Outlander, tome 6.3 : Les canons de la liberté

Désherber son jardin procure de grandes satisfactions. Bien que sans fin et douloureuse pour les reins, cette corvée s'accompagne d'une insaisissable sensation de triomphe chaque fois que l'on sent la terre céder, abandonnant la racine opiniâtre, et que l'on contemple l'ennemi vaincu dans le creux de sa main.

Il m'attrapa par l'épaule et me mit la lame sous le menton.
- ... je lui tranche la gorge ! Je jure que je le ferai !
Il était évident que Jamie cherchait à gagner du temps, donc qu'il attendait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. C'était rassurant, mais je trouvais que sa nonchalance apparente face à mon décès théoriquement imminent était un peu exagérée.
Il se gratta la joue.
- Je ne ferais pas ça à votre place. C'est elle qui sait où sont les pierres.
- Je sais quoi ? m'écriai-je indignée.
- Ah oui ? fit un des voyous revigoré.
- Absolument. La dernière fois que je suis parti avec la milice, elle les a cachées. Elle refuse de me révéler où.
- Attendez ... vous venez de nous dire que vous les aviez vendues, remarqua Donner désorienté.
- J'ai menti, répondit Jamie patiemment.
- Ah.
- Mais si vous voulez tuer ma femme, ça change tout.

- Arrête, tu me fais marcher ! J'ai déjà goûté au cacao à Edimbourg. C'est infect, amer. Sans compter qu'une petite tasse de rien du tout coûte la peau des fesses.
Elle se mit à rire.
- Là d'où je viens, on ajoute du sucre.
- Du sucre dans le chocolat ? C'est la chose la plus décadente dont j'ai entendu parler. encore pire que ton papier pour s'essuyer.

La porte s'ouvrit avec fracas, et Brianna entra, échevelée et le regard d'acier. Elle s'arrêta au pied de mon lit et, pointant l'index dans ma direction, déclara :
- Tu n'as pas le droit de mourir !
- Ah ? fis-je prise de court. Je ne savais pas que j'allais passer l'arme à gauche.
- Tu as essayé ! Je le sais !
- Mais ... Je ne l'ai pas fait exprès ...
Si je n'avais pas tenté de mourir, je ne m'étais pas vraiment non plus efforcée de rester en vie. Je dus paraître coupable car elle plissa des yeux accusateurs.
- Ne t'avise pas de recommencer !
Pivotant sur ses talons, elle repartit vers la porte, se retournant sur le seuil pour balbutier d'une voix étranglée :
- Parce que je t'aime et que je ne peux pas me passer de toi.

Depuis de longues années, j'avais compris pourquoi les malades étaient appelés des 'patients'. Coincés au fond de leurs lits, ils étaient obligés de supporter stoïquement le harcèlement et les attentions incessantes de ceux qui étaient en bonne santé.

Il me serra contre lui, me faisant sentir ses côtes, son souffle, sa chaleur et ses muscles, puis il s'écarta pour me dévisager. Il souriait depuis que je l'avais aperçu dans la barque. Sans un mot, il m'ôta mon bonnet et la lança par-dessus bord. Il enfouit ses doigts dans ma chevelure, gonflant mes boucles, puis prit ma tête entre ses mains et m'embrassa. Sa barbe de trois jours me râpait la peau comme du papier de verre. Sa bouche sentait bon la maison et la sécurité.