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3,74

sur 120 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'art de la nouvelle, c'est d'accrocher l'instant, cette parenthèse dans le temps qui en ne disant presque rien, nous en dévoile pourtant tellement.

La spécificité du Chinook, c'est de souffler à contre-climat sur le Montana, parenthèse réchauffante pendant l'hiver pour ces terres glacées et sauvages. Le temps d'un vent, l'hiver semble s'effacer et la nature dévoile un court instant ce qu'elle cachait. Avant que la neige ne recouvre inéluctablement le tout.

Je n'aime pas les nouvelles, mais l'exceptionnel conteur qu'est Pete Fromm sait mieux que quiconque faire passer le chinook sur ses compatriotes de Great Falls, gens simples, heureux malgré tout, parfois fragiles... le temps d'un vent, il ouvre une parenthèse de leur vie autour d'une question toute simple : l'amour, le pardon, le regard sur autrui, la peur du lendemain, la famille, la tolérance ou la liberté. C'est généreux sans être bêtifiant, profond sans être barbant.

Et bien entendu, il y a la nature, splendide, magnifiée par le regard amoureux posé par Fromm : un oiseau qui passe, une rivière, un cerf, la montagne, la rosée... C'est simple, c'est beau, c'est Fromm : un magicien du nature writing qui n'a pas besoin de mots à profusion pour exprimer des sentiments complexes, qui a tout compris du rythme de la nouvelle, qui sait habilement faire alterner dialogues et descriptions.

Chinook - joliment traduit par Marc Amfreville - est à lire pour qui veut découvrir une littérature profonde faite de mots justes et de grands sentiments.
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Ce recueil de nouvelles contient de nombreux situations disparates: accident de la route, infidélité conjugale, retour aux sources, pères frustrés etc. Mais au delà des contextes, il y a au fil des ces récits, des thèmes récurrents qui se dégagent. On y parle beaucoup d'espoirs déçus que ce soit quant aux aspirations professionnelles ou conjugales. À l'inverse, on y retrouve aussi la réaffirmation de la confiance en l'avenir de la famille, en projet de maternité, en l'amour parental. Les épisodes plus légers compensent les plus dramatiques ce qui allège le fardeau émotif de la lecture. Souvent les protagonistes sont tentés par l'exploration de nouveaux horizons, au propre comme au figuré; il y a de la recherche d'air frais, de grands espaces dans ces aspirations.

L'écriture de Fromm est dépouillée, sonne toujours juste dans les différents registres, évite les effets de toge tout en étant évocatrice et, d'une certaine façon, pudique. Sur le fond, l'auteur laisse le libre arbitre à ses personnages sans jamais indiquer une morale ou suggérer une voie privilégiée; au lecteur de se faire une tête. Les textes portent à réflexion, comportent une charge émotive indéniable et sont plaisants à lire. Que demander de mieux ?
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Un hasard que ce livre soit tombé dans mes mains,
Un plaisir que de l'avoir lu,
Une envie de lire d'autres ouvrages de cet écrivain.
Présenter le livre : seize nouvelles, ce n'est pas rien.
Le Montana pour espace commun et aimé, et j'ai aimé les nouvelles où le héros s'éloigne pour découvrir l'océan, la mer, les vagues, le sel..., ; la fidélité et l'amitié indestructible pour thèmes partagés ; les enfants et la famille incontournables et imaginables quand ils ne sont pas là.
Chroniquer sur seize nouvelles n'est pas un exercice facile... devrait-on écrire seize chroniques ? Il y a forcément des plus et des moins.
Mais d'abord, elles ont été réunies en un seul ouvrage et cela a un sens. La nature, celle du Montana, le vent, les montagnes, l'eau, une énergie.
Toutes les nouvelles mettent en oeuvre une énergie puisée dans la nature. Une nature pas forcément amicale, souvent hostile (les serpents) (le barrage), mais une nature qui se met en face de l'homme qui doit répondre. Aussi, en face, les personnages sont sensibles, fragiles, dépendants, questionnant, en attente
de réponse. Souvent rendus marginaux par les bourrasques de la société (encore la nature).
Ils expriment leurs souffrances, et tentent de construire, plus souvent de re-construire, vaille que vaille.
Que des personnages blessés, opprimés, perdus, malades, décalés, désocialisés, mais par rapport à quoi, à qui ?
Pete Fromm soulève la question de base : c'est quoi la norme ?

J'aime beaucoup les nouvelles. de trop nombreux romans actuels débordent, dégoulinent de centaines de pages pour nous gaver de sentiments ou d'émotions si décrits qu'ils en sont devenus insipides. La nouvelle, elle, ne pardonne pas. Elle est. Ou pas. Elle est ratée. Ou réussie. C'est plié en une vingtaine de pages.
C'est donc une écriture très exigeante, sans aucun rattrapage, qui demande une structuration, une rigueur, itrès spéciales. Pete Fromm a réussi. Car malgré le temps très court que lui donne la nouvelle, il prend le temps, il laisse le temps au lecteur.
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J'apprécie beaucoup les éditions Gallmeister, le nature writing et tout particulièrement Pete Fromm que j'ai eu la chance de rencontrer récemment dans une de mes librairies de la métropole lilloise...mais c'est dans une boite à livres de mon village lotois que j'ai trouvé Chinook: un recueil de nouvelles assez courtes. Je les ai toutes aimées à une exception près. J'y ai découvert l'existence de pluie sèche, différents aspects des EU et même du Canada (que j'aime tout particulièrement).
Captivant!
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Chinook, c'est le nom d'un village, un bled paumé de mille-cinq cent habitants (nous sommes du côté des Rocheuses, en Amérique du Nord), mais aussi celui d'un vent chaud, venu des montagnes, qui surgit parfois brusquement l'hiver, en faisant remonter les températures d'une trentaine de degrés et fondre la neige d'un coup.
Et c'est avant tout, le nom d'une tribu amérindienne qui signifierait « mangeurs de neige ».

La neige, la montagne et les villages perdus sont autant d'éléments que l'on retrouve dans les nouvelles de Pete Fromm. Des histoires reliées par un fil essentiel et primaire : la nature. de Greats Falls dans le Montana à Ocean Beach dans le New Jersey, en passant par la frontière canadienne, l'écrivain confronte ses personnages aux forêts, plaines, déserts et paysages immaculés, mais aussi à leurs contradictions, en les poussant vers ces frontières symboliques qui partagent nos existences. Pour finir par les mettre face à ce qu'ils sont capables, ou non, de faire pour les franchir.
Certains tombent comme des arbres abattus par des bûcherons, d'autres restent debout à contempler la plaine immense. Quelques-uns finissent aussi par jeter un sac avec trois affaires dans le coffre de leur pick-up, avant de filer vers l'ouest.
Chaque nouvelle apporte un regard neuf sur ce monde rude, ces personnages égarés qui décident un jour d'aller un peu plus loin, en traversant le pays ou des rivières. Et parfois, en franchissant un minuscule filet d'eau.
Chaque histoire est portée par l'amour brut que Pete Fromm a pour ses personnages. Qu'il laisse d'ailleurs libres de leurs choix, soumis au hasard et au temps…
Chaque texte se termine sur de vraies fins ouvertes, comme dans la dernière nouvelle qui conduit à l'immensité de l'océan, avec le choix du retour. Pas de chute, elles seraient en trop car l'histoire et le style suffisent à donner ce qu'il faut au lecteur.
Un beau recueil, porté une écriture sensible et rude… Car, oui, il est possible de mêler ces deux sentiments contradictoires. Les écrivains américains savent le faire et les auteurs français devraient en prendre de la graine.
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Seize nouvelles, seize tranches de vie, capturées dans l'instant, sur quelques heures, un peu plus ou un peu moins. Des personnes qui vivent essentiellement dans un monde rural, loin de l'agitation des villes. On pourrait écrire « des gens ordinaires » mais certains diraient que c'est péjoratif… Ce pourrait être notre voisin-e, ou nous…
Avec son écriture sublimant chaque mot, Pete Fromm me régale. En quelques lignes, on est au coeur de l'histoire, lieux et personnages sont déjà familiers, comme un film sous nos yeux. Et puis, avec délicatesse, on entre dans le ressenti des uns et des autres. C'est évoqué avec pudeur, quelques phrases suffisent pour être au coeur de l'âme de chacun. Que le « je » qui s'exprime soit un homme ou une femme, l'auteur transmet ce qu'il-elle ressent comme si c'était lui. Il se glisse à merveille dans leur corps, leur esprit, transmettant doutes, hésitations, petits bonheurs, grandes interrogations, peurs, avancées….
Il y a ceux qui ont perdu le bonheur, ceux qui le cherchent, ceux qui l'oublient… La présence des éléments de la nature que l'on aime au début puis qui finissent par lasser… ou étouffer ….
« Tout ce ciel, tout ce vent qui ne tombe jamais avaient quelque chose de magique. Aujourd'hui j'ai l'impression de m'y enfoncer et d'y disparaître. »
Les paysages ont beaucoup d'importance, ils sont presqu'autant « vivants » que les protagonistes.
C'est sans aucun doute le style de l'auteur qui leur donne « vie ». J'ai le sentiment que chaque mot est soigneusement choisi (d'ailleurs merci à Marc Amfreville, le traducteur) pour que la représentation du contexte soit précise, visuelle.
Pete Fromm parle du quotidien, de l'intime et tout est lumineux. On a l'impression que ça coule tout seul mais quand on l'écoute, on sait qu'il retravaille jusqu'à cent fois ses textes …. pour notre plus grand bonheur et pour un résultat tout simplement magnifique !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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J'aime Pete Fromm. Mais je n'aime pas les nouvelles.
Alors qu'allait il se passer en lisant des nouvelles écritent par Pete Fromm ?
Et bien BINGO, j'ai adoré !
C'est homme à un talent incroyable, c'est un conteur magistral.
À travers 16 nouvelles, il a réussi à m'embarquer autant que si je lisait un de ses romans.
On va y suivre 16 histoires, si ordinaires qu'elles en deviennent extra-ordinaires. Des gens comme vous et moi, des thèmes qui parlent à toutes et tous.
Et tout ça sur fond de Nature Writing, avec un Montana, si cher au coeur de l'auteur. Ses montagnes, son climat, ses habitants.
L'exercice est superbement réalisé, je n'ai pas de goût de "trop peu, trop rapide" comme cela m'arrive souvent avec ce format. Il a suffit de quelques 5 ou 6 pages pour me toucher et m'emouvoir.
Du grand Pete Fromm !
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