Dans ce texte, un garçon âgé de 10 ans confie ses sentiments et ses opinions sur sa vie. Comme pour le petit Poil de carotte de Jules Renard, l'existence de ce petit rouquin introverti n'est pas drôle entre un père militaire souvent absent et une mère dépressive qui ne l'aime pas. Elle le brime, l'accable de tâches ménagères et n'hésite pas à le frapper. Fort heureusement, il peut échapper à ce climat délétère deux fois par semaine, quand il se rend au dojo de son quartier. Il y retrouve son partenaire, son ami, son âme soeur, son quart de frère, celui auquel il pense sans cesse et qui nourrit son imaginaire. Et puis il y a les autres garçons qu'il observe avec beaucoup d'attention.
Autour du thème de l'altérité, Philippe Fréling saisit avec délicatesse le moment où son personnage n'est plus un petit garçon et pas encore un adolescent. En pleine construction et en quête d'identité, il prend confusément conscience de qui il est tout en découvrant les prémices de l'amour et de la sexualité avec ses alter ego.
Un premier roman tout en pudeur où le narrateur partage beaucoup avec son auteur. Un moment de douceur dans un monde de brutes.
Commenter  J’apprécie         130
Un enfant nous parle de son quotidien entre l'école et les entrainements de judo où il retrouve celui qu'il adore: son ami du judo.
Une très belle histoire où le quotidien du narrateur, pas toujours très gai nous donne toujours de l'espoir avec le monde du sport qui lui permet de s'évader.
Commenter  J’apprécie         50
On se ressemble. On est des garçons un peu maigres, pas très costauds, et très blancs de peau. On est blonds, mais lui est blond tout court tandis que, moi, je suis blond vénitien. Pas rouquin, blond vénitien, le coiffeur l'a bien dit, blond vénitien. Il ne me crois pas. \"N'importe quoi, ils ont tous les cheveux noirs, les Italiens.\" Aussi, nous avons tous les deux les yeux bleus. Blancs de peau, blonds et les yeux bleus : pour lui, c'est sûr, nous sommes tous les deux des Alsaciens.
Mais la vérité, personne ne la dit, personne ne la connait. Que je suis parti à la guerre, personne ne le sait.
Ma nouvelle vie, on dirait que je l'ai depuis très longtemps, que je l'ai toujours eue.
Plus tard, quand je serai grand, je serai docteur et j' aurai une voiture décapotable, une Triumph Spitfire. C' est ce que je réponds, et puis voilà. Plus tard, quand je serai grand, ce n' est pas une question pour moi. Je suis grand maintenant, déjà. Plus tard, si j'y pense, je ne vois que le ciel, je ne peux pas répondre ça.
Je parle avec lui, seulement avec lui. Autrement, ce n'est pas parler, mais dire les mots qu'il faut pour accompagner la vie, parce qu'on n' est pas muet alors on parle, mais on serait muet, ce serait pareil, ça marcherait quand même, la vie sans ces paroles vraies.