Citations sur Le prince des ténèbres, tome 2 : A l'article de la mort (15)
- Essaie de dire aux gens que tu t'appelles Mme Dracula et je te mordrai d'une manière que tu trouveras fort déplaisante.
Vlad attendait en bas de l’escalier. Son smoking, d'un noir strict, aurait dû lui donner une allure trop sévère, mais il avait plutôt l'air d'un ange de la mort sensuel.
Lorsque je me réveillai, Vlad avait recouvré sa réserve coutumière. Après réflexion, cela valait mieux. Rien n'avait vraiment changé, à part le fait que je savais désormais que lui aussi avait été bouleversé par notre rupture.
- Mille quatre cent trente et un.
Je clignai des yeux.
- Pardon?
- Mon année de naissance. C'est une manière subtile de te dire que je ne suis pas né de la dernière pluie.
J'étouffai un grognement. J'étais déjà démasquée.
-C'est trop bizarre, maugréa
Gretchen. Je vais avoir Dracula pour beau frère.
Sans lui prêter attention, je continuais à fusiller mon père du regard.
- Que s'est-il passé?
Maximus jeta le volant sur la banquette et retomba sur le siège du conducteur.
- Tu as commencé à saigner des yeux, des oreilles, et du nez. Ensuite, ton coeur s'est arrêté. J'ai dû te réanimer et te faire boire mon sang pour que tu reprennes conscience.
- C'est vraiment une journée pourrie, rétorquais-je d'une voix lasse.
Je venais de frôler la mort, ce qui aurait du m'emplir d'effroi, mais ce fut la seule réponse que je parvins à lui donner. L'impression incrédule de Maximus me donna envie de rire, ce qui était une réaction encore plus irrationnelle, mais qu'étais-je censée faire? Pleurer n'aurait rien arrangé, et je n'avais pas le temps de me mettre en position foetale et de trembler comme une feuille, ce qui était la seule autre solution qui m'attirait.
« Plusieurs heures plus tard, je me levai et m’enroulai dans le drap, comme s’il s’agissait d’une serviette géante. De l’autre coté du lit, Vlad poussa un grognement amusé.
- La pudeur te vient bien tard.
Ma vessie n’était pas d’humeur à papoter.
- Ce n’est pas pour toi, c’est au cas où des membres de ton personnel décideraient de faire le ménage dans le salon pendant que je me rends aux toilettes de l’autre chambre.
- J’en déduis que tu n’as pas remarqué l’ajout qui à été fait à la salle de bains ce matin.
Un ajout ? Quel ajout ?
J’entrais dans la salle de bains de marbre noir, que je n’avais pas utilisée jusque-là car je m’étais douchée par habitude dans mon ancienne chambre. Dans l’espace qui séparait l’immense baignoire et la cabine de douche en verre se trouvaient maintenant des toilettes d’un noir brillant. L’objet en lui-même était loin d’être romantique, mais il me faisait le même effet qu’un bouquet de roses.
- Vlad c’est…
- Tu es censée t’en servir, pas composer un sonnet en son honneur.
Je fermai la porte. Il pouvait se montrer aussi sarcastique qu’il le voulait, mais ce geste me touchait.
- Il est machiste ? proposa Marty.
- Exactement.
Je le regardai et vis alors l'ironie sur son visage.
- Quoi ?
- Tu es bien la seule que ça surprend, petite. Tu as épousé un psychopathe qui a survécu à la brutalité ambiante de son enfance en se montrant encore plus brutal. Si tu ajoutes à cela sa transformation en vampire et plusieurs siècles de lutte pour le pouvoir chez les morts-vivants, tu obtiens le salopard déjanté et cruel dont tu es tombée amoureuse.
« Le ton sur lequel il prononça mon nom me fit soudainement relever la tête. Les yeux de Vlad avaient repris leur teinte cuivrée. Le seul vert qu’on y voyait venait du cercle naturel de ses iris.
- Ne te cache de personne, poursuivi-t-il en dégageant à nouveau mon épaule. Seuls les imbéciles prennent les survivants et leurs cicatrices en pitié. Laisse-les dire.
Il me tendit alors la main, ses propres cicatrices passées s’entrecroisant sur sa peau comme de minuscules rayures pales.
- Viens.
J’acceptai son invitation et repoussai les émotions qui me comprimaient le cœur. Je commençais immédiatement à chanter dans ma tête pour masquer la plus dangereuse de mes pensées avant qu’elle l’atteigne.
C’est une des raisons pour lesquelles je t’aime. Tu ne cèdes devant personne.
Malheureusement, c’est aussi ce qui risquait de nous séparer.
- Crois-moi, je n'ai aucune intention de creuser ma propre tombe.
Elle m'adressa un regard si intense que je me demandai si je ne m'étais pas trompée sur son âge. Ses yeux semblaient porter le poids des siècles, alors que j'aurais juré qu'elle n'avait été transformée que récemment.
- Parfois, la tombe te trouve d'elle-même, que tu la cherches ou pas.