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Critique de boudicca


Après l'excellente « Trilogie de la lune » de Johan Héliot, j'ai décidé de poursuivre ma découverte du « steampunk à la française » avec Mathieu Gaborit qui nous dépeint dans « Bohème » une Europe du XIXe siècle uchronique. Imaginez que la révolution industrielle ait été considérablement freinée par l'apparition sur tout le territoire d'une mystérieuse substance toxique baptisée écryme. Imaginez maintenant que seules quelques cités n'aient pas été englouties et soient reliées les unes avec les autres par un fragile réseau ferroviaire et aérien. Imaginez enfin que la stabilité de ces îlots soient remis en question par l'essor d'un mouvement révolutionnaire bien décidé à renverser les régimes autoritaires en place. Avouez que le décor a de quoi titiller la curiosité ! Ne manque plus à l'ensemble qu'un protagoniste suffisamment charismatique et bien campé pour s'intégrer dans un cadre tel que celui-ci. Ce personnage, c'est Louise Kechelev, avocate duelliste au caractère affirmé a qui on confie la périlleuse mission de récupérer la cargaison d'un dirigeable appartenant à sa famille et s'étant échoué dans l'écryme. La besogne n'est évidemment pas si simple, notre héroïne ne tardant pas à se retrouver entraînée dans un conflit beaucoup plus vaste opposant les révolutionnaires à la Propagande et qui lui permettra d'enfin percer les mystères de l'écryme.

Vous l'aurez sûrement déjà compris, Mathieu Gaborit ne manque pas de bonnes idées et nous dépeint ici un monde post-apo teinté de steampunk d'une richesse extraordinaire (univers qui sera d'ailleurs repris et développé dans le jeu de rôle « Ecryme »). Là où le bât blesse, c'est au niveau de l'intrigue qui se révèle bien trop décousue et qui aurait sans doute méritée d'être davantage étoffée. La première partie, « Les Rives d'Antipolie », relatant l'enquête de Louise du côté de l'Europe de l'Est se tient plutôt bien : l'auteur pose les bases de son intrigue tout en s'attardant sur certaines spécificités de son univers sans pour autant que cela nuise à la narration. La seconde partie, « Révolutsya », est plus problématique car si l'idée qui y est développée est véritablement passionnante, l'intrigue part en revanche dans tout les sens, comme si l'auteur s'était rendu compte un peu tardivement qu'il allait falloir rassembler tous les fils avant de conclure pour que le récit garde une certaine cohérence. C'est dommage, car encore une fois la plupart des concepts développés ici ne manquent pas d'originalité, de même que certaines des thématiques qui sont abordées avec beaucoup de finesse. La plume de l'auteur est quant à elle toujours aussi plaisante et soignée, donnant lieu à des passages mémorables desquels se dégagent une grande poésie.

En dépit d'une narration trop confuse et d'une conclusion peu satisfaisante, « Bohème » dispose de suffisamment d'atouts pour séduire le lecteur, qu'il soit amateur de steampunk ou non. Un roman qui mérite le détour, aussi bien pour la qualité de la plume de l'auteur que pour la singularité de son univers.
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