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Critique de Lamifranz


Roger Frison-Roche (1906-1999) est un de ces héros du XXème siècle, à la fois scientifiques, écrivains, explorateurs, et grands sportifs (il fallait l'être pour faire ce qu'ils faisaient !) qu'on appelait Haroun Tazieff, Jacques-Yves Cousteau, Paul-Emile Victor, et bien d'autres. Roger Frison-Roche, de plus, était romancier. Il a mis dans ses livres l'essentiel de sa vie d'aventurier : que ce soit en montagne, sur les pics des Alpes et du monde, dans les étendues désertiques du Sahara, ou encore dans les glaces neigeuses du Grand Nord.
Dans une imposante bibliographie, aussi riche que belle, il laisse deux trilogies importantes : celle qui lui valut la célébrité, celle de la montagne : « Premier de cordée » (1942), « La Grande crevasse » (1948), « Retour à la montagne » (1957) ; et celle du désert, intitulée « Bivouacs sous la lune », composée de « La Piste oubliée » (1950), « La Montagne aux écritures » (1952) et « le Rendez-vous d'Essendilène » (1954).
L'histoire de « La Piste oubliée » se place en Algérie française, juste après la fin de la Première guerre mondiale. La date est importante, car elle permet de situer le roman dans son époque, et surtout dans son contexte : nous sommes dans l'Empire colonial français, Les « valeurs » colonialistes de l'époque, décriées aujourd'hui, parfois avec raison, étaient alors le bréviaire de cette armée d'Afrique, il ne faut pas occulter cet élément dans le portrait psychologique des héros.
Sous couvert d'une exploration scientifique (la découverte d'une piste oubliée dans la région du Ténéré), dirigée par le professeur Lignac, c'est une véritable expédition militaire qui se cache, à la recherche d'un arabe soupçonné d'avoir tué un soldat français. le lieutenant Beaufort, un savoyard féru d'alpinisme mais novice en matière de désert, commande la petite troupe. Il est assisté par Franchi, un vieux routier, qui commande la méharée (l'ensemble des chameaux). Avec eux voyagent aussi des goumiers (indigènes recrutés par l'armée) ainsi que des Touaregs qui servent de guides. Les différences de caractères se font vite sentir, de même que les antagonismes de race entre goumiers et Touaregs. L'affaire se complique quand une ex-maîtresse de Franchi, Tamara, qui a partie liée avec les complices de l'assassin recherché, se met de la partie. Et la piste, dans tout ça, me direz-vous ? Elle daterait de la nuit des temps, peut-être même avant, la légende la fait remonter au roi Salomon, et de magnifiques peintures rupestres rencontrées en chemin confirment cette opinion.
Nous sommes au pays de Théodore Monod. Ceux et celles d'entre vous qui ont lu « Méharées » et « L'Emeraude des Garamantes » connaissent déjà ce décor sublime et parfois inquiétant, et ce mystère du désert, qui fait que l'homme se sent à la fois infiniment petit, et paradoxalement bien dans sa place dans l'univers. Mais là où Théodore Monod en géologue et théologien, ne sortait guère du cadre scientifique ou intellectuel, le romancier qu'est Frison-Roche s'attarde dans les détails qui donnent du piquant à l'action : la soif, la faim, la peur, les bêtes (les chameaux, mais aussi les vipères), les conflits… (e qui ne l'empêche pas, au demeurant, d'avoir de magnifiques accents quand il dépeint la beauté et la magie du désert).
Car il s'agit bien d'un roman d'aventures (à rapprocher de « L'escadron blanc » de Joseph Peyré). L'auteur maintient le suspense, grâce à une écriture alerte, qui alterne belles descriptions et scènes d'action, dans la meilleure tradition.
L'histoire se poursuit avec « La Montagne aux écritures » et « le rendez-vous d'Essendilène »

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