frappat, s'ouvre sur une citation empruntée à David Thoreau «Tout enfant recommence le monde», suivie de cet incipit : «Impossible d'aller plus loin». L'enfance serait-elle une clef pour saisir l'aura de la vie ? Durant cette pérégrination organique qui emprunte au voyage initiatique, deux jeunes frères, Mo et Jo, iront à la rencontre de personnages remarquables tels la petite Vive, la sorcière, la Belle Dame...où les adultes représentés à hauteur d'enfants, sont souvent teintés de mythologie, de conte.

Sous une plume pictorialiste et un regard cinématographique, Hélène Frappat compose des mots pour chacun et interroge le pouvoir du langage à travers le chant, la poésie. Si les enfants ont oublié la source qui a tracée leurs pas, ils sont habités par des mots, des souvenirs enfouis. Plantes et animaux, omniprésents au court de ce récit, permettent aux deux frères de grandir dans cet environnement animiste jalonné de rituels.

Points d'ancrages dans cet univers où l'on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, les petites constructions se font tantôt refuge, tantôt école ou phare, abris ponctuant ce voyage immobile.

Le fleuve «infinis gouttelettes contenant tout le monde» est un personnage à part entière. A la fois «espace transparent, matière vibrante» vaseux, tumultueux...il est celui qui donne et reprend la vie, foyer d'un monde silencieux obéissant à ses propres lois. Elément qui se métamorphose tout comme les êtres qu'ils reflètent, le Dernier Fleuve est un roman où s'immerger un peu, loin du fracas quotidien.
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