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Citations sur La dernière échappée (13)

« Je sais très bien qu'il n'y a rien après la mort et que personne ne monte nulle part, mais j'avais besoin de m'expliquer. Il fallait que je te dise tout haut pourquoi je m'en vais, pourquoi je quitte notre maison. D'abord, ce qui est sûr, c'est que ma petite-fille ne m'abandonnera pas, elle. Oui, parce que j'ai franchement tous les droits de t'en vouloir. Quoi qu'on en dise, tu t'es fait la malle en douce. Ni au revoir, ni merci, ni rien. Soixante-six ans de mariage et pas un mot. Mais moi ça ne me va pas du tout que tu sois parti sans que je puisse te dire le fond de ma pensée. Une vie entière que j'ai passée à n'être que pour toi. J'aurais préféré naître tout court si on m'avait demandé mon avis. Une existence régie par la tienne, rythmée par tes départs, tes absences et tes retours. Tu trouvais ça tout à fait normal, n'est-ce pas? Que tout s'organise ainsi. Là, tu rétorquerais sûrement que rien n'était pour toi vraiment, mais tout pour nous, pour la famille, parce que c'est comme ça que cela doit être. J'aurais bien aimé t'y voir. Tenir la maison, vous nourrir tous, être disponible et disposée pour toi et tes enfants. Sans week-end, ni congés. Sans rémunération non plus.
Être dans le monde m'a manqué, Jacques. Même si j'ai essayé, jamais je ne te l'ai dit ainsi, c'était trop pénible à avouer. J'aurais voulu participer à la vie en dehors de vous.
Avoir des collègues, des décisions à prendre, des dossiers à remplir et à envoyer à des gens qui les attendent. J'aurais tant aimé avoir à penser à des choses plus spécifiques que la routine du quotidien. Rien ne m'a jamais excitée. C'est la joie de me sentir vivante qui m'a manqué, celle d'être utile par ma tête.
Alors oui, d'accord, je ne travaillais pas comme certaines femmes ou comme celles d'aujourd'hui, mais j'avais la sensation d'en faire dix fois plus que toi, figure-toi. Je n'ai jamais calculé, mais j'aurais pu. Compter l'attente déjà. Sous toutes ses formes. Attendre mes règles chaque mois, attendre un enfant, puis deux, et trois, attendre de pouvoir récupérer un corps qui fonctionne, attendre que tu rentres pour diner, que tu partes pour faire le ménage, attendre que les enfants reviennent de l'école, qu'ils grandissent pour enfin attendre la ménopause. Et là, attendre encore, la fin des fins. Qui a fait attention à celle qui toute sa vie a attendu que d'autres vivent? Ma seule carrière fut de devenir une épouse dévouée. »
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Ma colère est un moteur. Un moteur alimenté régulièrement, qui tourne depuis toujours et ne demande qu'à s'emballer. C'est grâce à elle que j'ai tenu toute une vie. Elle me protège. Elle attaque pour prouver que je suis capable de me défendre. Je sais bien que ce n'est pas facile pour ceux qui m'entourent, que c'est même injuste, mais je n'ai jamais réussi à faire autrement. Si je la fais taire, je m'abîme. Et pour ce qui est de m'abîmer, les autres s'en chargent déjà assez. Je suis comme ça et si ça ne convient pas, à dégager.
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Ta vie, c'est ta vie. Les autres, les gens, ne penseront qu'à eux. Même s'ils t'aiment, le choix final ils le feront pour eux, et toi, ma petite, tu passeras après. Tu dois être ton premier choix, tout le temps. Ça ne veut pas dire être égoïste, ça veut dire que tu as compris que la vie est courte et que tu n'en auras pas d'autre. Souviens-toi: il n'y a que toi qui comptes.
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Ta vie, c'est ta vie. Les autres, les gens, ne pensent qu'à eux. Même s'ils t'aiment, le choix final ils le feront pour eux, et toi, ma petite, tu passeras après. Tu dois être ton premier choix, tout le temps. Ca ne veut pas dire être égoïste, ça veut dire que tu as compris que la vie est courte et que tu n'en auras pas d'autre. Souviens-toi : il n'y a que toi qui compte.
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Il existe deux manières d'être seule. Celle que j'ai connue n'est pas celle que j'aurais souhaitée. Élever ses enfants jour après jour aux côtés d'un homme qui n'est pas vraiment là, ça grignote et fait disparaître les contours. On devient la femme de, la mère de. Je l'ai accepté. Cette solitude s'impose comme seul horizon possible. C'est une fidèle compagne que je traînais derrière moi sans y prêter vraiment attention.
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Ma colère est un moteur. Un moteur alimenté régulièrement, qui tourne depuis toujours et ne demande qu'à s'emballer. C'est grâce à elle que j'ai tenu toute une vie. Elle me protège. Elle attaque pour prouver que je suis capable de me défendre. Je sais bien que ce n'est pas facile pour ceux qui m'entourent, que c'est même injuste, mais je n'ai jamais réussi à faire autrement. Si je la fait taire, je m'abîme. Et pour ce qui est de m’abimer, les autres s'en chargent déjà assez.
Je suis comme ça et si ça ne convient pas, à dégager.
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Quand ils se séparent, les parents disent tous la même chose : rien ne changera. Ils jurent qu'ils aimeront les enfants de la même manière et que la famille demeurera intacte. Mais aucun ne sait vraiment comment cela va se passer. La tendresse dans son regard a peu à peu disparu. Le père refuse de reconnaître dans la jeune femme l'enfant qu'il aimait autrefois. Certain de ne plus devoir s'occuper de moi, que je sais et doit le faire seule désormais, il se cache derrière l'idée qu'il me serait inutile. Comme un poids. Mais c'est moi qui lui pèse. Je fais partie du passé, je suis la preuve tangible d'un autre vie, d'une autre histoire avec une autre femme. Son présent à lui, c'est cette famille toute neuve. Moi, je suis périmée dans son cœur. J'ai longtemps attendu que mon papa revienne, qu'il ressente le manque de moi. Je suis passée par toutes les émotions. D'abord la colère d'être mise de côté. Puis la tristesse de disparaître sans remous. Je suis en train d'accepter que plus rien ne sera comme avant. Je fais le deuil de quelqu'un qui vit.
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-Mmm, mmm.
J'ai toujours entendu ce son. Mmm, mmm. Un fa puis un sol dièse. J'ai vérifié. Ni une réponse ni un acquiescement. Ni chaud ni froid. Chantant, mais pas jugeant. A la fois surpris et perplexe. Elle fait ça aussi quand elle n'a pas bien entendu mais qu'elle tient à donner le change. Le reste du temps, c'est a trop bien entendu et qu'il vaut mieux qu'elle ne réponde pas.
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La sobriété est sincère, sinon c'est que l'on cache quelque chose.
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Si on ne fait pas attention, on ne voit rien de la vie qui s'exalte. Mais si on cesse d'être pressé, si on accepte de ne plus être au centre de tout ne serait-ce qu'une minute, alors là, on perçoit l'étendue du vivant qui s'agite. Ce qui besogne, chante et parade, et puis ce grand vide, au loin. Le loin. Toute la verdure qui s'étend droit devant, ces arbres qui se meuvent, ces plantes qui poussent, se frayant un chemin au milieu des milliers d'insectes qui s'affairent.
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