Je pensais n'avoir jamais ouvert ce livre acheté pendant mes études de lettres, mais si : « Mai 2000 » est-il inscrit sur la page de garde de ma vieille édition encore en francs, que j'ai donc lue jeune professeure stagiaire (j'avais des cours sur la psychologie infantile). Autant j'ai pris des notes sur les « cinq leçons de psychanalyse » qui s'appuient sur des exemples concrets, autant j'ai survolé la seconde partie sur les débuts compliqués de la discipline que
Freud retrace avec quelque aigreur.
Sujette aux réactions psychosomatiques, j'ai lu avec grande attention le premier chapitre sur « l'influence de
l'inconscient sur l'état conscient », ou les mystères de l'esprit humain… C'est impressionnant les blocages et les peurs que les émotions refoulées peuvent provoquer (« Les symptômes sont comme des résidus d'expériences émotives, des traumatismes psychiques »). Une situation pathogène naît à partir du moment où l'on réprime une forte émotion au lieu de la laisser s'épancher en paroles et en actes : ces « affects coincés » peuvent en effet se transformer en « processus psychiques anormaux » (ce que
Freud appelle « l'innervation corporelle »). Seul le travail de réminiscence -autrement dit la prise de conscience, la remémoration de la parole, de la scène, de l'événement traumatique- pourra en supprimer les symptômes. le problème c'est que « le sujet n'a pas conscience de la cause de son mal ».
Le chapitre deux enchaîne donc sur la théorie du refoulement, ce « combat intérieur », ce conflit entre conscient et inconscient relatif à un désir insupportable. « Le désir refoulé continue à subsister dans
l'inconscient », d'où l'impression de malaise, de souffrance continuelle. Il faut alors ramener au grand jour ce qui est refoulé et accepter le désir en question, au moins partiellement.
Freud désigne cette démarche « la sublimation du désir ».
Sauf que le souvenir oublié ne ressurgit pas d'emblée (ce serait trop simple) : d'abord viennent les « idées substituts » qui, par association d'idées,vont mener peu à peu au souvenir principal.
L'interprétation des rêves constitue la voie royale pour accéder à la connaissance de
l'inconscient (« Les rêves ne sont que l'accomplissement des désirs de la veille »).
Freud explique bien que le contenu manifeste du rêve cache les idées latentes, « de même que les symptômes conduisent aux complexes du malade ». Ainsi, « le contenu manifeste du rêve peut être considéré comme la réalisation déguisée de désirs refoulés » et ne doit pas être négligé.
Il en va de même pour les actes manqués, les actes symptomatiques (quand on joue machinalement avec un objet), les actes de hasard : ils ont un sens, « ils expriment eux aussi des pulsions et des intentions qu'on veut cacher à sa propre conscience » et « leur examen attentif peut conduire à mieux connaître notre vie intérieure, nos secrets les plus intimes ».
J'avoue avoir lu la suite en diagonale :
Freud y raconte « l'histoire des résistances » à la psychanalyse, que ce soit face à ses détracteurs ou au sein même de son groupe qui manquait visiblement de cohésion dans ses idées et ses méthodes. Je citerai juste une phrase qui m'a marquée par sa modernité (le texte date de 1914) et qui cautionne scientifiquement un débat toujours d'actualité : « Au début, l'enfant n'a pas la moindre idée des différences sexuelles (…) et l'idée de l'infériorité sociale de la femme lui est totalement étrangère ». Voilà qui conforte l'idée que le patriarcat est bel et bien une construction sociale…
J'ai donc puisé dans ce livre quelques pistes de réflexions personnelles que j'approfondirai volontiers avec d'autres titres comme «
Psychopathologie de la vie quotidienne » (et celui-ci, c'est sûr, je ne l'ai pas encore lu!).