Sa mémoire se vérifie : un vaste col, des pâturages, des murs de pierres sèches en carré et une forêt avec des clairières, surtout des feuillus (mais ce sont des hêtres, pas des bouleaux) et quelques maisons disséminées (pas des étables mais des résidences d’été qui sont abandonnées) et sur la prairie découverte le chemin se perd, c’est presque toujours comme ça. (…) La certitude que personne ne peut savoir où M. Geiser se trouve en ce moment, M. Geiser y a pris plaisir.
Des catastrophes, seul l’homme en connaît, dans la mesure où il leur survit ; la nature ne connaît pas de catastrophe.
Sans mémoire, pas de connaissance.
Que signifie holocène ! La nature n’a pas besoin de noms. Cela, M. Geiser le sait. Les pierres n’ont pas besoin de sa mémoire.
La plupart du temps, on ne pense à rien du tout en marchant.
Comment se forment le flux et le reflux, comment les volcans, comment les massifs montagneux, etc., M. Geiser l’a su un jour. Quand sont apparus les premiers mammifères ? En revanche on sait combien de litres contient la cuve à mazout et quand part le prochain car postal, pour autant que la route ne soit pas coupée, et quand le dernier.
La maison que M. Geiser a quittée à l’aube, sa maison, qui se trouve à présent dans une autre vallée, n’appartient presque plus au présent lorsque M. Geiser songe qu’il a habité là pendant quatorze ans.
Pour le moment, M. Geiser n’a aucun besoin du nombre d’or, mais savoir tranquillise.
Vieux, on le devient partout.
Les figues ne mûrissent pas, mais bien les raisins. Beaucoup de châtaigniers ont le cancer. En automne, les bûcherons sont à l’ouvrage, pendant des jours on entend le crépitement de leur scie électrique, sans voir les hommes dans le bois.