« Un vent léger se leva et Anna frissonna. Était - ce le bref souffle d’air frais où les mains d’Erich qui lui donnaient la chair de poule ? .
D’en haut , elle voyait les cheveux châtains de son ami , tout ébouriffés par leur bagarre .
Elle prit conscience de la délicatesse de ses doigts et de la douceur glabre du dos de ses mains .
Sa colère contre lui était retombée , et elle s’étonna de ne trouver ce contact ni désagréable ni embarrassant .
Finalement , elle dut même reconnaître qu’elle l’appréciait » …
« ——- Désormais, une bombe répondra à chaque bombe!
Quiconque nous empoissonne sera combattu pr des gaz toxiques . Quiconque refuse les règles d’une guerre humaine ne peut attendre de notre part autre chose qu’une riposte équivalente.
Les menaces d’Hitler pleuvaient comme des grêlons , Emma , pâle comme un linge , se tourna vers les enfants et déclara d’une voix faible :
——-C’est la guerre…..Les enfants, nous sommes en guerre. »
... je suis plus à mon aise derrière le dos des livres que sur celui des chevaux.
Il y a bien eu quelques personnes sensées pour le dire, seulement on ne les écoute jamais. C'est toujours comme ça. Le bon sens couplé au désir de s'améliorer, ça n'est pas donné à tout le monde. Le courage, c'est bien, pourtant quand le moment est venu de faire queue basse, il faut savoir le reconnaitre.
_Maman, il n'y a plus de club de gym. Le sport, maintenant, on le fait aux Jeunesses. Et il faut aussi que j'aille à la réunion de l'après-midi. Si on arrive en retard, on a une punition, c'est Clara qui l'a dit.
_Je suis couturière diplômée; si je puis me permettre, j'aurai pu retoucher votre robe si parfaitement que le meilleur professionnel n'y aurait vu que du feu.
- On s'enterre comme des taupes, commença-t-il, balbutiant. Des deux côtés, tu te rends compte ?
Elle savait qu'il n'attendait pas de réponse.
- En France, les troupes sont retranchées des deux côtés, poursuivit-il. Au début, c'était juste des espèces de fortifications toutes simples, mais maintenant c'est très complexe, comme des tunnels de taupes ou des terriers de lapins, sophistiqués. Une ligne ininterrompue qui va de la Manche jusqu'à la frontière suisse. On y vit par milliers. Des fosses boueuses pleines de vermine et de rats, creusées en zigzags, les unes derrière les autres, protégées par de gros rouleaux de barbelés. Il y a des tranchées de raccordement qui mènent à l'arrière, à des entrepôts et des infirmeries. Ca fait une éternité qu'on ne bouge plus d'un mètre, ni en avant ni en arrière. De temps à temps, on envoie une troupe d'assaut dans les tranchées adverses, et tous espèrent ne pas en faire partie. Presque personne n'en revient. Et une pluie de balles peut déchiqueter au hasard la tête d'un camarade dans la tranchée, à quelques centimètres de toi. Pendant les pauses, on a le temps de penser. C'est le pire. Il faudrait pouvoir arrêter complètement de penser.
- Nous n'avons rien gaspillé du tout, dit-elle. Nous avons tellement plus que deux poignées de vie.
Cela signifie qu'ils sont arrivés en Suisse sans encombre, qu'ils ont bien reçu l'argent, et qu'ils attendent leurs visas pour les Etats-Unis d'Amérique, expliqua Richard comme s'il avait appris son texte par coeur.