« Prenez les testicules d'un animal mâle (au cas où il nous viendrait l'idée d'aller chercher ceux d'une femelle !) et faites-les bouillir avec six gros champignons dans de la bière aigre jusqu'à ce qu'ils soient tendres. Coupez-les en fines rondelles, poivrez et salez, puis ajoutez quelques gouttes de vinaigre. Faites roussir sur le feu jusqu'à obtenir une consistance croustillante. » Dis-moi, papa n'a pas encore castré Gidéon, non ?
- Non. Je suis sûre qu'il sera ravi de te donner les roustons en question, si tu veux essayer cette recette.
Elle rosit et s'éclaircit la gorge.
- Hum... merci, mais nous n'en sommes pas encore là.
J'éclatai de rire et l'abandonnai à ses lectures fascinantes, tandis que je me penchais sur le courrier.
- Le Ku Klux Klan ?
Roger était moins intéressé par les bigots fanatiques que par les seins nu de sa femme, mais il fit un effort pour se concentrer sur la conversation.
- Si, si, j'en ai déjà entendu parler. Où crois-tu qu'ils ont été chercher leurs symboles ?
- Comment, tu veux dire que...
- Bien sûr, répondit-il joyeusement. Ils les tiennent des immigrants écossais, dont, d'ailleurs, ils descendent. C'est pour ça qu'ils se sont eux-mêmes appelés un «Klan ».
- C'est le cadeau que je voulais t'offrir Sassenach. Il chassera la vermine de ton infirmerie.
J'examinai mon présent d'un oeil sceptique.
- De la très petite vermine, alors. À mon avis, un gros cafard pourrait le kidnapper.
Jamie comprenait l'énervement de sa monture. Impatient d'arriver chez lui et s'efforçant d'avancer, tout ce qui entravait sa course l'irritait. Pour le moment, son principal obstacle était Claire, qui avait - maudite bonne femme ! - arrêté sa jument au beau milieu du chemin pour aller arracher des touffes de végétation sur le bas-côté.
- Mais, d'après-toi, d'où venaient les bébés au juste ?
Il leva sur moi yeux torves.
- C'est à un éleveur que tu poses cette question ? J'ai toujours très bien su d'où ils venaient. J’ignorais simplement tous ces détails bizarroïdes. Je pensais que... eh bien... que l'homme plantait sa graine dans le ventre de la femme et que... elle poussait.
Il fit un geste en direction de mon abdomen.
- Tu sais bien... comme une graine, quoi ! Comme les navets, le blé, les melons...
Je fus réveillée par le crépitement de la pluie sur la toile et par la sensation d'un baiser de Frank sur ms lèvres. Désorientée, je clignai des yeux et portai machinalement mes doigts à ma bouche. Tout en faisant cela, je m'interrogeais. Voulais-je ainsi prolonger le contact avec mon premier mari ou, au contraire, en effacer toute trace ?